Eddy Okba - Pixar
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Retour sur Buzz L’Eclair avec Eddy Okba, animateur chez Pixar

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En janvier dernier, nous avions interviewé l’animateur 3D Eddy Okba sur son parcours, de sa formation aux studios Illumination Mac Guff, Sony Pictures Imageworks ou encore Animal Logic.
A l’époque, il ne pouvait pas encore nous parler de son travail chez Pixar sur Buzz L’Eclair, puisque le film n’était pas encore visible en salles. Le long-métrage animé étant sorti cet été, il a pu nous en dire plus.

Au programme : une pose mythique, des protections de hockey, le logiciel d’animation Presto ou encore l’intégration au sein du studio en tant que nouvelle recrue et l’organisation de l’équipe d’animation du studio !

3DVF : Bonjour Eddy, et ravis de te retrouver suite à notre dernière interview ! Tu as travaillé en tant qu’animateur sur le dernier film Pixar, Buzz l’Éclair. Quels personnages as-tu animés ?

Eddy Okba : Bonjour, j’ai eu la chance de travailler sur Buzz l’Éclair et j’ai animé Buzz et son équipage.

Croquis – Crédit : Disney-Pixar

3DVF : Tu as notamment animé une scène dans laquelle Buzz enregistre un de ses fameux rapports de mission. Autrement dit, une des caractéristiques mémorables de Buzz en tant que jouet. Comment as-tu abordé cette animation, dans ce film où Buzz est désormais un vrai humain ?

J’ai revu les films Toy Story et étudié comment Buzz était animé sur ces séquences. Je n’utilise habituellement pas souvent de référence vidéo mais ici j’ai enfilé mes protections de hockey pour en faire un costume improvisé de ranger de l’espace et j’ai essayé d’obtenir la bonne gestuelle, avec toute la subtilité de la voix du comédien qui interprète Buzz (Chris Evans). La difficulté était d’imiter Buzz en tant que jouet sans sombrer dans la caricature. L’équipe animation m’a aidé à trouver la limite en m’indiquant quand je poussais trop l’animation ou quand ce n’était pas assez spécifique à Buzz. Revisiter cet élément iconique de Buzz a été très amusant et signifiant.

Eddy Okba – Crédit : Disney-Pixar

3DVF : Quelques mots également sur ton travail sur le reste de l’équipe ?

Dans ce plan, l’équipe est en arrière-plan et essaie d’ouvrir une porte. C’était de l’animation de type pantomime, sans dialogue, avec uniquement des actions physiques claires qui définissent leur attitude. Ils sont dos à la caméra donc on ne voit pas non plus leurs expressions. Le défi était de les faire s’exprimer en quelques poses. Avec Buzz au premier plan, je devais m’assurer que le public regarderait l’équipe ou Buzz au bon moment. C’était un peu comme mettre en scène une pièce de théâtre.

3DVF : L’outil d’animation utilisé chez Pixar est un logiciel maison appelé Presto. En tant que nouvelle recrue, est-ce qu’il a été facile de s’y faire, après avoir travaillé sur d’autres outils dans des studios comme Illumination, Sony, Animal Logic ? Peux-tu nous en dire plus sur ton expérience avec Presto ?

J’utilise Autodesk Maya depuis 15 ans, et il m’a fallu du temps pour m’habituer à Presto mais c’est un outil très intuitif, taillé pour l’animation. J’avais vu des démos en ligne par le passé, et maintenant j’ai la chance d’en explorer les fonctionnalités. Presto est très puissant, stable et personnalisable. Il y a autant de manières de l’utiliser que d’animateurs et animatrices. Je travaille encore à optimiser la disposition des outils et ma manière de travailler sous Presto en posant des questions à mes collègues et en échangeant avec l’équipe.

Une des rares présentations publiques de Presto, il y a déjà 8 ans.

3DVF : Durant toute la production, tu travaillais à distance, en remote. Comment et à quelle fréquence étais-tu en contact avec le reste du département animation ? Etait-ce difficile de travailler dans de telles conditions ?

Ca n’a pas été très difficile, car la plupart des studios sont en remote depuis deux ans. On a donc pris l’habitude de travailler de chez soi avec des applications de chat et de visioconférence. Pixar et le département animation ont fait de leur mieux pour que la production et la communication soient simples et sans faille. Une personne embauchée récemment a un mentor qui vous accueille et vous parle au quotidien. Evidemment, tout le département est amical vous aide à vous faire une place dans l’équipe. C’est très simple de lancer un conf call et d’échanger avec d’autres personnes. Ils ont aussi créé des « salles de pause café », des espaces d’échanges et de nombreuses réunions d’équipes informelles dans les plannings afin que les gens puissent socialiser de façon décontractée. Durant la production, les reviews (revues de projet) étaient quotidiennes et la communication avec l’équipe de supervision et production se faisait facilement et fréquemment.

Eddy Okba – Crédit : Disney-Pixar

3DVF : Est-ce que toute l’équipe travaillait en distanciel ? Comment le département animation était-il organisé, et était-ce très différent de ton expérience dans d’autres studios?

Je pense que la plupart des gens de l’équipe étaient en distanciel ou hybride. Habituellement un département animation est composé du superviseur d’animation et chaque équipe du département est géré par un lead qui la dirige. Un animateur fait donc partie d’une équipe avec un lead attitré pour l’ensemble du film.
Certains studios ont des Sequence Leads, il n’y a pas d’équipes mais chaque animateur se voit assigné à une séquence gérée par un lead. Un animateur va alors sauter de séquence en séquence, et donc de lead en lead.
Chez Pixar, il n’y a pas d’équipe ou de Sequence Lead. Un animateur a donc beaucoup d’indépendance et s’approprie ses plans. Il y a des leads, et même des drawover leads, qui sont là pour assister et aider les artistes mais qui ne sont pas en charge d’une personne ou d’une séquence spécifique.
Cela donne aux artistes la liberté d’exprimer leurs idées et de parler directement au réalisateur.

Eddy Okba – Crédit : Disney-Pixar

3DVF : Peux-tu nous parler un peu de tes interactions avec les autres départements du studio, comme les équipes rigging, character FX ou lighting ?

Le rig était déjà finalisé quand j’ai rejoint le projet, et mes plans n’ont pas nécessité d’effets. En revanche j’ai échangé avec le département lighting car certaines lumières s’allument dans une de mes scènes. L’artiste en charge du lighting m’a demandé de lui indiquer à quel moment les allumer. J’aime assez ces interactions directes avec d’autres artistes qui permettent de collaborer sur un même plan. Au final on a animé les lumières avec les tubes néon qui clignotent d’abord avant de s’allumer totalement, un peu à la manière du début d’Alien.

3DVF : De quoi est-tu le plus fier sur ce projet, et pourquoi ?

Etre un garçon de 8 ans qui regarde Toy Story au cinéma, et désormais pouvoir animer un des personnages chers à mon enfance est un rêve devenu réalité. Buzz L’Eclair est une vraie lettre d’amour aux films de science-fiction, et je pense être très chanceux d’avoir pu faire partie de cette aventure spatiale.

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