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Ci-dessus: The Marvels – © MARVEL
Durant SIGGRAPH Asia 2023, en fin d’année dernière, nous avons pu interviewer Sabine Laimer (Sequence VFX Supervisor chez Wētā FX). Elle a bien voulu de nous parler de son travail sur The Marvels, de son travail au quotidien et de son parcours.
3DVF : Bonjour Sabine ! À SIGGRAPH Asia 2023, vous avez donné une conférence sur le travail réalisé par Wētā sur The Marvels. Quelles séquences avez-vous gérées ?
Sabine Laimer – Wētā FX : J’étais sur le projet depuis tout début, depuis la phase de préproduction. C’était vraiment intéressant pour moi, parce que normalement le compositing est en quelque sorte la fin de la chaîne, vous terminez les plans mais vous n’avez pas tant à faire avec la création des assets.
Pendant que Sean Walker (Superviseur des Effets Visuels chez Wētā FX) était sur le plateau, je gérais le travail quotidien au studio à Wellington.
Plus tard, nous nous sommes divisés en deux équipes, et j’ai pris en charge les séquences se déroulant sur la planète Aladna, qui étaient un peu plus axées sur le 2D et correspondaient à mes compétences. J’ai également travaillé sur une autre séquence lorsque les Marvels s’écrasent sur une planète couverte de prairies. Nous avons dû faire beaucoup d’extensions de décor et créer cet environnement morne et herbeux.
Sean, lui, s’est occupé de la bataille de destroyer dans la séquence finale, qui était plus techniquement exigeante.
Mais nous avons quand même travaillé étroitement ensemble, et j’ai été impliquée dans les deux parties. Nous travaillons toujours ensemble, nous faisons nos réunions et nos revues ensemble.
3DVF : Vous travaillez chez Wētā FX en tant que Sequence VFX Supervisor. Pouvez-vous nous parler de votre travail au quotidien ?
Je fais essentiellement le même travail qu’un VFX Supervisor classique. Je fais les dailies le matin, je passe dans les équipes l’après-midi. Je dirige créativement toutes sortes de départements impliqués dans le projet. Et quand vient le moment d’envoyer le soir, je prépare les listes de plans que nous voulons envoyer au client, en collaboration avec le superviseur des effets visuels global. Nous décidons ce qui est peut être envoyé, ce qui n’est pas encore prêt.
Lorsqu’il s’agit d’appels clients, j’ai aussi l’occasion de présenter mes propres séquences, le travail de mes équipes au représentant du client, qui est toujours le superviseur des effets visuels global du projet.
Cela signifie que je reçois les directives du superviseur, mais j’ai quand même la liberté de diriger mes propres équipes de manière créative.
3DVF : Pouvez-vous nous expliquer les avantages, pour un studio, d’embaucher des Sequence VFX Supervisors ? Car c’est un poste que l’on ne trouve pas dans chaque studio.
Certains studios utilisent le nom d’Associate VFX SUpervisor pour le même travail. C’est en quelque sorte la version junior d’un superviseur des effets visuels.
J’ai un parcours axé sur le compositing, et j’ai été compositing supervisor. Quand je suis passée à la supervision globale des effets visuels, il y avait beaucoup de disciplines dans lesquelles je n’étais pas experte. Il y avait beaucoup à apprendre, venant du côté 2D, et c’était vraiment une courbe d’apprentissage abrupte pour moi.
Devenir Sequence Supervisor vous permet d’avoir une étape intermédiaire entre le superviseur de département et le superviseur global des effets visuels, une période de formation où vous pouvez apprendre tout en ayant encore le soutien de quelqu’un de plus expérimenté, qui peut vous orienter dans la bonne direction si nécessaire.
3DVF : Vous avez récemment travaillé sur le court métrage WOACA en tant que VFX Supervisor : en quoi ce nouveau travail diffère-t-il de Sequence Supervisor ? Quels sont les avantages et les inconvénients de chaque poste ?
Je ne peux pas vraiment parler du projet lui-même pour le moment, mais tout en travaillant sur The Marvels, j’ai fait un petit projet parallèle en tant que VFX Supervisor. C’était un petit projet indépendant, un court métrage réalisé par Mackenzie Davis, qui est connue comme actrice (The Martian, Blade Runner 2049, Terminator : Dark Fate). Elle a écrit et réalisé ce court métrage.
La principale différence entre ce projet et The Marvels est que j’étais mon propre patron. Mackenzie Davis, la réalisatrice, était très nouvelle dans le processus des effets visuels donc j’ai dû construire une relation avec elle, et elle m’a fait confiance pour prendre des décisions pour elle.
Être capable de travailler aussi étroitement avec le client était vraiment intéressant, c’était une chose vraiment cool à pouvoir faire.
3DVF : Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je suis originaire d’Autriche. Je n’ai pas eu d’éducation spéciale, juste un lycée généraliste. J’ai toujours été intéressée par la photographie et le tournage, très tôt j’ai commencé à filmer beaucoup de petites vidéos des groupes punk de mes amis, leurs concerts, je jouais avec les effets lors du tournage.
À ce stade, je ne pensais pas que cela pourrait être une carrière, parce que je ne savais tout simplement pas qu’il y avait des emplois dans l’industrie des effets visuels, je connaissais seulement la réalisation, le montage, le travail de caméra.
Je voulais étudier quelque chose lié aux médias. J’ai fait un stage chez ARRI à Munich, et ils avaient un petit département d’effets visuels, peut-être 10 personnes ou ainsi. Ils m’ont donné des tutoriels DVD pour Shake [Note de l’éditeur : Shake était un outil de compositing utilisé dans l’industrie des effets visuels, avec une interface nodale qui a inspiré plusieurs autres outils. Il a été abandonné par Apple en 2009.]. J’ai réalisé que c’était ce qui m’intéressait, comme Photoshop mais pour les images en mouvement, et utilisé dans les films. Je suis tombée amoureuse du processus de compositing, j’ai fait un master à l’Université de Bournemouth au Royaume-Uni qui se spécialisait un peu plus dans les effets visuels, et puis j’ai eu mon premier emploi en tant que compositrice chez Scanline VFX à Munich.
J’ai commencé à voyager, j’ai rencontré mon mari (également compositeur !). Nous voulions travailler dans diverses entreprises, pour travailler sur des films cool. Et nous avons fini en Nouvelle-Zélande !
3DVF : Quelles sont vos impressions sur SIGGRAPH Asia 2023 ? Des projets marquants à évoquer, peut-être ?
Pour être honnête, c’était ma première fois à SIGGRAPH, je n’ai pas fait celui aux États-Unis. SIGGRAPH Asia 2023 était vraiment agréable, pas trop bondé pour moi !
J’avais un emploi du temps chargé avec la job fair et les réunions, ce qui signifie que je n’ai pas pu assister à beaucoup de conférences.
Ce qui m’a le plus inspiré, c’était de voir tous les jeunes, les bénévoles étudiants venant me parler avec tant de feu et d’enthousiasme et de volonté de démarrer dans l’industrie. C’était un bon rappel que nous faisons réellement des choses vraiment cool et funky ! Je travaille dans l’industrie depuis 20 ans, et on oublie parfois que c’est encore très enthousiasmant pour les gens de l’extérieur. Cela m’a donné beaucoup d’élan pour m’améliorer et faire un meilleur travail.
Pour en savoir plus
- Wētā FX sur 3DVF, le site officiel de Wētā FX.
