Cet article est également disponible en: English
Spécialiste du rig, Nims Bun nous avait accordé l’an passé une interview sur son travail : il a travaillé chez Sony Pictures ImageWorks, Method Studios, Pixomondo sur des projets comme Midway, Les Nouveaux Mutants. Dans le même article il évoquait aussi son système de rigging nodal sous Maya, Baguette.
Nous avons profité du Festival d’Annecy pour savoir où en sont ses projets, mais aussi pour avoir son ressenti sur le festival puisqu’il n’y avait pas assisté depuis… 10 ans !
3DVF : Pour commencer, suite à notre interview et notre article sur le lancement gratuit de Baguette, ainsi que celui de 80 Level, tu as apparemment eu de bons retours.
Nims Bun : J’ai été surpris, je ne m’attendais pas à un tel succès depuis la sortie de Baguette en open source il y a quelques mois. J’ai eu des retours à Annecy, Baguette est beaucoup utilisé dans les écoles, et des professionnels sont aussi revenus vers moi.
C’est vraiment super ! Je voyais évidemment le nombre de téléchargement, mais au départ j’avais peu de retours, juste quelques personnes qui me mentionnaient sur les réseaux. Et j’ai donc désormais de super retours, ça fait vraiment plaisir de voir le produit utilisé, de savoir quels projets l’utilisent, et de pouvoir améliorer Baguette.
3DVF : En termes de développement, où en est Baguette ?
Depuis la sortie j’ai été très pris par un déménagement et un changement de travail, donc le développement n’a pas trop avancé, mais je sais que j’ai beaucoup à faire : documentation et tutoriels en particulier.
Suite au Festival d’Annecy je vais préparer des assets (bipède, quadrupède…) et les rigger, les mettre à disposition avec explications, comme ça tout le monde pourra voir ce comment j’ai fait. La documentation sera disponible en anglais mais aussi en français.
3DVF : Très bonne nouvelle pour les francophones, donc ! Autre actualité, tu es actuellement chez Framestore. Est-ce que tu peux en dire quelques mots ?
Je suis superviseur rigging chez Framestore Los Angeles. On travaille beaucoup sur de la publicité.
Récemment, j’ai créé des modules qui se rapprochent d’un style cartoon, et on travaille davantage sur des personnages de qualité cinéma, même si on n’a pas encore de projet de ce type chez Framestore. En effet, Framestore est surtout connu pour des projets réalistes, par exemple pour Marvel. On n’a jamais eu l’occasion de travailler sur de gros projets plus cartoon.
Et c’est tout ce que je peux dire pour le moment !
3DVF : L’IA fait beaucoup parler d’elle en ce moment, y compris au Festival d’Annecy et concernant le rigging. Est-ce que tu as des craintes face à ces évolutions ?
Non, ça ne me fait pas peur, je trouve ça génial ! Ce sont des outils qui vont nous aider. Je n’ai pas hésité à utiliser ChatGPT pour générer du code, explorer des idées. Alors oui, les 3/4 ou la moitié du temps, le code est mauvais ou ne fonctionne pas. Mais ça me donne les bons templates pour démarrer.
C’est donc très positif dans mon métier, en revanche je n’ai pas trop d’avis pour les autres spécialités : je n’ai pas utilisé Stable Diffusion par exemple pour voir ce que ça vallait.
Pour le moment, l’IA me semble être une bonne chose à mon niveau. Je comprends que ça puisse faire peur aux artistes qui ont peur de perdre leur métier, mais pour les riggers, développeurs, c’est un gros plus.
3DVF : Tu n’étais pas venu depuis 10 ans au Festival d’Annecy, et il a beaucoup changé entre temps. Quel est ton ressenti ?
Déjà, revenir sur le Festival d’Annecy, c’est génial. Quand on est au Festival d’Annecy, on revoit des amis, collègues, des gens qui étaient à l’école avec nous.
Enormément de choses ont changé. Déjà, l’affluence ! C’est énorme, il y a du monde partout.
3DVF : Effectivement, le Festival a plus que doublé, le MIFA a quasiment triplé…
Oui, le Festival d’Annecy en 2013 c’était environ 7000 personnes, cette année en 2023 ce sont près de 16 000 personnes qui sont présentes ! Wow !
Quand on va le soir au Café des Arts (pour ceux qui ne connaissent pas, c’est l’endroit où on va prendre des pots le soir après une journée de Festival), on voit que le Café ne peut plus contenir les gens, ça continue dans les rues, sur le pont.
Autre changement majeur, le fonctionnement. A l’époque en 2013 il y avait des tickets papier pour les séances, on pouvait se les échanger… Et ça n’existe plus, apparemment depuis longtemps !
J’adorais ce système, c’était sympa de pouvoir donner des séances à des amis.
3DVF : Et en même temps, on comprend pourquoi le système a disparu : il n’était plus viable avec une telle affluence.
Clairement, il faut structurer les choses. Maintenant il y a donc des QR codes. C’est pas mal, ça fonctionne bien.
Une chose qui me manque : les vélos. Avant, entre les deux sites principaux du Festival, Bonlieu et le MIFA, on pouvait donner son pass, emprunter un vélo. J’aimais bien, mais il n’y a plus. En revanche il y a des navettes.
3DVF : As-tu pu faire quelques conférences, projections ?
Je sors tout juste de la présentation de Disney ! Avec une présentation du film Wish qui sortira en fin d’année, par Jennifer Lee (qui est productrice déléguée et scénariste du film).
Nous avons aussi vu un court-métrage créé pour les 100 ans de Disney, avec de nombreux personnages du studio ! Grosse séquence émotion, un travail impressionnant, beaucoup d’interactions entre les personnages…
3DVF : Ce court a aussi été diffusé lors de la soirée d’ouverture du Festival. Nous avons notamment apprécié que Disney mette en scène des personnages de toute son histoire, pas seulement les gros succès : par exemple, on y retrouve La Planète au trésor : Un nouvel univers de 2002, qui n’avait pas su trouver son public.
Oui, il y a tous les personnages, les anciens, les nouveaux…. J’ai aussi pu assister à la masterclass d’Eric Goldberg, grand nom des studios Disney (en tant qu’animateur, directeur de l’animation, coréalisateur…). Là encore ça m’a beaucoup marqué !
3DVF : Merci Nims, et rappelons pour finir que le système de rig pour Maya de Nims Bun, Baguette, est disponible gratuitement !