Six mois après la fin de leur court-métrage de fin d’études et l’obtention de leur diplôme, nous avons eu l‘occasion de passer un moment en compagnie des trois réalisateurs du film CrossRoad, réalisé dans le cadre de leur cursus à l’ESMA Montpellier. On retrouve ici une interprétation très personnelle de l’un des plus célèbres mythes de l’histoire de la musique blues, le défunt Robert Johnson qui prétendait avoir vendu son âme au diable en échange de son talent…
Nous vous proposons de plonger dans l’histoire de la production de ce court-métrage, en compagnie de l’un de ses réalisateurs, Benoit Rimet.
Avant de lire la suite, visionnez le film disponible depuis peu dans son intégralité sur la toile.
3DVF – Pouvez-vous vous présenter et nous parler de vos spécialités respectives en général et tout particulièrement sur Crossroad ?
Benoit Rimet : Nous sommes quatre étudiants à avoir réalisé Cross Road. Il y a Olivier Gros plus connu sous le nom de Zitoon pour les intimes, qui sur le court a travaillé essentiellement sur l’animation, la modélisation et le montage. Il a aussi eu la lourde de charge de s’occuper du planning, et sans lui nous n’aurions pas fini le film dans les temps avec une si bonne qualité. Aujourd’hui, il souhaite travailler plus particulièrement dans l’animation. Ensuite nous avons Charles Emmanuel Farkas, qui s’est principalement occupé du Character Design, de l’ensemble du rendu et du compositing. Carlito souhaite travailler dans le rendu et le traitement de l’image, et à long terme travailler en pré-production. Le troisième de mes compères n’est autre que Scott Bono alias Scottinouchet, qui a travaillé notamment sur l’animation, le modeling, et le rigging facial de nos personnages. Il souhaiterait également travailler dans l’animation. Et enfin, moi, Benoit Rimet. J’ai travaillé surtout sur les Fx du film, le rigging, et les rendus. Par la suite, je souhaite me spécialiser dans les Fx 3D.
3DVF – Comment est né le concept du film ?
Benoit Rimet : Le concept du film est né en partie durant la deuxième année. Chaque étudiant écrit un synopsis sur un sujet tout à fait personnel et arbitraire. Les synopsis passent en jury et une partie est sélectionnée afin que chaque synopsis gardé soit travaillé en groupe. C’est là que notre équipe s’est formée. Nous avons travaillé sur le synopsis initial de Charles qui parlait du Diable et d’un Bluesman. Le thème était donc déjà là. Quant au reste, on l’a travaillé pendant un an ensemble : nous avons approfondi la structure, retravaillé l’histoire en passant par des versions totalement déjantées. Tout au long du projet, nous avions deux idées en tête : nous éclater dans la réalisation tout en revisitant le thème initial de manière plausible. Nous étions tous fans des mises en scènes à la Disney avec de la musique, des couleurs, des personnages qui chantent… Nous avions même écrit des paroles que Tommy puisse chanter durant la séquence musicale, mais d’un point de vue scénaristique cela ne collait pas. Rapidement, on a structuré notre discours autour de la séquence musicale qui nous garantissait de l’amusement tant pour l’animation, les fx ou du point de vue du spectateur.
3DVF : Quelles ont été les principales influences et références dans l’écriture et la conception ?
Benoit Rimet : Les principales influences ont été comme je l’ai dit plus haut, Disney, plus particulièrement Aladdin et la séquence du génie dans la caverne pour la séquence musicale. Pour toutes les ambiances assez sombres et les actings du Diable, nous nous sommes inspirés de personnages comme Al Pacino dans l’associé du Diable, Robert Deniro dans Angle Heart, Ratigan dans Basil Détective Privé, et Jafar dans Aladdin. Nous avons d’ailleurs eu la chance de travailler avec Feodor Atkine qui n’est autre que la voix de Jafar en français, et qui a énormément apporté au personnage du Diable. Pour Tommy, et son environnement aisé, nous avons beaucoup observé le film Ray, Al pacino dans Scarface, ou encore James Brown pour ne citer qu’eux. Nous avons également eu le privilège de travailler avec le comédien Thierry Desroses (voix officielle de Samuel L.Jackson) pour le personnage de Tommy.
3DVF – Parlez-nous du character design et de vos influences ?
Benoit Rimet : Le design des personnages a été créé essentiellement par Charles et Scott qui ont vraiment fait un super boulot qui je pense à beaucoup joué sur l’impact et la crédibilité du film avec des personnages charismatiques. Charles a travaillé les formes et les courbes des personnages au niveau des visages, mais aussi des corps. Scott s’est penché sur la cohérence colorimétrique des éléments et la création 2D des décors. On a déterminé quelles couleurs et matériaux auraient les vêtements, la couleur de peau, ajoutait de petits détails aux costumes… L’un comme l’autre ont fait vraiment un très bon travail, solide pour la suite. Ils nous ont fait de nombreuses propositions qui ont permis au groupe de s’arrêter sur quelque chose d’abouti. Les character designs ont été travaillés durant près de quatre mois avant de passer à la modélisation définitive. Pour l’ensemble du style graphique, on s’est beaucoup inspiré de la princesse et la grenouille, mais surtout, étant donné que chacun avait une vision différente du film, nous avons individuellement présenté plusieurs images qui nous parlaient graphiquement. À partir de là, nous savions ce que chacun attendait, et ensemble, nous avons fait une sélection dans ces images pour que tout le monde avance dans la même direction.
3DVF – Est-ce une impression où le plan du tableau à 1m30 est un clin d’œil à Ghostbuster 2?
Benoit Rimet : Malheureusement ce n’est qu’une impression et maintenant que vous le dites, je trouve ça plutôt amusant et je regrette même que ce ne soit pas le cas, mais je pense que si le plan du tableau doit être un clin d’oeil, ce serait plutôt un clin d’oeil au tableau du personnage Ego dans ratatouille.