Interview de Benoit Rimet – Court-métrage CROSSROAD – Esma Montpellier


3DVF – Les scènes en 3D avec des musiciens qui jouent ont tendance à rester très rigides; dans Crossroad la magie fonctionne plutôt bien. Parlez-nous de l’animation, de la mise en place des rig et de votre processus de travail là-dessus?

Benoit Rimet :  Votre remarque sur la rigidité des scènes avec les musiciens est intéressante et vous n’avez pas tout à fait tort. Je pense que par manque de temps et surtout par manque d’expérience nous n’avons peut-être pas assez joué avec la camera et le cadre pour partir vers des effets plus relâchés et voir même vertigineux. Après, pour évoquer des choses plus techniques, les animations des musiciens sont simplement des boucles, ce qui peut sembler rigide, mais en l’occurrence, c’est vraiment pour obtenir un gain de temps que ce choix a été fait, car dans la dernière séquence on voit bien que l’animation de Samael (le Diable) à la guitare est beaucoup plus personnelle.



Benoit Rimet : Pour revenir à votre question, cette séquence musicale a vraiment été compliquée à mettre en oeuvre et nous avons eu peur jusqu’au bout. En termes d’organisation, c’était assez compliqué, car nous avions un prédécoupage de la séquence, mais pour l’affiner, nous dépendions de la musique. Monsieur Kajdan, que je remercie encore pour sa musique exceptionnelle, nous a fourni la musique définitive de cette séquence, 3 mois avant la fin du projet, pas par fainéantise, mais parce qu’il travaillait sur la musique d’autres séquences. Du coup ça a été un peu la course pour le découpage de cette séquence.

 

D’un point de vue technique et scénaristique, cette séquence a été abordée comme une démonstration de pouvoir et un spectacle. Nous voulions des couleurs, des actions concises, mais explicites. : nous voulions surprendre le spectateur comme on surprend Tommy. C’est pour cela qu’il n’y a pas de décor et pas de suite logique en terme d’action (à prendre avec pincettes) entre les plans pour que le spectateur ne puisse se raccrocher à rien sinon au Diable, et se laisser porter par sa magie. On voulait vraiment qu’il y ai une perte de repères.



Benoit Rimet : Côté rig, nous avions beaucoup de personnages avec des morphologies assez identiques et simplement quelques variations vestimentaires. J’ai donc rapidement mis en place un script d’autorig qui permettait de modifier rapidement un personnage sans peur de perdre trop de temps. Si vous souhaitez en voir plus sur la fonctionnalité du rig voici un lien vers une vidéo de démonstration :

 

 


3DVF – Quelles astuces avez-vous utilisé pour l’animation des doigts sur le manche de la guitare, notamment sur le plan de fin ?


Benoit Rimet : La seule astuce que l’on a trouvée pour ça, c’est d’avoir un rig de main qui nous permette de passer de IK en FK autrement dit soit pouvoir contrôler les doigts articulation par articulation, soit contrôler l’ensemble des articulations d’un doigt en bougeant l’extrémité du doigt en question. Par contre, toute l’animation est manuelle et a nécessité des références, comme chaque animation d’ailleurs. Pas une seule n’a été faite sans, et la plupart du temps, nous étions les « comédiens » référents. C’est formateur au niveau de l’acting, permet à l’animateur de mieux comprendre ce qu’il fait par la suite, et ça aide aussi à passe de bons moments de rigolade entre potes.



3DVF – Côté fx et particules, avec quels outils avez-vous généré les effets de flammes, de cendre et de fumé, notamment pour le plan où la guitare se décompose ?


Benoit Rimet : L’essentiel pour ne pas dire la totalité des Fx a été réalisé dans Maya. Les flammes ainsi que les fumées et les particules sont faites avec les solvers de Maya. Certains effets sont réalisés dans fusion en compositing, notamment les particules de braises et les fumées de disparition du Diable. Le plan guitare à la fin a été un vrai casse-tête : on a essayé de nombreuses solutions pour détruire la guitare. Certaines étaient intéressantes, mais trop compliquées à mettre en place, soit parce que la puissance des machines ne le permettait pas, soit parce que les plug-ins étaient trop chers. On a fini par utiliser le plug-in Ruin dans Maya. Ce plan était la crainte de tout le monde, à commencer par moi, qui ne savais pas du tout comment aborder le sujet, et pour les autres aussi, car étant le dernier plan fort du film, il devait marquer le spectateur et rendre notre discours crédible. Je crois même que c’est le dernier plan que l’on a fait et que l’on a terminé en nuit blanche avant la ligne d’arrivée…

 

Vous pourrez trouver un making of de cet Fx et de l’ensemble des FXs du film dans la vidéo suivante :

 

 



3DVF – Même question concernant le rendu et le compositing?


Benoit Rimet : Pour le rendu, nous avons utilisé mental ray et les systèmes de calque de rendu de Maya pour sortir différentes passes. Quand cela fonctionnait, sinon on avait droit à un fichier Maya par passe et par objet, ce qui est le cas pour chaque plan, avec un Herzat dans la séquence musicale. Le compositing était ensuite fait sous Fusion ou nous avions des scènes de précompositing pour chaque séquence que l’on ajustait plan par plan. On compositait essentiellement le Z pour la profondeur de champ, les spéculaires, l’ambiante, les ombres, l’occlusion, un contour cartoon, et on utilisait des masques pour chaque objet ou personnage afin de corriger ce que l’on voulait (couleur, floue, contrastes,….). Visionnez la démo de Charles qui vous présentera tout ceci en images.



3DVF – Avec plus de temps, auriez-vous aimé améliorer certains points, ajouter des plans, ou autre… ?


Benoit Rimet : Avec du temps supplémentaire, nous aurions aimé faire une séquence musicale beaucoup plus longue, avec plus de Fx (il y en avait le double à l’origine), et prendre le temps de raconter certains moments clés, ou même rajouter des détails plus personnels, des clins d’œil… À l’origine le script faisait 3 pages de plus, donc environ 2 à 3 minutes de plus pour le film. Nous aurions aussi voulu passer plus de temps sur chaque poste de la réalisation afin d’améliorer les moindres détails, les petits bugs d’animation, de rendu, et tellement de choses qui nous sautent aux yeux… Tout est perfectible, du coup même avec du temps en plus, nous serions sans doute encore insatisfaits.



3DVF – Ou en êtes-vous respectivement 6 mois après la fin de ce projet ?


Benoit Rimet : Olivier et Scott cherchent, comme je l’ai dit plus haut, du travail en animation. Le secteur étant bouché dans ce domaine, ils étoffent actuellement leur demoreel afin de se présenter avec plus d’éléments et de projets personnels aux entretiens. Mais je ne m’inquiète pas pour eux, ils ont tous deux très bien bossé sur le film et ont su donner une vraie personnalité à nos personnages, d’autant plus que leurs projets perso sont vraiment cool. Je vous laisse juger par vous-même : voici la démo de Scott et celle d’Olivier . Charles travaille actuellement chez le studio Delapost à Paris depuis le mois de novembre en tant qu’infographiste généraliste. Quant à moi, j’ai eu la chance de trouver du travail à The Mill Londres quatre jours après la projection de fin d’année. J’y ai fait des Fx de septembre à fin novembre et depuis fin novembre je travaille à MPC Londres sur de la simulation de vêtements.



3DVF – Merci pour ces détails concernant la conception de Crossroad ; bonne chance dans votre parcours, on espère vous retrouver très bientôt pour de nouvelles aventures créatives !


https://www.crossroad-lefilm.com

https://facebook.com/CrossRoadMovie

https://www.esma-montpellier.com


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