Nicolas Weis, retour sur le développement visuel de Dragons 2

Sur quoi avais-tu travaillé à l’époque, sur le premier film Dragons ?

Je n’ai participé qu’à la fin de la production pour le premier film, six mois après l’arrivée de la dernière équipe de réalisateurs, Dean De Blois et Chris Sanders [qui étaient également scénaristes, NDLR]. J’ai travaillé six mois en tout dessus.

Vu qu’il leur avait été demandé de réutiliser le plus possible les éléments déjà créés, il n’y avait plus grand-chose à faire de mon côté, beaucoup d’accessoires et de petits détails.

Ton travail est visible dès le début du film, puisque tu as travaillé sur les gradins qui servent lors de la course, ainsi que sur la grande trompe sonnée juste avant qu’un mouton noir ne soit lancé. Peux-tu revenir sur ces deux objets ?

La trompe n’était pas à l’origine destinée à être un élément appartenant spécifiquement aux jeux.

Ci-dessous, les 5 premières minutes du film, qui donnent un très bon aperçu du village et des équipements conçus par Nicolas Weis. 

Les gradins en revanche ont fait l’objet de pas mal de recherches puisque les règles du jeu n’étaient pas établies tout de suite. Les grands gradins faisant face à l’île ne sont d’ailleurs pas les seuls puisqu’il y en a deux autres plus petits situés sur le pic qui domine Berk, je crois qu’on les aperçoit en coup de vent pendant la course.

J’avais réalisé un grand dessin au crayon pour donner le plus d’informations possible à l’équipe de modeling, vu la taille de l’édifice il y avait de quoi faire.  Les storyboarders et l’équipe du layout ont par la suite intégré visuellement de nombreux autres bâtiments (le moulin, la girouette, l’aqueduc) pour que les spectateurs découvrent toute la richesse du changement survenu sur Berk.

Tu as également participé à la « rénovation » du village, qui s’est adapté à la présence des dragons : la « feeding station » qui sert à les nourrir, la « grooming station » pour prendre soin d’eux, la « birdhouse », un totem qui leur permet de se percher… Comment as-tu designé ces différents éléments ?

C’était vraiment un plaisir d’imaginer relativement sérieusement comment intégrer à une population humaine des reptiles volants énormes et de pourvoir à leurs besoins et à leurs interactions quotidiennes avec les vikings. J’ai commencé par faire une liste de toutes les activités quotidiennes, pas du tout glamour ou héroïques, auxquelles on avait à se livrer quand on chevauchait un dragon.

Un peu comme on s’occupe d’un cheval j’imagine, sauf qu’un cheval ne vole pas, ne crache pas du feu et ne semble pas aussi facétieux que ces nouveaux locataires. Il fallait donc les nourrir, les loger, les soigner, les bouchonner, les habiller.

La « feeding station » (ou « mangeoire » mais la traduction en français lui fait perdre un peu de sa superbe) est venue en premier. Vu que ce sont des créatures indépendantes et relativement intelligentes, je ne voulais pas qu’un viking soit présent pour les nourrir, je suis donc parti sur l’idée d’un distributeur que les dragons actionneraient eux-mêmes selon leur appétit.

Le moulin est parti de l’idée d’utiliser une technologie existante en la modifiant pour profiter des nombreux vents qui balaient Berk toute l’année, grâce à l’addition d’une série de voiles horizontales.
Initialement, un système de cordages apportait le grain et renvoyait la farine sur l’ile mais, pour des raisons de budget, il a été supprimé. J’ai essayé de penser chacun de ces bâtiments en imaginant le potentiel qu’ils pourraient avoir pour la séquence des jeux. Ainsi, les sacs de grain pouvaient être des obstacles intéressants, ainsi que les voiles du moulin ou les poutres qui les soutiennent.

Nicolas Weis pour DreamWorks Animation – 20th Century Fox – Tous droits réservés

Nicolas Weis pour DreamWorks Animation – 20th Century Fox – Tous droits réservés

La station de toilettage est elle un mélange de plusieurs idées qui combine une attention délicate et une brutalité de moyens qui correspond bien aux dragons.

Bain dans les braises, massages sous le rouleau de pierres, « peeling » à la serpe…