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De l’ESMA au SIGGRAPH : une araignée animée décroche la Lune

Cet article est sponsorisé par l’ESMA.

Au coeur d’une forêt, une araignée rêve d’attraper la Lune… Tel est le point de départ de Swing to the Moon, court-métrage de la promotion 2022 de l’ESMA.
L’école savait que le film était de qualité, et le jury de fin d’études (dont nous faisons partie) ne s’y est pas trompé. Cet été, l’équipe a également reçu un accueil triomphal au SIGGRAPH, la plus grosse conférence mondiale centrée sur l’infographie et les techniques interactives. Le film y a décroché le Best Student Project.

Nous avons profité de l’occasion pour interviewer une partie de l’équipe : quel a été leur ressenti ? Quels sont les secrets d’un film qui « marche » en festival ? Quel a été le parcours des ex élèves depuis la sortie de l’ESMA, et quelle vision ont-ils sur l’industrie ? Les réponses et bien plus encore, dans cette interview !
Plus bas, vous trouverez également une interview de l »ESMA pour évoquer la vision qu’a l’équipe des tendances actuelles, ou encore les retombées d’un court-métrage sur l’image de l’école.

3DVF : Bonjour à l’équipe Swing to the Moon ! Nous vous avions interviewés l’an passé, juste après la cérémonie de présentation des films de fin d’études de l’ESMA. Swing to the Moon et son araignée désireuse de rejoindre la Lune avaient conquis le coeur du jury, dont nous faisions partie. Depuis, le film a connu un beau parcours en festival, du PIDS Enghien à côté de Paris jusqu’au Tokyo Anime Award Festival au Japon, en passant par… Le Computer Animation Festival Electronic Theater du SIGGRAPH 2023, où vous avez décroché le Best Student Project !
Quel effet cela fait-il de voir votre travail reconnu ainsi ?

Vincent Levrero : C’est fou de voir notre petit film parcourir autant de chemin depuis un an, ce n’est clairement pas quelque chose que l’on aurait pu imaginer et c’est toujours difficile de se rendre compte qu’il est vu par des gens partout dans le monde!

Elisa Drique : Quel effet cela fait de voir notre travail reconnu ainsi? Difficile à dire haha on ne réalise pas trop que le film est vu par des personnes du monde entier, personnellement j’ai toujours l’impression d’être avec l’équipe comme des étudiants à faire notre projet dans notre coin. 

Adriana Bouissié : C’est juste incroyable de voir notre travail parcourir le monde, on ne s’y attendait vraiment pas.

Marie Bordessoule : Ça donne le tournis mais c’est aussi incroyable et inimaginable de se dire que l’on a travaillé ce projet dans notre coin à 7 et le retrouver aux quatre coins du globe dans les plus grands festivals !

Nadine De Boer : C’est incroyable et, dans un sens, rassurant ? On est tout juste sortis d’école et on n’est pas forcément confiant sur nos propres capacités ou sur la qualité de notre film. Voir des professionnels plus expérimentés et de grands festivals tel que le Siggraph en faire la louange, ça donne une forme de légitimité.

Solenne Moreau : Ça rend heureux et fier, bien sûr. Plus que la reconnaissance, c’est pouvoir partager notre travail avec tant de personnes d’horizons différents qui me comble le plus !

Ci-dessous : le teaser du film.

Réalisation :
Marie Bordessoule, Chloé Lauzu, Adriana Bouissié, Vincent Levrero, Nadine De Boer, Solenne Moreau et Elisa Drique

3DVF : Quel regard portez-vous sur votre film, avec le recul ? Quels ingrédients ont permis à Swing to the Moon de recevoir un si bon accueil en festival ?

Vincent : J’apprécie beaucoup revoir le film de temps en temps maintenant que du temps est passé depuis l’année à l’école et cela me rappelle toujours des bons souvenirs avec le groupe. Je sais pas trop quels sont les ingrédients miracle qui font que le film soit si bien accueilli mais l’entente et la cohésion du groupe nous ont bien aidé pendant la production. Nous avions une vision commune du projet et ça nous a permis de bien avancer sans rencontrer de problématiques insurmontables.

Elisa : Avec le recul j’ai appris à apprécier le film plus en tant que spectatrice plutôt qu’artiste 3D, c’est agréable ! Pour moi l’ingrédient le plus important c’est l’entente du groupe ! On avait la même vision pour le film et on a tous et toutes mis notre coeur dans ce projet. J’espère qu’on ressent tous les bons moments et le plaisir qu’on a eu en travaillant ensemble sur ce projet !

Adriana : L’ingrédient le plus important a été que nous avons fait le film pour nous avant tout, on voulait être fiers de notre travail et on s’est fait confiance les uns les autres.

Marie : Je le regarde toujours avec autant d’émotions que quand on l’a découvert terminé.
Je pense que c’est surtout la cohésion d’équipe, on a passé de bons moments pendant cette année de production et on a tous apporté notre empreinte au film.

Nadine : Personnellement j’ai encore beaucoup de mal à prendre du recul sur le film: Je regarde tous les plans d’un point de vue des contraintes techniques qu’on a eu, les petits détails d’animation ou de raccord que j’aimerais encore améliorer… 
Ce qu’on entend le plus c’est « l’araignée est trop mignonne! », mais je pense que c’est peut-être que l’on a réussi à raconter une histoire à laquelle les gens s’identifient et qui les inspire.

Solenne : Malgré l’année écoulée, je porte toujours un regard critique sur le film, à voir les imperfections, ce qui aurait pu être amélioré. Mais à chaque visionnage j’arrive de mieux en mieux à me placer en tant que spectateur et apprécier le travail final. 
Avoir tout donné pour amener notre petite araignée au bout de son rêve, je pense que ça se ressent au travers du film et c’est peut-être ce qui touche les gens.

3DVF : Comment avez-vous vécu la cérémonie de remise des prix au SIGGRAPH ?

Vincent : La cérémonie était très impressionnante, c’était la première fois que l’on voyait autant de personnes découvrir notre film! Nous étions très stressés pour la remise de prix et heureusement c’est passé très vite, mais c’était assez fou de monter sur scène devant autant de gens !

Elisa : Comme un rêve je pense, tout est allé très vite ! On se sentait un peu perdus et pas mal stressés, au milieu de toutes ces pointures du monde de la 3D.

Nadine : C’est moi qui ai été désignée pour parler : ils m’ont mis un micro-cravate avec sa boîte dans le dos, c’était la première fois que j’avais ça ! C’était un peu stressant mais c’était aussi vraiment incroyable de se dire que tous ces gens étaient des professionnels et passionnés d’animation qui allaient voir notre film !

Solenne : C’était ma première cérémonie, et c’est là que j’ai vraiment réalisé que des gens visionnent notre film haha. C’était très impressionnant et stressant, surtout quand il a fallu monter sur scène pour récupérer le prix. Mais en me retrouvant face à la salle, je me suis surtout sentie reconnaissante envers toutes les personnes qui sont venues voir le film en festival, ici ou ailleurs.

La remise de prix au SIGGRAPH, avec discours !

3DVF : Ce salon est un évènement incontournable de l’infographie au sens large et des techniques interactives. Stands, conférences, recherche, soirées… Qu’avez-vous vu ? Qu’est-ce qui vous a semblé le plus marquant ? Par exemple des technologies émergentes et prometteuses, des démos qui ont su vous bluffer ? Quelles grandes tendances cette année ? 

Vincent : C’était une super expérience de pouvoir participer à l’événement, même si nous n’avions pas les pass pour voir les conférences nous avons pu rencontrer beaucoup de gens et assister à beaucoup de choses grâce à Jean Christophe Rodier de 3DVF ! L’Exhibition accueillait un grand nombre de stands d’entreprises et de constructeurs dans le milieu de la 3D et c’était très intéressant de pouvoir tout parcourir. Nous avons pu aussi participer aux job fair où nous avons notamment pu parler avec des superviseurs de chez Weta et leur montrer nos démos ! Jean Christophe nous a aussi amené à plusieurs soirées, celles de Golaem, SideFX et Renderman où nous avons pu faire beaucoup de rencontres!

Elisa : On n’avait pas d’accréditation pour les conférences mais on a quand même pu rencontrer beaucoup de professionnels dans les soirées, les jobs fairs et dans l’Exhibition avec tous les stands. Je tiens à remercier Jean Christophe Rodier de 3DVF qui nous a permis de rencontrer toutes ces personnes!  On a pu discuter avec des artistes de studios du monde entier comme Pixar, Disney, Weta.. On a même pu présenter nos demoreels et recevoir des retours précieux. On a pu se faire des contacts précieux grâce à ces rencontres!

Nadine : Malheureusement Solenne et moi n’avons pas pu rester au Siggraph pour voir l’exposition.

Le hall d’exposition au SIGGRAPH 2023

3DVF : Vous avez quitté l’ESMA il y a un an. Quel a été votre parcours depuis la sortie de l’école ? 

Vincent : J’ai commencé dans le studio Buf Compagnie à Paris en tant que généraliste VFX pendant quelques mois, puis j’ai travaillé en tant que lighting artist dans le studio KingSize sur un clip musical en CGI qui était une super expérience ! Début septembre je vais démarrer en télé-travail dans le studio Platige Image en Pologne en tant que lighting artist.

Elisa : J’ai travaillé en tant que généraliste VFX au studio Buf Compagnie à Paris d’octobre à mi-juillet, je faisais majoritairement du compositing mais aussi quelques assets sur leur logiciel maison. Ensuite fin juillet j’ai modélisé et texturé deux personnages pour une série enfant au studio Kingsize à Paris.

Adriana: Je suis actuellement au studio Tnzpv (Arles) en tant que je riggeuse sur des personnages troisième plan et ainsi que des props.

Marie : J’ai commencé  sur une série pour enfant dès la sortie de l’école puis j’ai enchaîné sur une belle série Netflix en tant que compositrice chez Blue Spirit Studio.

Nadine : Déjà avant la cérémonie de remise des prix de l’ESMA, j’avais déjà reçu une offre d’emploi sur Linkedin de la part d’ICON, un studio basé à Vancouver au Canada. Pas mal d’anciens de l’ESMA ont travaillé là bas, donc le studio connaissait l’école et le niveau de ses élèves. J’ai un contrat d’un an là-bas pour l’instant.

Solenne : Je suis animatrice sur une série chez ICON depuis novembre dernier.

3DVF : Avez-vous eu des surprises, bonnes ou mauvaises, en entrant dans l’industrie ? Le fait d’avoir vécu les contraintes liées au Covid durant votre scolarité a-t-il été un frein ?

Vincent : Je n’ai pas encore eu beaucoup d’expériences mais j’ai trouvé que par moment le travail était moins rigoureux qu’à l’école, peut être aussi par manque de temps, c’est surtout ça qui m’a le plus étonné. Le Covid a eu un certain frein dans un sens car il y a un eu grand boom de projets et de recrutements avant nous et cela a été un peu compliqué de se frayer un chemin, même avec notre film. Ce qui est compliqué actuellement c’est la crise des auteurs et le ralentissement ainsi que la baisse des projets qui en a découlé.

Elisa : Oui j’ai eu quelques surprises, déjà sur la recherche de travail qui ne se passait pas aussi bien que ce qu’on avait pu me dire. J’avais très peu de réponses à mes candidatures, malgré les retours très positifs sur mon travail. On m’avait parlé de période de “creux” pour le recrutement et il faut savoir que cette période se maintient pas mal pour les juniors. Surtout dans la spécialité que je cherche, les postes pour juniors sont très rares et c’est pourquoi il faut parfois travailler dans d’autres spécialités pour acquérir de l’expérience et espérer attirer un peu plus les studios. Le covid n’est plus un frein, mais la crise des auteurs et des acteurs impacte énormément le recrutement : non seulement les studios doivent mettre en pause beaucoup de projets, voir en annuler, mais ils renvoient beaucoup d’artistes talentueux. C’est une période compliquée pour tous les artistes, et d’autant plus pour les juniors qui sont moins attrayants pour les studios.

Adriana : Absolument pas, c’est presque comme à l’école, l’adaptation était très rapide.

Marie : Je n’ai pas spécialement eu de mauvaise surprise mais j’ai eu de très bonnes impressions comme l’accueil dans le studio, les équipes et les leads qui te mettent à l’aise, l’esprit d’équipe ! Et les échanges avec les collègues qui n’hésitent pas à t’aider.
Je n’ai pas spécialement vécu de contrainte liée au covid.

Nadine : Ce n’est pas tellement une surprise, mais ce qui reste décevant de l’industrie reste les conditions de travail, particulièrement en Amérique du Nord, concernant l’équilibre entre le travail et la vie personnelle. J’ai l’impression que les studios savent que les animateurs sont des gens passionnés, qui mettent de leur personne dans leur travail, et qu’ils en abusent. De plus en plus de voix s’élèvent, mais il y a encore du travail à faire.

Solenne : J’ai été surprise de m’adapter aussi rapidement au fonctionnement du studio et à la vie professionnelle. Plus une déception qu’une surprise, c’est l’investissement et la rigueur qu’on peut se permettre de mettre dans notre travail sur de la série. A cause des contraintes de temps, de budget etc on ne peut pas se permettre de passer trop de temps à peaufiner nos shots et c’est un peu frustrant. Les contraintes Covid n’ont pas eu de conséquences pour moi.

3DVF : On constate actuellement plusieurs grosses tendances dans l’animation : temps réel, rendu stylisé (le nouveau Ninja Turtles en est un parfait exemple). A l’inverse, l’IA génère des réactions clivées… Et le changement climatique impose des réflexions sur la manière dont nous créons des images.
Quel regard portez-vous sur l’animation actuelle, et sur les évolutions à venir ?

Vincent : J’aime beaucoup les films d’animation récents qui explorent de nouvelles stylisations 3D et c’est vraiment impressionnant de voir ce qu’il est possible de faire afin d’avoir un rendu graphique s’éloignant du style Pixar classique!
L’évolution de l’IA est vraiment folle et c’est tout aussi impressionnant de voir ce qu’elle est capable de faire en quelques clics ou phrases. Je pense que cela peut être très pratique pour des premières phases de concepts ou pour trouver de l’inspiration mais je trouve inquiétant de voir que cela peut tendre à remplacer plus que des tâches techniques ou redondantes.

Ci-dessous : interview de Mikros Animation sur le film Ninja Turtles – Teenage Years, bon exemple de rendu stylisé.
De nombreux anciens élèves de l’ESMA sont au générique.

Elisa : Je suis contente de la direction que prend le cinéma d’animation en terme de créativité, les films d’animation ne sont pas que pour les enfants. Les stylisations sont poussées sans limites et les résultats sont magnifiques ! 
En ce qui concerne l’utilisation et le développement des IA, je suis un peu partagée. Je pense que les IA doivent être considérées comme des outils plutôt que des “remplaçants” dans ces travaux là. Le tout c’est d’encadrer l’utilisation et de limiter certaines dérives. Après il ne faut pas se cacher que beaucoup de postes risquent de disparaître, je pense notamment aux métiers répétitifs.

Marie : Je pense et j’espère que la machine ne remplacera pas l’homme sa patte et le regard qu’il peut apporter dans une création.

Nadine : J’aime cette direction artistique de ces dernières années, de mixer la 2D et la 3D, à mes yeux la 2D offre des possibilités artistiques beaucoup plus larges que la 3D.
C’est vrai que l’impact écologique de « l’entertainment », les films, les séries… Est non négligeable, à la fois durant leur création que lorsqu’on les regarde. C’est vrai qu’on peut alimenter les studios avec de l’énergie renouvelable, mais concernant internet, les serveurs… C’est le monde de la tech tout entier qui a besoin d’une révolution verte… Et j’ai peur que ce ne soit pas leur priorité.

Solenne : L’arrivée du rendu stylisé avec Spider-Verse, Arcane, Ninja Turtles et autres est un début pour se renouveler mais le cinéma d’animation a encore un très long chemin à faire pour se détacher de l’image de films pour enfants. Je pense aussi que le cinéma d’animation a tendance à oublier qu’il est avant tout du cinéma et qu’il ne devrait pas se limiter en genre et expérimentations visuelles. Sa prédominance tout public est un frein à une exploration plus profonde du médium, surtout pour les longs-métrages. 
L’IA deviendra sans doute un outil indispensable, qui permettra de gagner beaucoup de temps et de ressources, au détriment de certains postes. Il faudra cependant du temps avant que des régulations correctes soient mises en place et ne lèsent plus des artistes non consentant à voir leur travail utilisé comme donnée pour nourrir ses IA. J’espère seulement que l’humain restera au centre du processus créatif.

L’équipe à l’été 2022, lors des jury de fin d’études.
Avec Marie Bordessoule, Chloé Lauzu, Adriana Bouissié, Vincent Levrero, Nadine De Boer, Solenne Moreau et Elisa Drique

3DVF :  Avec le recul, comment percevez-vous votre passage au sein de l’ESMA ? Y a-t-il par exemple des éléments de la pédagogie qui se sont avérés être des forces par la suite, alors que vous n’aviez pas forcément conscience de leur importance durant les années d’ESMA ? A l’inverse, des points sur lesquels vous auriez aimé passer plus de temps durant la formation ?

Vincent : J’ai adoré mes cinq ans à l’ESMA, je pense que l’école prépare bien au monde du travail ainsi qu’au travail de groupe. La formation peut ne pas convenir à tout le monde mais je trouve qu’elle est assez complète et formatrice, et il faut être autonome et faire beaucoup de recherches à côté !

Elisa : J’ai beaucoup aimé mes années passées à l’ESMA. L’école m’a appris la rigueur dans le travail, rester professionnel et objectif sur son travail : ce que tu fais n’est pas qui tu es donc il ne faut pas se vexer à cause des retours sur notre travail. Une chose importante aussi dans ce métier que j’ai appris à l’ESMA c’est l’importance du travail d’équipe, dans des projets où le temps est compté, il n’y a pas la place pour un ego trop grand, il faut être efficace et ne pas hésiter à dire qu’on n’y arrive pas, il y aura toujours quelqu’un pour t’aider ou pour rattraper ton erreur. On est tous les rouages d’un grand mécanisme, on fonctionne bien tous ensemble et on est là aussi pour se soutenir.

« J’ai adoré mes cinq ans à l’ESMA,
je pense que l’école prépare bien au monde du travail ainsi qu’au travail de groupe. »

Vincent, ancien élève

Adriana : L’école forme bien aux logiciels bien que ce n’est que la première marche pour rentrer dans le monde du travail. Effectivement, il y aurait des choses à améliorer car le monde du travail évolue très vite, notamment sur les outils de prod/organisation, nouveaux outils et logiciels.

Marie : Nous pousser à toujours être curieux, à nous inciter à aller voir les autres quand quelqu’un réussit une chose et pas toi, cibler le problème et essayer de le résoudre avant de demander et être autonome.

Nadine : C’était une formation complète et qui prépare bien au monde du travail. A la fois techniquement mais aussi, dans l’intensité du boulot à fournir (le rythme est intense quand on travaille sur de la série par exemple). J’aurais bien aimé qu’on nous apprenne à utiliser des vraies caméras, pour pouvoir mieux les comprendre en 3D, mais je sais qu’on n’aurait pas eu le temps: il y a tellement d’autres choses à comprendre !

Solenne : L’ESMA a été très formatrice d’un point de vue technique, ça nous a aussi bien préparé à l’arrivée dans le monde professionnel, à gérer ses deadlines malgré la grande quantité de travail. En revanche j’aurai aimé qu’on passe plus de temps sur le côté théorie de l’histoire du cinéma et de la mise en scène.

3DVF : Une dernière question à toute l’équipe de Swing to The Moon : Auriez-vous un conseil pour les élèves, qui vont se lancer après la rentrée sur leur film de fin d’études, ou qui viennent de sortir de leur école ?

Vincent : Je pense que ce qui est très important c’est de bien préparer et anticiper les problématiques qui seront liées au film, même légèrement en pensant à quelques pistes, pour ne pas se retrouver démunis une fois face à elles ou dans le rush.

Elisa : Pour les élèves qui vont commencer leur film de fin d’étude: ne sous-estimez pas le social dans ce projet, mettez vous à la place des autres membres, exprimez vos ressentis face aux situations, il n’y a pas de méchant dans les disputes, c’est souvent juste de l’incompréhension, apprenez à vous connaître et à vous aimez comme vous êtes, vous êtes collègues mais aussi partenaires d’un projet génial, ça serait dommage de passer une année horrible juste à cause d’incompréhensions! 

Adriana : Je n’ai pas vraiment de conseils pour les élèves qui vont commencer leur nouvelle année, c’est une expérience unique, extrêmement intense , le seul conseil que j’ai c’est de ne pas négliger la nourriture, c’est un marathon où il faut tenir jusqu’au bout.
Et pour les personnes qui sortent d’études je dirai qu’il faut être patient, il y a de la place pour tout le monde!

Marie : Quand il y a des problèmes ou des tensions à un moment donné prenez le temps de dénouer le nœud. Faites des soirées (pas trop non plus aha) avec l’équipe, tissez des liens vous allez vous voir tous les jours pendant 1 an. Mettez-y tout votre amour dans votre projet.

Nadine : Je pense qu’un des éléments essentiels de la réussite de notre film est qu’on a eu peu de conflits, et c’était principalement dû au fait que tout le monde a su mettre son ego de côté.
Pour ceux qui sortent de l’école… Franchement c’est le loto le monde du travail, on peut tomber sur un bon studio avec une mauvaise team, un mauvais studio avec une team géniale. Alors… bonne chance!

Solenne : Pour le film de fin d’étude je conseillerai d’anticiper au maximum tous les problèmes techniques dès la phase de préprod, de se poser la question à chaque fois de comment on va faire ça ? Comment on va filmer ça et pourquoi ? Pour l’aspect social, on ne peut pas toujours s’entendre avec tout le monde, mais faire un tel projet c’est une chance et ce serait dommage de la gâcher par soucis d’ego. Alors parlez-vous, restez humbles et amusez-vous à faire ce film !
Pour ceux qui sortent d’école, bon courage ! Il faut savoir être patient parfois.

3DVF : Merci pour vos réponses !
Yann Pannetier, tu accompagnais l’équipe du court-métrage Swing to the Moon au SIGGRAPH en tant qu’enseignant référent de l’ESMA. Pour toi, quels éléments ont permis au court de recevoir un si bon accueil en festival, et notamment au SIGGRAPH?

Yann Pannetier : Le niveau d’exigence que le groupe s’est imposé, tant en termes de narration que d’un point de vue technique. Le scénario a été travaillé et retravaillé jusqu’à que l’enchaînement des plans soit fluide et évident ; Un grand soin a été apporté à tous les niveaux techniques, de la modélisation au shading, et particulièrement sur le travail de la lumière.

3DVF : Qu’est-ce qui t’a marqué au SIGGRAPH ? As-tu vu des nouveautés qui pourront venir enrichir le cursus de l’école ? As-tu fait des rencontres intéressantes avec des studios, d’autres écoles ?

Cette édition 2023 du Siggraph m’a conforté dans l’impulsion que je donne à l’école depuis quelques années pour basculer progressivement sur un pipeline USD.

Il y avait comme toujours beaucoup de très belles choses à voir, le Siggraph est toujours un moment de remise en question et un moyen de rester motivé pour faire évoluer les programmes afin de toujours mieux préparer les étudiants au monde professionnel. Il n’est évidement pas question de tout chambouler pour suivre un effet de mode, tellement de choses bougent tellement vite maintenant que c’est un peu effrayant. Cela dit, la durée de la formation à l’Esma engendre une certaine inertie, salutaire à mon sens tant que l’on reste dans une dynamique d’évolution et d’adaptation. Par exemple, il est encore un peu tôt pour intégrer le rendu temps-réel dans notre cursus, mais nous restons à l’écoute sur ce sujet.

Je me pose également pas mal de questions concernant l’évolution des outils par le biais de l’IA, mais là encore, pas de précipitation.

Le SIGGRAPH 2023
Le SIGGRAPH 2023

3DVF : Es-tu allé voir ce que présentait l’équipe RenderMan, le moteur de rendu des studios Pixar, qui est aussi utilisé par les élèves de l’ESMA ?

J’étais présent à la Science Fair, et là encore le contenu général du message délivré par Pixar et la team RenderMan me conforte (s’il en était encore besoin) dans le choix que nous avions fait concernant le rendu il a de nombreuses années maintenant. Les étudiants formés avec rigueur à l’utilisation d’un moteur pérenne, solide et constamment en évolution comme RenderMan est un atout majeur pour leur carrière.

Showreel RenderMan : les films, séries, projets présentés utilisent le moteur de rendu RenderMan. Les élèves de l’ESMA apprennent à l’utiliser durant leur scolarité et s’en servent pour les films de fin d’études.

3DVF : Ce n’est pas la première fois qu’un film de l’ESMA est mis en avant au SIGGRAPH… Ces sélections et prix sont-ils importants, du point de vue de la visibilité d’une école auprès de l’industrie et des studios internationaux ? Et du côté de l’équipe pédagogique, arrivez-vous à prédire les films qui vont « marcher » et récolter des prix en festival ?

Oui, bien sûr la reconnaissance d’un évènement majeur comme le Siggraph est très importante pour nous, car même si l’impact direct auprès du grand public en France n’est pas vraiment quantifiable, les recruteurs des studios majeurs nous remarquent.

La reconnaissance d’un évènement comme le SIGGRAPH est très importante pour nous,
les recruteurs des studios majeurs nous remarquent »

Yann Pannetier – Equipe pédagogique de l’ESMA

Quant à prédire le succès d’un projet, c’est évidement très variable, car dépendant des goûts du public, de ce que les studios recherchent, de l’actualité même parfois… Cela dit, dans le cas de Swing, nous étions assurés que le court-métrage allait avoir une belle vie en festival !

3DVF : Pour finir, quelques mots sur les films de la promotion 2023 ?

Il va y avoir de belles choses ! Et une fois de plus, point très important à mes yeux, une très grande variété de thèmes et de traitements visuels, et surtout de la fraîcheur et de l’originalité !

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