Si l’impression 3D a fait de réels progrès ces dernières années, à l’autre bout de la chaîne, la numérisation d’objets réels n’est pas en reste. Longtemps confiné aux bureaux d’études, avec des machines lourdes et complexes à mettre en oeuvre, le scan 3D est devenu transportable, par exemple avec la gamme HandyScan de la société canadienne Creaform.
Le fait de pouvoir transporter un scanner et de l’utiliser avec des connaissances techniques réduites sont des apports indéniables, qui ont induit des applications nouvelles telles que la préservation du patrimoine, en numérisant des oeuvres in situ.
La start-up française Noomeo s’est récemment lancé sur le marché de la numérisation avec pour optique de poursuivre cette tendance : toujours plus de mobilité, toujours plus de facilité d’utilisation. 3DVF revient sur Optinum, la solution proposée par Noomeo.
Notez que nous reviendrons probablement dans de futurs articles sur d’autres solutions de scan 3D ; si vous êtes déjà utilisateur d’un scanner, n’hésitez pas à nous contacter pour nous faire part de vos impressions.
Noomeo Optinum : le scan 3D à portée de main ?
Sur le plan technique, le principe utilisé est à la fois classique et inhabituel : en effet, Optinum ne scanne pas avec un laser, contrairement à la plupart des solutions actuelles. Noomeo a opté à la place pour une paire de caméras CCD : c’est donc le principe de la vision binoculaire qui est employé.
L’appareil est léger (moins de 2 kilos) et ses dimensions sont réduites (230mmx230mmx80mm). Optinum est clairement pensé pour un usage nomade.
Noomeo Optinum : le scanner à main
Contraintes techniques et performances
La préparation des objets à scanner est minime : pas besoin de référence pour la calibration ou de pastilles, et évidemment, pas de contact nécessaire avec la cible. Il faudra cependant poudrer la surface si elle est problématique (reflets, transparence).
Les dimensions des objets à scanner doivent respecter certaines contraintes.
Du fait de la taille de la zone scannée (A5 à A4), travailler sur un objet de grande taille (plus de 1m de côté) reste faisable mais s’avère assez long.
A noter aussi, l’appareil travaille à une distance de 40cm environ : l’objet doit donc être accessible.
La profondeur de champ indiquée est de l’ordre de 15cm, ce qui devrait permettre de scanner sans problème les objets avec un fort relief.
Enfin, question performance, la précision annoncée pourra atteindre +/- 50 µm. Cette précision est inférieure à celle des scanners fixes (+/- 25 µm) ou à bras : le prix à payer pour une mobilité accrue… Un scanner fixe pourra difficilement être transporté sur un chantier de fouilles ou dans un monument !
Optinum, en pratique
Le déroulement du scan est relativement simple. Il suffit de tenir le scanner à distance de travail. Durant le scan, l’appareil émet des flashs de lumière blanche, de façon à avoir un éclairage contrôlé de l’objet (en extérieur, il faudra éviter le plein soleil).
Comme avec la plupart des scanners à main, si l’on souhaite numériser totalement un objet, on réalisera plusieurs passes (ou « séquences ») : l’objet est scanné en plusieurs portions (par exemple face et dos), qui sont ensuite assemblées par le logiciel fourni.
Numisoft, le logiciel associé
Avec l’appareil de scan est livré un logiciel d’acquisition, disponible en deux versions.
Si la version basique se contente surtout de créer des nuages de points, de permettre l’assemblage de plusieurs passes et d’exporter le tout, la version « NumiSoft+ » offre davantage de possibilités : réduction du nombre de polygones, édition du maillage ou encore bouchage de trous..
Visualisation dans numisoft du scan d’un visage, affiché sous forme de nuage de points.
Puisque le scanner a main ne repose pas sur une technologie laser, les yeux ont pu être numérisés ouverts sans danger.
Ces logiciels ne sont toutefois pas conçus pour fonctionner en automonie totale, mais sont plutôt destinés à s’intégrer dans une chaîne de travail existante : il n’y a par exemple pas de retopologie en interne, et un infographiste devra donc passer par d’autres logiciels (comme ZBrush) pour cette étape.
En ce qui concerne l’assemblage des passes, il est à noter qu’elle ne se fait pas encore de façon 100% automatique : on assemble les portions de l’objet en semi-manuel. Concrètement, l’utilisateur indique au moins trois points de correspondance sur chaque portion ( une localisation approximative suffit), puis le logiciel affine la correspondance et assemble les deux parties.
Cette absence de mode totalement automatique risque de compliquer les choses pour scanner de gros objets ; Noomeo a indiqué travailler sur la question.
Bien entendu, cet inconvénient n’est présent que pour un scan en plusieurs séquences : sur une même séquence (une passe effectuée), les différents nuages de points collectés sont, eux, fusionnés automatiquement. Ainsi, dans le cas du scan de visage de l’image précédente, une seule séquence a suffi, et le résultat visible n’a demandé aucun ajustement manuel.
Un produit, deux versions
Optinum se décline en deux versions. La premiere, déjà disponible, utilise des capteurs n&b, tandis que la seconde permettra la capture de textures en couleur.
La sortie de ce second modèle est prévu pour juin ; la gestion de la couleur se fera de différentes façons : nuage de points colorés maillages colorés mais aussi rendu photoréaliste (plaquage de textures sur le maillage).
En ce qui concerne le prix, la version n&b (Scanner et logiciel Numisoft) est disponble pour 25 000 € HT.
La version couleur est plus onéreuse, à 40 000€ HT.
Ces deux produits s’expliquent en partie par les usages prévus pour Optinum, qui ne nécessitent pas tous l’usage de la couleur.
Quels usages ?
Avec son produit, Noomeo espère pouvoir convaincre des acteurs de domaines très variés.
– Pour la version n&b :
rétroconception, contrôle non destructif, prototypage rapide, secteur médical (prothèses, orthèses, moulages dentaires), …
– Pour la version couleur :
Archéologie, musée virtuel, consevation du patrimoine, chirurgie plastique, scan de visage…
A noter pour ce dernier usage, l’absence de laser rend l’outil a priori totalement inoffensif pour les yeux, même ouverts.
Pour en savoir plus
– Discuter de l’article sur le forum de 3dvf.com.
– Site officiel de Noomeo : informations sur la société et les produits proposés.
A noter, il est possible de s’inscrire à des démonstrations en ligne permettant de voir Optinum en action et de poser des questions.
Benoît Rogez – 3dvf.com