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Ton Roosendaal

Interview de Ton Roosendaal
– Directeur Général de NaN (Not a Number)-

 

 



3DVF : Ton, peux-tu nous parler rapidement de Blender3D ?


Ton Roosendaal : Il est gratuit, petit, il fonctionne n’importe où, et ce n’est pas si mal 🙂 Je ne vais pas me mettre à faire des comparaisons avec les autres logiciels de 3D. Les cinq meilleurs logiciels offrent une nette qualité, mais Blender a aussi de bons éléments, surtout en ce qui concerne son espace de travail efficace, qui a été mis au point au fil des ans sur les conseils d’artistes numériques qui l’utilisent régulièrement. Ne serait-ce que pour les travaux de 3D quotidiens, Blender concurrence facilement les autres logiciels.

Blender est aussi le premier logiciel complet à proposer des outils dédiés à la 3D en temps réel et interactive, offrant ainsi la possibilité aux artistes de faire des présentations ou des petits jeux, sans avoir à faire de la programmation.

 

 

3DVF : Que pourrais-tu dire à quelqu’un qui voudrait apprendre à s’en servir ?

Ton Roosendaal : On peut maîtriser Blender en vraiment très peu de temps, mais petit à petit. Une fois maîtrisé, il devient une sorte de seconde nature, et il s’avère très intuitif. Nous avons passé beaucoup de temps à créer un outil puissant et bien intégré. Il a été mis au point pour des professionnels, donc n’espérez pas trouver une interface facile, du style « glisser/déposer »… Tout le monde n’aime pas la manière dont Blender fonctionne, et c’est tant mieux. « Vive la différence », comme vous le dites si joliment en France !

 

 

3DVF : Avec vos récentes difficultés, que pourrais-tu dire pour rassurer les utilisateurs de Blender ?

 

 

Ton Roosendaal : A vrai dire, pas grand-chose… Nous ne voulions pas faire de business avec Blender, et c’est un fait pour lequel notre base d’utilisateurs nous tient pour responsable. Avec l’initiative de la Fondation actuelle, de mettre Blender en open source, j’espère regagner leur confiance très bientôt. Mais les gens doivent juger ce qu’on fait et ce que l’on accomplit, pas ce que l’on promet. Il y aura des moment très excitants, c’est certain. Et je suis très heureux des résultats extrêmement positifs obtenus jusqu’à maintenant.

 

 

3DVF : Peux-tu nous parler de tes motivations concernant Blender ?



Ton Roosendaal : Personnellement c’est une promesse que j’avais faite à la communauté d’utilisateurs, il y a des années de cela, lorsque celle-ci discutaient des dangers qu’amenerait le capital d’investissement. Mais c’était ce que nous devions faire, comme une manière ultime d’assurer l’avenir de Blender, sans rejeter tous les investissements des actionnaires, des employés et la communauté d’utilisateurs du monde entier.

 

 

3DVF : Vous avez lancé une campagne visant à sauver Blender et le rendre open source; que penses-tu de la réaction de la communauté suite à cette annonce ?

 

 

Ton Roosendaal : Très positives ! Bien sûr il y a eu une sorte d’hésitation au début, à l’égard de la manière dont je me débrouillerais pour obtenir l’accord des investisseurs au sujet de l’open source, et nous avons besoin d’obtenir 100 K Euro de dons. En ce moment les gens sont de plus en plus excités, à la limite de l’euphorie. Les dons arrivent à un rythme bien plus rapide que celui auquel nous nous attendions. Cela prouve qu’il y a encore des gens qui aiment ce petit programme, et qui ne veulent pas le voir disparaître.

Les réactions à l’égard de l’open source y ont également contribué, ainsi, une grande banque de données de développement 3D sera disponible pour eux.

 

 

3DVF : Au Siggraph, quelles ont été les réactions des différents acteurs de l’industrie quant à ces récents événements ?

 

 

Ton Roosendaal : Très diverses. Il y en avait de très positives, d’autres plus réservées, surtout en ce qui concerne le côté business derrière tout cela. J’ai dans l’idée que certains ont interprété notre initiative comme une menace… L’industrie des logiciels 3D connaît une période difficile en ce moment. Les prix dégringolent, mais les ventes n’augmentent pas. J’ai vu comme de gros nuages noirs planant au-dessus du Siggraph. L’euphorie des années 90 est terminée, l’industrie s’inquiète de son avenir. La plupart des présentations de sociétés étaient fades; et les nouveaux produits prométeurs ou révolutionnaires se faisaient rares.

 

 

D’un autre côté, la technologie 3D est en train de passer d’un commerce élitiste à un commerce grand public. Les prix du matériel sont tombés au niveau de n’importe quel consommateur, mais ceux des logiciels et outils spécialisés sont toujours cotés bien au-delà de ce marché. Je pense également que l’étroitesse d’esprit des gros de l’industrie du cinéma la rend vraiment obsolète. Ils sont juste une petite minorité, le sommet de la pyramide. Il y a tellement plus de choses interessantes à exploiter dans les arts et les technologies numériques; espérons que Blender restera une force soutenant ce développement en phase de démocratisation.

L’open source signifie que n’importe qui pourra prendre Blender et le personnaliser comme il l’entend. J’attends donc beaucoup des expérimentations, des versions bizarroïdes ou mutantes. Pour que cela devienne un succès, il est important de réunir la bonne équipe de développeurs, de produire des versions « officielles », et de fournir un centre d’intérêt. La Blender Foundation a l’intention d’organiser tout ceci, et de fournir un espace Internet pour des projets, pour des codeurs comme pour des artistes ou des rédacteurs de documentation.

 

 

3DVF : Après ce passage difficile, quels sont les projets pour le futur de Blender ?

Ton Roosendaal : Cela va être le travail de la Blender Foundation. Je m’attends à être débordé pendant au moins 6 mois, à organiser toutes les activités. Après cela, nous verrons. Je suis très enthousiaste au niveau de l’initiative, mais je modère mes attentes… Si j’arrive à mettre Blender en open source, et à aider d’autres personnes à le développer, même si cela reste plutôt marginal, je serai satisfait. C’est la manière la plus satisfaisante de terminer un projet, et d’en commencer un autre.

 

 


3DVF : Ton, merci pour ces informations. Excellente continuation à toi et à Nan pour la suite.



 

 



Merci à Raphaël Bétemps (http:/blender.free.fr) et Graphinc
(https://www.graphinc.com) pour leurs images illustrant cette interview

Réalisé par 3DVF
15.08.2002




Mise à Jour :


 

Depuis notre interview de 2002, le logiciel Open Source Blender s’est développé jusqu’à en devenir un logiciel qui se rapproche de plus en plus d’une solution professionnel. Il demeure gratuit et librement téléchargeable pour tout, et s’avère disponible pour les systèmes d’exploitation Windows, Linux et MacOS.


 

Tutoriaux Blender 3D : https://www.siteduzero.com/


 

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