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Carlos Saldanha

 

 

3DVF : Carlos, merci pour cet entretien. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous, de votre parcours ?


Carlos Saldanha : Je suis parti du Brésil pour New York en 1991, pour étudier l’animation à l’Ecole des Arts Visuels, et c’est à cet endroit que j’ai rencontré Chris Wedge. Durant mon année de maîtrise, j’ai achevé deux court-métrages, le dernier, intitulé Time For Love, a été diffusé dans des festivals partout dans le monde et a gagné quelques prix. Après le diplôme, Wedge m’a invité à travailler chez Blue Sky, qui était alors une toute petite société, mais nous avions toujours parlé de faire un film un jour. J’ai commencé comme animateur, et au fur et à mesure que je gagnais en confiance et en expérience, j’ai commencé à diriger mes propres projets. Quand Ice Age est arrivé, j’ai été invité à le co-réaliser. J’étais principalement responsable de l’équipe d’animation, je définissais le jeu des personnages en images de synthèse et je travaillais avec les animateurs. Cela fait maintenant presque dix ans que je suis chez Blue Sky, et avec le succès de Ice Age, nous avons enfin réalisé ce sur quoi nous avions travaillé dur.



3DVF : Vous étiez animateurs initialement; comment avez-vous rencontré l’image de synthèse ?

Carlos Saldanha : En fait, j’étais dans la branche des Sciences Informatiques, mais j’ai toujours aimé dessiner et peindre, alors j’ai décidé de combiner mon expérience technique et mes compétences artistiques afin d’apprendre l’animation, et c’est à ce moment-là que j’ai décidé de retourner à l’école et d’obtenir ma maîtrise d’animation numérique. Pour moi, les ordinateurs étaient les outils parfaits pour découvrir et explorer mon talent d’animateur.

 

 

3DVF : A l’époque, comment se ressentait la mutation que commençait à vivre l’animation traditionnelle?

Carlos Saldanha : Le succès récent de l’animation numérique a suscité bon nombre de questions au sujet de l’avenir de l’animation traditionnelle. Je pense vraiment que l’animation 3D est très attrayante, mais cela ne présage en rien la fin de l’animation traditionnelle. Vraiment je ne l’espère pas!! Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde. Si les films d’animation comportent de bons scénarios et des personnages attrayants, les gens auront envie d’aller les voir. Nous avons tous grandi avec les classiques de l’animation, et ceux-ci nous influencent toujours sur notre façon de voir et d’apprécier l’animation, mais les nouveaux « classiques » évoluent eux aussi, sur le plan visuel comme sur le plan technique. Durant ces dernières années les ordinateurs ont été utilisés pour tous les styles d’animation, de l’animation 2D à la Stop Motion. Je pense qu’aujourd’hui la technologie attire beaucoup, mais à elle toute seule, elle ne suffit pas à inciter les gens à aller voir un film.


3DVF : Que pensez-vous des outils de création actuels ? Qu’en attendiez-vous pour vous lancer sur un long métrage ?

Carlos Saldanha : J’ai toujours vu l’ordinateur comme un outil créatif, à travers ses possibilités, c’est du moins comme cela que j’ai appris comment animer, mais c’était plus difficile les années précédentes car les ordinateurs et les logiciels étaient très chers et peu abordables. Maintenant tout le monde possède un ordinateur et n’importe qui peut acheter un super logiciel d’animation, c’est pourquoi je crois que cela ouvre encore plus d’opportunités pour les artistes pour la création de films d’animation. Mais même avec cette évolution, il est toujours difficile de rassembler une équipe d’artistes talentueuse, de développer un bon concept et, au final, d’obtenir des fonds pour créer un projet comme Ice Age. C’est un véritable investissement de temps et d’argent que de créer un film d’animation.

3DVF : Comment Ice Age est-il né? L’idée était-elle déjà présente à l’époque de Bunny, ou même avant ?



Carlos Saldanha : Le scénario de Ice Age était un concept développé par le producteur Lori Forte, et il nous est parvenu fin 1998. Blue Sky faisait déjà partie de Fox Animation, et nous cherchions à faire un long métrage. La structure du scénario était en quelque sorte déjà établi, mais nous avons dû travailler dessus pendant une année encore pour mettre en forme et développer l’histoire et les personnages pour la production. Le scénario d’origine avait une intrigue vraiment très dramatique et nous devions le transformer en comédie. Nous n’avons jamais cessé de travailler sur l’histoire. Nous écrivions et créions des séquences jusqu’à la dernière semaine de production.

 

 

3DVF : Après avoir vu les trailers, on ressent que l’humour semble omniprésent; qu’est-ce qui vous a motivé à choisir le genre de la comédie?

Carlos Saldanha : Nous voulions tous que le film soit drôle, et je pense que les trailers étaient conçus dans cette optique, mais globalement je pense que Ice Age va au-delà de la comédie. Ce film suscite toutes sortes d’émotions. Bien entendu, nous ne pouvions pas produire un film purement humoristique, d’aventures ou d’action, après tout c’est de l’animation, mais je pense que les personnages ont beaucoup de coeur, et nous l’apprécions pour cela.

3DVF : Pensez-vous que c’est une recette qui marche à coup sûr avec les films en images de synthèse ?

Carlos Saldanha : Je ne sais pas si c’est une recette, mais les gens veulent se divertir. Il n’y a pas beaucoup de « recettes » différentes pour faire un film, le défi est tel qu’il faut raconter des histoires d’une manière originale et divertissante.

3DVF : Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur la réalisation de Ice Age ?

Carlos Saldanha : Ice Age s’est fait en trois ans. Une année pour mettre en forme le scénario, et les deux autres pour la production. Nous avions 170 personnes qui travaillaient dessus. Comme matériel nous disposions de stations Silicon Graphics pour la modélisation, l’animation et l’éclairage des plans. Nous avions une render farm Compaq Super Computers. Nous étions sur un système d’exploitation Unix, et la modélisation et l’animation se sont faites sous Maya. Nous avons utilisé notre propre logiciel maison (un raytracer), CGI Studios, pour rendre les images. Sa technique de rendu simule l’éclairage réel, ce qui nous a permis de rendre nos images avec une dimension crédible, ainsi que des ombres, des réflexions et des réfractions appropriées à ce que nous voulions.


3DVF : Quelles étaient les difficultés, les différences comparées à vos précédentes réalisations ?

Carlos Saldanha : Ice Age a été notre premier long-métrage, et nous avons dû apprendre énormément au fur et à mesure de sa réalisation. Nous avons surmonté quelques problèmes d’ordre technique, comme la fourrure des personnages ou les effets spéciaux (l’eau, la neige), mais tous ces défis, nous savions que nous allions les dépasser, comme nous l’avions fait pour des projets plus modestes, avant ce film. Le plus grand défi de tous était l’histoire. Nous avons travaillé sur le scénario, en affinant et en ajustant l’intrigue jusqu’à la fin de la production. Il y avait beaucoup de pression, mais nous nous sommes arrangés pour que tout soit fait en temps et en heure, avec succès.


3DVF : On peut supposer qu’il sera prochainement question d’un nouveau long métrage en provenance de Blue Sky Studio; doit-on attendre un Ice Age 2 ou plutôt quelque chose de radicalement différent ?

Carlos Saldanha : En ce moment-même nous travaillons sur notre prochain métrage, qui ne sera pas Ice Age 2; l’histoire et le concept sont totalement différents, et nous sommes très excités à l’idée de ce film. Mais nous n’excluons pas la possibilité de réaliser une suite, ou bien un Ice Age transposé dans le futur.

3DVF : Pour finir, en tant que réalisateur, que pensez-vous du rôle que joue l’image de synthèse dans le cinéma d’aujourd’hui ? Et celui de demain?

Carlos Saldanha : Je pense que les films en images de synthèse ont énormément évolué, et il est très difficile à l’heure actuelle de prédire leur avenir; avec du temps et de l’argent, tout est possible, mais j’espère seulement que leurs qualités perdureront. La plupart des films numériques précédents ont bénéficiés d’un grand succès au box office, et c’est le signe que ces films sont en train de changer le point de vue des gens sur l’animation. Hollywood en est conscient, et de plus en plus de studios s’investissent dans l’animation désormais.

Le défi sera de continuer à améliorer la qualité de l’animation et de rechercher des idées originales et intéressantes pour des scénarios, afin de continuer à inciter les gens à aller voir des films d’animation.

 

 

3DVF : Carlos, merci pour cet entretien. Exellente continuation à vous et à Blue Sky Studios pour la suite.

 

 

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3DVF
20-06-2002
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