Basé à Angoulême, le studio Nayade se focalise sur des marchés atypiques : les parcs d’attraction, la muséographie et les spectacles.
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Yannick Violin, directeur des productions, réalisateur et stéréographe au sein du studio, a bien voulu nous présenter les activités de l’entreprise, son fonctionnement ainsi que les spécificités des secteurs visés par Nayade. |
3DVF : Revenons tout d’abord sur votre parcours : chez Thomson puis Ex Machina, vous avez fait partie des pionniers du secteur de l’image de synthèse en France. Quelques mots sur cette période, qui débute dans les années 80 et se termine avec la fin d’Ex Machina au début des années 2000 ?
Yannick Violin (directeur des productions, réalisateur et stéréographe chez Nayade) : Effectivement j’ai démarré l’image de synthèse en 1985, à l’époque en France seuls Thomson et Sogitec oeuvraient dans ce domaine, car l’image calculée étaient très présente dans l’armement et la simulation. J’étais dessinateur industriel chez Thomson et ai rejoint le département « Thomson Digital image » orienté vers la création d’image pour la pub et le grand public. Apres cela les départements images de TDI et Sogitec se sont réunis pour donner naissance à ExMachina en 1989. Début 1999 Thomson a vendu ExM au groupe Ecoutez-Voir et Exm a été mise en redressement judiciaire fin 2001. J’ai été licencié en mars 2002 et embauché par une société Angoumoisine 2 mois plus tard. Mais cette nouvelle aventure n’a duré que 14 mois et comme je n’avais pas envie de retourner en région parisienne, j’ai monté ma propre société Nayade. |
3DVF : Avec votre épouse Nadia Violin, vous créez donc Nayade en 2003 à Angoulême : pourquoi ce lancement d’entreprise ? Quelles ont été les évolutions de la société par la suite ?
Y.V. : Pas envie de retourner sur Paris et peu de possibilités de retrouver un emploi à hauteur de ma qualification à Angoulême, d’ou cette décision de monter Nayade en m’appuyant sur mon reseau de connaissances. J’ai très vite eu besoin des compétences de Nadia pour gérer toutes les contraintes administratives que je ne supporte pas. 3DVF : Nayade travaille principalement pour les parcs d’attraction, les musées mais aussi les spectacles et le divertissement. Pourquoi cette orientation ? Y.V. : Simplement parce que ce sont les secteurs d’activité sur lesquels je travaillais à ExM et que je connaissais très bien et sur lesquels j’avais des contacts. |
3DVF : Quelles sont les spécificités de ces secteurs par rapport à des domaines plus « classiques » ?
Y.V. : C’est la diversité des formats et des types projections : Projection relief, ma première expérience dans ce domaine date de 1992 à ExM, depuis j’avoue avoir bien fait le tour de cette technique et nos productions offrent une qualité de jaillissement non égalée par les longs métrages 3D, tout en préservant un vrai confort visuel sans que cela ne génère des maux de têtes pour les spectateurs. Projections hors normes, nos réalisations peuvent avoir des formats géants et habillent aussi bien un édifice architectural que des écrans d’eau dans la cadre d’un spectacle multimédia. 3DVF : Quels sont les axes d’évolution de ces marchés, à l’heure actuelle ? Y.V. : C’est un peu compliqué car il y a de plus en plus de concurrence et je me rend compte que souvent on loupe des projets, car de savoir les faire c’est bien mais encore faut il arriver à les vendre. Il nous est arrivé plusieurs fois ces derniers temps d’intervenir sur des projets faits par d’autres sociétés qui ne donnaient pas satisfaction et sur lesquels nous avons fait le service après-vente. |
3DVF : Des clients ont donc fait appel à Nayade pour sauver ou améliorer des projets qui n’étaient pas au point. Quels sont en général les problèmes sur des cas de ce type ?
Y.V. : Dans le cas du Paleoscope du côté de Gap (musée), la société 3dynamic avec qui on collabore de temps en temps était en charge d’équiper une salle 5D, mais le film 3D réalisé par une autre société de production pour cette salle ne correspondait pas à l’attente du client final (en terme de jaillissement). 3dynamic a donc recommandé Nayade pour intervenir et apporter des solutions par des ajouts de relief au film réalisé. Souvent les réalisateurs ne prennent pas en compte le coté forain de ce type de prestation où comme dans toutes bonnes attractions, le public doit avoir des montées d’adrénaline. 3DVF : Quelle est la taille de la société ? Y.V. : Simplement 2 personnes en fixe et on travaille avec une équipe d’intermittents du spectacle, la masse salariale évolue entre 5 et 15 personnes suivant le volume de projets en cours. |
3DVF : Un de vos projets récents et marquants est Le Monde de Teino, coproduit avec Dino-Zoo : un projet de 10 minutes qui met en scène différents animaux du Crétacé. On imagine que la rigueur scientifique était une des demandes principales du client : avez-vous collaboré avec des paléontologues ? Quels ont été leurs apports et critiques ?
Y.V. : Sur ce film nous avons tout géré de A à Z en partant d‘un synopsis fourni par le client. Au fur et à mesure de l’avancement des travaux, nous avions des retours de Geoffroy Vauthier, directeur de Dino Zoo et de Frédéric Pittet, Paléontologue suisse. Peu de grosses rectifications mais plus dans le détail, taille des pattes, dimension des orbites des yeux, bande sonore sur les cris employés…
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3DVF : Il s’agit d’un film « 5D », procédé qui consiste à combiner la 3D à des mouvements contrôlés des fauteuils des spectateurs, et à des effets météo (vent, projection d’eau). Comment gérez-vous ces éléments lors de la pré-production et fabrication des films ?
Y.V. : Depuis plusieurs années, nous travaillons sur des films 5D, donc on a une certaine habitude. Mais déjà les effets 5D sont pensés lors de la conception du scénario tout comme les effets relief sont travaillés dès l’animatique du film. Tout cela est mixé un peu comme une recette : de temps en temps un fort jaillissement de l’image, essayer d’alterner des mouvements caméra rapides avec d’autres plus calmes pour que le spectateur récupère, amener des effets de vibrations, des éclaboussures d’eau, du vent. Dès la conception on vit notre aventure car c’est plus qu’un simple film, je dis souvent que j’ai plus un rôle de forain que d’un réalisateur de film.
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3DVF : A quels défis techniques et artistiques avez-vous fait face sur ce projet ?
Y.V. : Je ne sais pas si on a relevé des défis sur ce film, mais on essai d’améliorer notre savoir faire en terme de qualité d’image film après film sans se contenter de réutiliser nos recettes précédentes. |
Comme nous avions une liberté au niveau du rendu des espèces, on s’est laché sur le Troodon avec ses plumes et sa couleur très flashy. |