Monstres Academy et le court Le Parapluie Bleu viennent de sortir en DVD et Blu-Ray. A cette occasion, nous vous proposons de replonger dans la production de ces deux projets en compagnie de Mathieu Cassagne, qui fait partie de l’équipe lighting du studio Pixar. |
Il revient pour nous sur son travail sur les deux films, mais aussi sur les techniques utilisées et l’impact des nouveaux outils. Nous tenons également à remercier Disney / Pixar qui nous a permis de vous proposer des visuels inédits des coulisses du projet. |
Extrait du court Le parapluie Bleu
3DVF : Pour commencer, quel est ton parcours ? Mathieu Cassagne : Après le bac je suis allé aux USA, une très bonne idée puisque cela m’a permis par la suite d’avoir un bon niveau d’anglais, et donc de faciliter les entretiens. J’ai ensuite fait un an aux Beaux-Arts à Aix en Provence, un an à l’ECV (une école de graphisme), toujours à Aix, puis deux ans à Supinfocom Valenciennes dont je suis sorti en 2001. J’ai ensuite travaillé 4 ans à Genève où avec des amis j’étais à la base d’un département 3d d’une agence de publicité. Un voyage au SIGGRAPH m’a permis en 2005 de décrocher un entretien avec DreamWorks, et je suis entré chez PDI à San Francisco. Après 3 ans sur place, j’ai voulu changer et j’ai frappé à la porte de Pixar ; et voilà, j’y suis depuis 5 ans. |
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Tu as travaillé sur des longs-métrages comme Monstres Academy, des courts comme Le Parapluie Bleu. En termes de moyens, conditions de travail, est-ce qu’il y a une grosse différence ? Non, ça reste assez semblable. La technologie et l’infrastructure sont identiques, par contre l’équipe est évidemment plus réduite : une quinzaine de lighters sur le court, et sur Monstres Academy une trentaine voire un peu plus. |
Crédit : Disney / Pixar
Quel a été ton travail sur Monstres Academy ? Sur Monstres Academy, le directeur de la photographie [Jean-Claude Kalache, NDLR] m’a confié plusieurs plans, certains de nuit dans la forêt et d’autres de jour dans une séquence sur le campus. Dans la séquence sur le campus j’ai travaillé sur pas mal de plans dont un plan « one off » où la camera fait un mouvement à 180 degrés avec pas mal de personnages et des journaux accrochés partout. Je me souviens avoir passé beaucoup de temps avec le shading departement pour rendre les journaux bien visibles. |
Sur ce plan j’ai presque dû créer deux setups de lights pour matcher la vision du réalisateur. J’ai ensuite travaillé sur la transition du passage d’un côté du campus à l’autre en animant quelques ombres et lumières. Dans Nuke j’ai également animé des effets de bloom et ajouté un petit lens flare au milieu. C’était sympa de pouvoir proposer des idées sur ce gros plan malgré le fait que je sois arrivé vers la fin du projet, où généralement tout est un peu plus stressant. |
Crédit : Disney / Pixar
Crédit : Disney / Pixar
Le travail dans la forêt de nuit était complètement différent : là où sur le campus il fallait tout voir et faire en sorte que tout soit visible, dans la foret il fallait jouer sur le côté angoissant, isolé, abandonner des détails dans les ombres et avoir des endroits fortement éclairés par les lampes des gardes forestiers. . |
Au niveau lighting ce jeu de contrastes était très intéressant tout comme trouver la juste balance sur l’éclairage de Mike et Sully et comment les rendre visibles tout en les gardant cachés. C’était un peu plus subtil comme approche. |
Crédit : Disney / Pixar
Crédit : Disney / Pixar
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Et sur Le Parapluie Bleu ? J’étais lead sur Le Parapluie Bleu. Je suis arrivé dès le début du projet. J’ai travaillé aux côtés du directeur de la photographie Brian Boyd : on a finalisé le look des reflets d’eau dans la ville, j’ai également beaucoup travaillé sur les 3 différents types de pluies que l’on retrouve à travers le film. J’ai aussi mis en place le rig d’une grosse majorité des diverses lumières de la ville, lampadaires et autres ; j’ai ensuite créé une librairie de lumières bakées dans différentes géométries de lampes, que chaque lighter pouvait importer dans sa scène et placer où il voulait. |
Images ci-dessus et ci-dessous : librairie de lumières, reflets d’eau et mise en place de l’éclairage dans la ville.
Crédits : Disney / Pixar
La manière dont nous avons travaillé sur ce projet était plutôt révolutionnaire pour le studio du fait que l’on a utilisé Nuke de manière plus intense, et aussi parce que l’on a utilisé pour la première fois une toute nouvelle librairie de lumières de shaders. Quelles références as-tu utilisé ? Il me semble que Saschka Unseld avait en tête certains films de Wong Kar Wai… J’ai approché ces plans de manière plutôt graphique, je voulais conserver ce côté réaliste tout en laissant l’image respirer, je voulais essayer d’isoler des éléments de l’image tout en laissant d’autres complètement disparaître dans les ombres ou à l’extérieur de l’action principale. |
J’ai essayé de jouer sur ce côté silhouette / ombres chinoises pour la foule en jouant principalement sur les hautes lumières de leurs parapluies humides pour créer une espèce de fourmillement et conserver cet effet de masse impersonnelle. Pour les phares des voitures j’ai utilisé des rect area light parentées aux voitures. Pour ce qui est du fog volumetric dans les phares des voitures j’ai tout fait dans Nuke, j’ai créé différents cônes de lumière avec différentes atténuations que j’ai ensuite parentées aux voitures. J’ai également créé une passe de réflexion séparée pour le sol que j’ai recomposée dans Nuke. Pour ces plans là, tout était rendu en une passe à part quelques petits détails. J’ai beaucoup utilise Nuke pour faire du color grading et quelque effets de bloom pour amplifier ce côté humide et visuellement plutôt graphique. J’ai essayé de cadrer mon image et jouant avec un fort contraste et pas mal de variation au niveau de la saturation des couleurs et la transition entre les tons tout en jouant beaucoup avec le fall off de chaque lumière ; j’ai également splitté et triché quelques ombres pour renforcer la structure de l’image et sa lisibilité. Le setup de ligthing est plutot simple finalement, quelques rect area lights et très peu d’irradiance ou même pas du tout. |
Crédit : Disney / Pixar