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IA : le secteur du doublage contre-attaque #TouchePasMaVF

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L’essor de l’intelligence artificielle provoque des débats houleux dans le secteur de l’image numérique, mais d’autres domaines sont évidemment aussi touchés : on l’a par exemple vu l’an passé avec la grève des scénaristes aux USA.

Le secteur du doublage risque lui aussi d’être affecté, qu’il s’agisse de doublage classique de films, séries ou jeux vidéo, mais aussi d’audiodescription. Cette probabilité est évidemment encore plus forte dans ce dernier cas, puisque l’audiodescription ne nécessite qu’une voix neutre, donc facile à gérer avec des voix issues d’intelligences artificielles génératives.

Le SFA (Syndicat Français des Artistes interprètes) et l’association professionnelle LESVOIX ont donc décidé de mettre en lumière cet enjeu auprès du grand public via une pétition et le hashtag #TouchePasMaVF, qui visent à interpeler les pouvoirs publics. Le texte dénonce d’ailleurs un gouvernement qui « reste sourd à [leurs] demandes, en prétextant l’urgence de développer des outils français et européens, face aux géants américains et chinois ».

La pétition est disponible sur Change.org, et a récolté environ 15 000 signatures à l’heure où nous publions cet article.
Des artistes bien connus la soutiennent, comme l’actrice Brigitte Lecordier (Oui-Oui, Son Goku, Son Gohan,Trunks, C18…).

Concrètement, la pétition réclame notamment plus de transparence, avec une mention claire pour le public lorsque de l’IA est utilisée, et la possibilité pour les ayants droits de pouvoir autoriser ou non les IA à s’entraîner sur leurs oeuvres.
La pétition invite aussi les pouvoir public à conditionner les aides au respect de ces conditions, et à mettre en place un système de quota d’oeuvres ne faisant pas fait appel à l’IA.

Notons que nous avions déjà abordé ce sujet dans notre interview de Véronique Augereau et Philippe Peythieu, connus notamment en tant que voix et Marge et Homer Simpson.

00:00 – Intro, rôles marquants
01:12 – IA, quel impact ?
01:33 – IA : Des Simpson à Pétain
03:02 – progrès des IA, audiodescription, grèves aux USA
05:30 – Impact des plateformes ?
07:39 – Collaboration avec l’ESMA
11:45 – VF récente favorite ?

Voici pour finir le texte complet de la pétition #TouchePasMaVF :

Pour un doublage créé par des humains pour des humains

Vous êtes francophones et curieux des œuvres et de la culture, d’où qu’elles viennent ? Vous appréciez la qualité des versions françaises des séries et films documentaires et de fictions, produits pour la télévision, les plateformes ou le cinéma ? Vous aimez jouer à des jeux vidéo, écouter des podcasts et des livres audio enregistrés en langue française ?
L’audiodescription vous permet de profiter pleinement des œuvres ?
Savez-vous que les versions françaises de ces œuvres sont interprétées par des artistes ?

Des professionnel·les expérimenté·es, capables de vous apporter la richesse et la complexité de l’interprétation originale, grâce aux nuances et aux émotions qu’ils et elles savent adapter et interpréter en langue française, avec toutes ses spécificités ? Ces artistes, ainsi que les auteur·ices et les technicien·nes de grand talent qui travaillent ensemble, forment une industrie dont la qualité est reconnue mondialement.

Nous sommes ces professionnel·les et nous sommes en danger. 

Nous risquons d’être parmi les premier·es à être remplacé·es, à très court terme par les outils de l’intelligence artificielle générative (IAG), capables de traduire, cloner, synthétiser des textes, des voix, des interprétations et des émotions avec une similitude étonnante. Nous sommes en première ligne car le traitement des données vocales nécessite moins de puissance de calcul que l’image. 

Nous savons cependant que des technologies se développent pour générer des séquences ou des films entiers avec des « acteurs synthétiques », non pas pour des œuvres d’animation ou de science-fiction, mais pour remplacer des êtres humains dans tous les genres.

Les personnages fabriqués par les ordinateurs sont plus flexibles, plus maniables et, à terme, bien moins chers ! Dans tous les domaines, nombreux sont les métiers menacés de disparition. Certaines études font état, à moyen terme, du risque de disparition de dizaines de millions d’emplois à travers le monde !

La substitution de l’humain par la machine est un danger pour la culture. 

L’émotion, la complexité, la beauté de l’expérience humaine véhiculées par la voix et le langage, ne peuvent être générées par les modèles d’intelligence artificielle. Si puissants et raffinés qu’ils soient, les algorithmes ne peuvent façonner que des simulacres et peuvent, si on n’y prend garde, renforcer des biais de discriminations présents dans les contenus dont ils se nourrissent. Nous protestons contre cette course effrénée vers le profit. 

À quoi cela mène-t-il ? Les moteurs d’intelligence artificielle générative sont aujourd’hui alimentés par le moissonnage, que nous jugeons illégitime, des œuvres sur lesquelles nous travaillons. À terme, l’IA sera de plus en plus nourrie par des contenus générés antérieurement par d’autres IA, c’est à dire, par elle-même ! Comment ne pas voir dans ce mécanisme « consanguin » un terrible rétrécissement du spectre des œuvres de l’esprit ? Un risque inédit et grave d’homogénéisation, d’assèchement et d’appauvrissement culturel ? 

L’État doit agir pour protéger les artistes, les œuvres, la culture et l’emploi.

Il est du devoir des pouvoirs publics d’agir, non pour empêcher l’innovation, mais pour réguler le développement de l’IA générative de manière à protéger les artistes, les œuvres, la culture et l’emploi.

Le gouvernement reste sourd à nos demandes, en prétextant l’urgence de développer des outils français et européens, face aux géants américains et chinois. Mais ces mêmes pays, étonnamment, semblent plus prêts à réguler que le nôtre ! 

La transparence est le préalable indispensable. 

Il faut pouvoir identifier précisément les données d’apprentissage des machines. Il est indispensable que chacun·e, détenteur d’un droit sur une œuvre protégée ou simple citoyen·ne attaché·e à l’intégrité de ses données personnelles, puisse autoriser ou refuser de manière explicite l’utilisation de ses données et des œuvres dont il ou elle est titulaire d’un droit. Le public doit aussi être informé de la nature « synthétique » des programmes qu’il consulte, afin de savoir qu’ils ont été créés par l’IA. Cette information doit être délivrée de manière claire, visible et audible. 


La protection de l’emploi humain est le garant de la qualité des futures œuvres. 

Les aides publiques dans le domaine culturel, doivent être conditionnées au respect de ces contraintes ainsi qu’à l’emploi de travailleur·euses et d’artistes humain·es. De même, il est nécessaire d’imposer aux diffuseurs (radios, télévisions, plateformes et sites internet) opérant sur le territoire français, des quotas d’œuvres et de contenus créées par l’intelligence artistique humaine. 

En signant cette pétition, je veux continuer à apprécier les œuvres audiovisuelles du monde entier dans des versions françaises de qualité, créées par des humain·es, pour des humain·es. Ainsi, je joins ma voix à celles des artistes interprètes afin de défendre la création humaine contre la manufacture artificielle.

SFA – Syndicat Français des Artistes interprètes
et l’association professionnelle LESVOIX

1 commentaire

fake 15 janvier 2024 at 12 h 36 min

leur demarche est bien….cependant je pense qu il est trop tard

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