Grève des actrices et acteurs - SAF-AFTRA
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Actrices et acteurs rejoignent la grève des scénaristes : causes et conséquences du mouvement

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Image d’en-tête : Fran Drescher, présidente de la SAG-AFTRA (et connue entre autres pour son rôle dans la série Une Nounou d’Enfer), annonçant le début de la grève des actrices et acteurs après l’échec des négociations. L’intervention complète est disponible en vidéo.

L’année 2023 sera historique dans l’histoire d’Hollywood : alors que les scénaristes sont en grève depuis mai dernier, le très puissant syndicat SAG-AFTRA (Screen Actors Guild – American Federation of Television and Radio Artists) a également lancé un mouvement social et rejoint donc le syndicat des scénaristes, la Writers Guild of America.
Autrement dit : actrices et acteurs sont aussi en grève.

Même cause, même effets : comme les scénaristes, actrices et acteurs réclament une meilleure rémunération, soulignant notamment que l’essor du streaming affecte le système de residuals, et souhaitent des garanties face aux IA et leurs usages.

Les causes du malaise

Les residuals, pour rappel, sont un système mis en place dans les années 60 qui permet à ces métiers d’obtenir des revenus à long terme : des paiements leur sont versés lors de la rediffusion de films et séries, lors des sorties en Blu-Ray, etc. Le montant dépend des audiences/ventes associées. Ces residuals ne sont pas versés à l’ensemble des scénaristes, actrices, acteurs : il faut être crédité et avoir un contrat s’appuyant sur les clauses misées en place par les syndicats.

Le calcul (complexe) des residuals sur les services comme Netflix ou Disney+ ne repose pas sur l’audience mais est notamment basé sur le nombre d’abonnés au service, comme l’explique la WGA (Writers Guild of America, syndicat des scénaristes). Un film qui fera un carton d’audience sur Netflix ne rapportera donc pas plus qu’un long métrage vu par une poignée d’abonnés. Un changement radical par rapport à la télévision classique qui fait fondre les montants, dénoncent les syndicats.

D’où la demande de renégociation. Le Washington Post souligne que les montants en jeu étaient de toutes façons déjà assez faibles. En revanche, l’actrice Sanaa Lathan souligne dans le même article que ces revenus permettaient d’aider les actrices et acteurs à payer leurs factures tout en enchaînant les castings : de quoi tenir entre deux rôles, donc.

L’autre point majeur de cette grève, ce sont évidemment les usages de l’intelligence artificielle en l’absence de régulation. Les scénaristes ont peur que ces technologies viennent rogner leur métier : par exemple, qu’une équipe de plusieurs scénaristes sur un projet soit réduite et en partie épaulée par de l’IA. Les actrices et acteurs, de leur côté, craignent que leur voix et apparence ne soient utilisées dans des conditions problématiques, que ce soit en termes de consentement d’usage (choix des projets dans lesquels la doublure sera employée) ou de rémunération.

Enfin, la SAG-AFTRA évoque aussi d’autres points noirs : les plans de couverture sociale ou retraite qui s’effritent, ou encore la pratique répandue depuis le Covid de demander aux actrices et acteurs d’envoyer des auditions filmées au lieu de se déplacer physiquement : les coûts associés à ces captations peuvent être importants.

Un des nombreux piquets de grève, à New York.

Conséquences de la grève des actrices et acteurs : productions à l’arrêt, impact à venir sur les autres métiers

Nos confrères de Variety et du Hollywood Reporter ont listés les principaux films qui ont stoppé leur tournage en raison de la grève.

On y trouve par exemple Deadpool 3, Gladiator 2, Mission impossible : Dead Reckoning, partie 2, Lilo & Stitch, Venom 3.

Bien entendu, l’arrêt du travail des actrices et acteurs, et la grève durable des scénaristes, auront des conséquences très concrètes sur d’autres branches de l’audiovisuel. Par exemple, si un tournage de film à effets visuels s’arrête, il n’y a plus de nouveaux plans à truquer par les studios VFX. De même, une série animée ne peut plus avancer si le casting vocal est en grève.
On peut donc s’attendre à des conséquences très concrètes, dont l’importance dépendra de la durée de la grève. Libération souligne que les demandes de tournage à Los Angeles ont chuté de 63% par rapport à l’an passé.

La colère est notamment attisée par les déclarations de Bob Iger, qui dirige Disney. Celui-ci a déclaré que les demandes des syndicats étaient « irréalisables », en mettant en avant les contraintes financières du secteur et les conséquences de la pandémie. Un discours qui a évidemment eu du mal a passer, d’autant plus lui-même touche 27 millions de dollars par an en tant que dirigeant de Disney. Les salaires des autres dirigeants de studios, également mirobolants, accentuent ce ressentiment.

Liste des salaires des dirigeants les mieux payés d’Hollywood, compilée par MSNBC et relayée par la Writers Guild of America.

Si la durée de la grève est incertaine, ses conséquences sont dès à présent très visibles : le casting d’Oppenheimer de Christopher Nolan a par exemple déserté la promotion du film. La même scène se répètera pour d’autres films, et les Emmy Awards en septembre pourraient également être annulés.

Le mouvement social est en tous cas dès à présent historique : il s’agit de la première double grève des syndicats (scénaristes et actrices/acteurs) depuis 1960.

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