3DVF : Pierre, encore merci pour ce moment en ta compagnie ! Pour commencer, comment s’est déroulée la mise en chantier du second film par rapport au travail qui avait été réalisé (et notamment ce qui n’avait pas été utilisé) pour le premier Moi,Moche et Méchant ?
Pierre Coffin : Je travaillais sur le ride (Minion Madness pour les parcs Universal) quand Chris Meledandri, le producteur, nous a parlé de Moi, Moche et Machant 2 pour la première fois. Et je dois avouer que je n’étais pas vraiment emballé. Le cœur émotionnel du premier film étant les filles, elles ne pouvaient l’être de nouveau pour la suite. On nous a donc pitché à Chris Renaud et moi-même, un personnage féminin, dont Gru le héros devait tomber amoureux, et le film devait se terminer par un mariage. Beurk…
En contrepartie, Renaud avait des idées pour que le film soit plus axé film d’espionnage, Éric Guillon (le directeur artistique) avait des idées par rapport à des organisations secrètes (force du bien et du mal), et moi je voulais que les minions fassent partie intégrante du récit et pas juste des parenthèses comiques comme dans le premier film.
3DVF : Dans DM2, Gru semble donc être devenu un gentil et reprend du service pour sauver le monde d’un nouveau supervilain. Comment a été décidé le pitch de ce nouvel épisode ? Quelles autres pistes avez-vous explorées ?
Pierre Coffin : Il est devenu gentil oui, mais en même temps il n’était pas bien méchant, il faut l’avouer. Pour que le film soit bien différent du premier il fallait que l’on prenne l’histoire plus tard, par exemple un an ou deux après le premier. On ne voulait pas refaire le premier film avec des gags améliorés. Donc nous avons pris une approche « Terminator 2 ». Gru serait embauché par les gentils, contre son gré tout d’abord, puis avec un certain plaisir. Les conflits et les gags découlent du caractère de Gru, qui lui n’a pas changé. Il bosse pour les gentils, mais garde son côté borné, de mauvaise foi, et grincheux, qui contraste de manière comique avec Lucy et Silas.
3DVF : Justement, comment ont été-vous conçu les nouveaux personnages que sont Lucy Wilde, Eduardo ou encore Silas Ramsbottom ?
Pierre Coffin : Sila a été designé par Carter Goodrich, et tous les autres sortent de l’imagination d’Éric Guillon. Tout cela a été pour lui d’une facilité déconcertante. Autant de talent concentré dans une personne aussi sympa et professionnelle est très énervant…
3DVF : Peux-tu nous parler de la collaboration avec Chris Renaud et les États-Unis au quotidien ?
Pierre Coffin : Nous avons trouvé un bon équilibre avec Chris. On s’est réparti les tâches comme sur le premier. Il s’est occupé du story-board et de l’histoire (discussion avec les scénaristes et le producteur), et je me suis occupé de l’animation. J’ai tenté de faire en sorte que tout sonne juste, que rien ne soit sur joué, et que les gags fonctionnent. Mes deux directeurs d’animation (Pierre Leduc et Bruno Déquier) ont fait un super boulot en ce sens. J’espère que ça se voit…
3DVF : Oui, ça se voit ! Un autre point, suite à la sortie du premier film, tu nous avais expliqué que le moteur de rendu avait pas mal évolué pour le projet. Y a-t-il eu de nouveaux développements techniques majeurs sur cette production ?
Pierre Coffin : La grosse différence converne la démocratisation de l’illumination globale. Toutes les couleurs rebondissent les unes sur les autres et le résultat est non seulement juste, mais également plus riche.