Mickey - Steamboat Willie dans le domaine public
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Mickey arrive dans le domaine public : voici les limites à respecter, et les premiers projets non liés à Disney

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Enfin ! Alors que Disney fête un siècle d’existence, Mickey et Minnie entrent dans le domaine public. Mais avec quelques limites.

95 ans d’attente

Rappelons qu’aux USA, les œuvres créés entre 1928 et 1977 restent protégées après leur première diffusion, avec un copyright durant 95 ans.
Résultat, les courts-métrages Steamboat Willie et Plane Crazy des studios Disney sont désormais libres de droit. Et avec eux, les personnages qu’ils contiennent.

Cette annonce peut surprendre, notamment en France où la loi prévoit en théorie une protection des œuvres durant les 70 années suivant la mort d’un artiste. On pourrait donc penser que Mickey serait encore protégé dans ce genre de situation. Cependant, le droit international prévoit une « règle du terme le plus court » : en résumé, à partir du moment où une œuvre n’est plus protégée dans son pays d’origine, elle ne l’est plus ailleurs non plus, peu importe la loi locale.

Steamboat Willie, oeuvre désormais libre de droits

Mickey dans le domaine public : des limites importantes

Attention cependant à ne pas vous lancer sans réfléchir dans un film mettant en scène Mickey, puisque plusieurs limitations sont présentes.

Tout d’abord, seuls les designs de ces premiers courts sont désormais dans le domaine public : utiliser une version plus tardive vous exposerait aux foudres de Disney, qui compte bien protéger la version moderne de ses souris.

Mickey et Minnie devant le château de Cendrillon : ces versions ne sont pas dans le domaine public.
Crédit : Disney – tous droits réservés
Une partie des versions de Mickey, compilées par Jennifer Jenkins.
La célèbre version de Fantasia (1940) est par exemple toujours protégée.
Versions de 1929 et au-delà : Disney – tous droits réservés

En outre, il est interdit d’utiliser les personnages d’une manière qui pourrait faire croire que les œuvres créées sont issues de Disney, ou validées par Disney. Si votre future série animée mettant en scène Mickey et Minnie en pirates de l’espace peut tromper le public et faire croire qu’il s’agit d’un projet Disney, le groupe pourra vous attaquer.

Notez aussi que Mickey reste une marque, mais que le droit américain est assez clair sur le sujet : le droit des marques ne peut pas servir à bloquer les expirations de copyright. Disney ne pourra donc pas se servir de ce point pour attaquer des projets tiers.
Pour plus de détails, nous vous invitons ici à consulter l’article publié par Jennifer Jenkins, directrice du Center for Study of the Public Domain. Vous y trouverez aussi des informations sur l’usage du nom « Mickey Mouse ».
L’idée générale : assurez-vous qu’aucune confusion n’est possible entre votre œuvre et Disney. Par exemple en indiquant clairement l’artiste ou studio associé au projet, comme nous allons le voir dans la suite.

Mickey dans le domaine public - règles
Un résumé des limitations actuelles.
Jennifer Jenkins & Sean Dudley – CC-By-4.0

Déjà de premiers projets commerciaux

Le jeu Infestation 88, dont la bande-annonce a été dévoilée le 1er janvier juste après l’expiration du copyright, est un bon exemple de ce qu’il est possible de faire.

Il s’agit d’un jeu de Nightmare Forge Games, qui s’offre un joli coup de pub en mettant en scène Mickey dans un projet horrifique. On notera les précautions prises : un message texte au début de la bande annonce souligne l’inspiration du design issu du domaine public, insiste sur le fait que le projet n’est pas lié aux auteurs originaux ni à une société tierce (et donc pas lié à Disney). Par ailleurs, le studio a choisi de ne pas citer explicitement le nom de Mickey, ni celui de Disney.
Nightmare Forge Games a manifestement voulu opter pour l’approche la plus sûre possible, avec une insistance peut-être excessive, mais qui lui évitera tout souci légal. Le jeu sortira en 2024 via Steam.

Autre exemple, Mickey’s Mouse Trap, un futur film d’horreur lui aussi prévu pour cette année. Il mettra en scène un tueur déguisé en Mickey Mouse.
La réalisation est signée Jamie Bailey. Le Hollywood Reporter évoque une possible sortie en mars, même si à ce stade on ne sait pas si un distributeur ou une plateforme sont impliqués.

Ici encore, le choix a été fait de prendre des précautions claires. La bande-annonce a été mise en ligne sur le compte Youtube de l’acteur Simon Phillips (qui joue dans le film), et la description précise explicitement que le projet n’a aucun lien avec Disney.

On peut s’attendre à voir progressivement apparaître d’autres projets utilisant Mickey.

Mickey à la sauce IA : attention aux limites

Du côté des IA génératives, on voit également les premières initiatives avec par exemple un modèle dédié sur Hugging Face, qui peut générer des images à partir des designs de 1928. Attention toutefois, comme précisé sur la page, vérifiez bien que le résultat respecte les règles de copyright. Même chose pour vos créations personnelles : générer un Mickey par IA à partir des designs de 1928, mais avec un costume de magicien à la Fantasia n’est pas autorisé.

Mickey dans le domaine public - image générée par IA
Image créée avec Hugging Face et le modèle issu des courts du domaine public

On notera au passage que Pierre-Carl Langlais alias Alexander Doria, à l’origine de ce modèle Hugging Face, en a profité pour explorer les affiches d’époque, qui semblent établir que la présence des célèbres gants dès 1928. Ce qui rendrait donc possible l’usage d’un Mickey ganté, malgré le fait que les courts de 1928 le mettent en scène sans les fameux gants.

Le domaine public, au coeur de l’inspiration de Disney

Précisons enfin que si Disney a longtemps cherché à combattre cette entrée de Mickey dans le domaine public, avec un lobbying intense qui a contribué à l’extension du copyright aux USA, le domaine public lui a aussi été très bénéfique. Blanche-Neige, La Petite Sirène ou même La Reine des neiges sont par exemple des films directement inspirés de contes du domaine public.

La fin du copyright des premières apparitions de Mickey n’est finalement qu’un juste retour des choses, pour une entreprise qui a su adapter et réutiliser des classiques pour créer des œuvres nouvelles.

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