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VFX : le point sur l’industrie en France, les chiffres, tendances 2024 et JO

Durant le PIDS 2024, deux conférences ont permis de faire le point sur l’état de l’industrie des effets visuels en France, et sur les tendances à venir. Enquête rétrospective, impact des grèves aux USA, JO, féminisation, salaires : de quoi y voir plus clair.

VFX français : un secteur dynamique

Dans un premier temps, la traditionnelle enquête CNC-Audiens (disponible en ligne) a permis de porter un regard rétrospectif sur le secteur. Précisons en effet que, délai de traitement des données oblige, ce sont les chiffres 2022 qui étaient présentés.
Les perspectives à venir seront tout de même évoquées plus bas dans cet article, grâce à la conférence qui suivait.

Autour de la table pour la première table ronde :

  • Sophie Jardillier (Directrice adjointe des études des statistiques et de la prospective, CNC)
  • Thomas Bohlay (Responsable des études, AUDIENS)
  • Stéphane Bedin (Délégué général adjoint, FICAM)
  • Olivier Emery (CEO, Trimaran + Co-président, France VFX)
  • Modérateur: Yann Marchet (Délégué général, PIDS ENGHIEN)

Le CNC et Audiens nous ont dressé un portrait assez positif de l’état des effets visuels français, évoquant une « montée en puissance » au fil des ans.
L’étude souligne que les longs-métrages d’initiative française ont fortement recours aux effets visuels : plus de 85% de ces films y avaient recours en 2022.

Les effets visuels sont donc désormais la norme, mais les montants associés restent faibles dans l’ensemble. L’enquête souligne toutefois « une relocalisation en France des productions les plus ambitieuses ».

Un autre objectif de l’enquête était de vérifier l’impact du crédit d’impôt international (C2I) en faveur des oeuvres riches en effets visuels sur l’attractivité du secteur : ici, le CNC se félicite des résultats, le nombre de projets éligibles ayant explosé. Reste cependant à voir quelle sera l’évolution dans les années à venir, d’autant plus avec les incertitudes sur la pérennité du dispositif.

La concentration se poursuit

Le rapport dénombre 68 entreprises actives dans le secteur des effets visuels en France en 2022, 2 de moins qu’en 2021. Il s’agit aussi, et surtout, du plus bas niveau depuis une décennie.

En revanche, le nombre de salariés a retrouvé le niveau de 2017, et on constate une explosion de la masse salariale, qui passe à 90,4 millions d’euros en 2022 : un volume qui a doublé en 10 ans. L’allongement des carrières explique une bonne part cette évolution.

La conclusion globale de l’étude est claire : la concentration de l’industrie se renforce autour d’une poignée d’entreprises. Les 5 plus grandes sociétés recensées concentrent 58% de la masse salariale, un chiffre en croissance continue ces dernières années.

Cette concentration est aussi géographique, même si cela tend à diminuer : les 3/4 des entreprises ayant une activité VFX sont en Ile-de-France, contre 79,5% en 2019.

Attention cependant, une limite de cette carte est qu’elle se base sur les sièges sociaux des studios, ce qui invisibilise les branches locales en région.

CDI, allongement des carrières

En ce qui concerne la typologie des contrats, l’étude montre que le nombre de postes permanents grimpe, avec « une part de contrats permanents en hausse sur la décennie, avec plus d’un quart de salariés permanents et plus de 20% en CDI en 2022« . L’essentiel des contrats reste composé de CDDU (intermittents).

Une lente féminisation

La féminisation du secteur se poursuit. L’enquête dénombre un peu plus de 1300 femmes en 2022, soit environ 34% des effectifs : c’est bien plus qu’il y a une décennie, mais l’augmentation reste lente.

Autre point à souligner, cette féminisation ne se retrouve pas forcément partout : la proportions de femmes dans les CDI tend à baisser.

On notera aussi que le ratio varie selon le métier. Les femmes sont davantage présentes en production, et seuls trois métiers s’approchent de la parité.

Féminisation : et les salaires ?

L’enquête indique également que les femmes touchent en moyenne un salaire 11% plus faible que les hommes dans les métiers techniques, mais CNC et Audiens veulent garder une certaine prudence, soulignant que les femmes sont en moyenne plus jeunes, ce qui explique au moins une partie de l’écart.

Il serait intéressant, de réaliser un comparatif pour un même métier et un même niveau d’expérience, afin de vérifier si un écart subsiste. On espère donc que les futures analyses CNC – Audiens se feront plus précises.

Réactions

Face aux conclusions de l’étude, le reste du panel a apporté son éclairage, et donné les tendances pour 2024.

Olivier Emery (dirigeant du studio Trimaran et co-président de France VFX), a évoqué une hausse sensible des salaires depuis 2021, à la fois car les projets ont brassé plus d’argent, et en raison d’une pression accrue du côté de l’emploi : augmenter les salaire étant alors un moyen de recruter dans une situation où trouver les talents était difficile.
Il a aussi évoqué une stagnation des salaires entre 2005 et 2020, une situation qu’il qualifie d’anormale.

les principales conclusions de l’étude

Et 2024 ?

La table ronde suivant la présentation de ces chiffres a permis d’aller plus loin. Elle portait sur les perspectives des studios situés en France par rapport au marché mondial des VFX. Autour de la table, MPC, The Yard, Rodeo FX, Light, le CNC ont apporté leur éclairage. Etaient sur place :

  • Béatrice Bauwens (Directrice VFX & Post-production, MPC Paris & Co-Présidente France VFX)
  • Laurens Ehrmann (CEO, The Yard)
  • Isabelle Langlois (VP Senior – Productrice exécutive, Rodeo FX)
  • Antoine Moulineau (CEO – VFX Supervisor, LIGHT)
  • Daphné Lora (CNC – Film France – Cheffe du service de l’attractivité)
  • Modérateur: Yann Marchet (Délégué général, PIDS ENGHIEN)

La grève des acteurs et celle des scénaristes ont évidemment été évoquées. Certains studios ont été affectés, d’autres absolument pas, d’autres encore ont vu des projets être décalés. The Yard, qui travaille très fortement à l’international et est donc un des studios les plus susceptibles d’être touchés, précise que le volume de projets a tout de même permis de conserver les artistes de l’équipe.

L’avenir semble plus ensoleillé : Laurens Ehrmann indique qu’il négocie déjà des projets pour 2025. Plus largement, l’été 2024 sera sans doute accompagné d’une reprise, mais il faut garder de la prudence : la reprise des tournages s’accompagne aussi d’une collision entre les plannings des actrices et acteurs.

Rodeo FX a une vision positive de l’avenir : pour Isabelle Langlois, la France suit le chemin de Montréal avec les crédits d’impôts, et son essor devrait se poursuivre.

Laurens Ehrmann rappelle toutefois que la situation a évolué depuis la fin du confinement : là où la débauche de projets pour les plateformes était très favorable à l’émergence de nouvelles entités sur le marché international, les nouveaux entrants font désormais face à un marché des plateformes en repli, les investissements ayant chuté.
Il pense par ailleurs que l’arrivée en France de studios étrangers (Rodeo FX, One of Us, Milk) va se poursuivre. Peut-être aussi de quoi voir revenir des talents français qui étaient partis à l’international.
Béatrice Bauwens de MPC/France VFX conforte ce sentiment d’un secteur en mutation.

Quid des Jeux Olympiques ?

L’impact des JO a fait débat. Daphné Lora du CNC a évidemment évoqué les conséquences sur les tournages en région parisienne, puisque les autorisations vont se tarir : vu l’afflux de touristes et les restrictions de circulation, impossible de poursuivre les tournages de façon classique. Elle a souligné les efforts du CNC pour attirer les tournages dans d’autres villes, y compris pour créer une ambiance parisienne : immeubles au style haussmannien dans d’autres métropoles, usage des plateaux virtuels et des VFX, le CNC cherche à souligner les alternatives.
Béatrice Bauwens, elle, a souligné que les JO ont déjà un effet : il y aura moins de sortie pendant qu’ils auront lieu, et donc par anticipation, des films ne se font actuellement pas.
Laurens Ehrmann a de son côté souligné que The Yard a un avantage à faire jouer : durant le confinement, leurs équipes ont pu travailler sur la numérisation d’une dizaine de grands monuments parisiens, qui seront donc utilisables pour les projets ne pouvant pas tourner autour des vrais lieux mythiques de la ville.

Nous suivrons évidemment de près les évolutions du secteur dans les mois à venir.

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