The Spy Dancer
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Annecy 2023 – les secrets de Star Wars Visions avec Studio La Cachette !

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A l’occasion du Festival d’Annecy 2023, une conférence revenait sur les coulisses de la saison 2 de la série animée Star Wars Visions, diffusée sur Disney+. Rappelons le concept de la série : une anthologie d’épisodes animés dans des styles variés, indépendants les uns des autres, chacun étant confié à un studio différent. De quoi apporter une fraîcheur visuelle bienvenue dans cet univers.

Nous étions notamment curieux d’en savoir plus sur L’espionne qui dansait/The Spy Dancer, tout droit venu de Studio La Cachette. On doit notamment à ce studio parisien le projet de série Mehdi – Avis de passage, un épisode de Love, Death & Robots, la série Primal de Genndy Tartakovsky, ou encore les séquences 2D du film d’animation Mune.

L’espionne qui dansait met en scène un cabaret dans lequel se réunissent les stormtroopers. Ils ne savent pas qu’en coulisses, l’équipe qui tient le cabaret est composée de rebelles…

The Spy Dancer - Star Wars Visions

Une histoire inspirée du passé de Paris

Julien Chheng, réalisateur de l’épisode et cofondateur de Studio La Cachette, nous a tout d’abord parlé du scénario. Gabrielle D’Andrimont et lui se sont inspirés des débuts de la seconde guerre mondiale. A l’époque, Paris était occupée par l’armée allemande, et des cabarets parisiens servaient de lieux de détente pour les militaires.

Lucasfilm recut le pitch et un concept, puis valida le projet. L’équipe commença alors à faire des recherches plus approfondies pour trouver l’environnement parfait. Le choix se posa sur la colline Montmartre et son atmosphère. D’où, par exemple, le fait que le cabaret de l’épisode est situé en hauteur.

The Spy Dancer - Star Wars Visions

Comme toute l’action se passe dans le cabaret, il s’agissait évidemment d’un lieu clé qu’il fallait absolument réussir. L’équipe s’est inspirée de lieux comme le Grand Palais à Paris : architecture en hauteur, du verre, une structure métallique. L’architecte Hector Guimard fut une autre inspiration : figure importante du mouvement Art Nouveau, il a notamment créé les entrées des premières stations du métro parisien. Ces inspirations expliquent la présence de courbes et métaux tant pour le cabaret que pour les props.

Julien Chheng a également expliqué l’agencement du cabaret, avec une sorte de « nid » au milieu et en hauteur dans la grande salle. Là, les rebelles peuvent se cacher et espionner les stormtroopers situés plus bas.

Star Wars Visions - Annecy 2023
Le panel Star Wars Visions au Festival d’Annecy 2023, avec de gauche à droite :
Paul Young (Cartoon Saloon), Gabriel Osorio (Punkrobot Studio), Julien Chheng (Studio La Cachette), Clémence Bragard (modération)

Une danse éblouissante

En ce qui concerne la danse, elle se devait d’être divertissante et fascinante, hypnotisante pour les stormtroopers. Cela permet de placer discrètement des traceurs sur eux alors que leur attention se porte sur la danseuse. Julien Chheng nous a présenté le travail d’Arnaud Tribout, Kévin Roualland qui a permis d’obtenir le look final visible dans l’épisode. Il a également présenté des décors créés par Delphine Natal et son équipe pour le « spectacle rouge » : le moment où la danseuse réalise que l’officier qui a emporté son fils est peut-être dans la salle. L’intérieur du cabaret évoque alors un volcan, et la robe ressemble presque à des flammes.

The Spy Dancer - Star Wars Visions

Quid de la danseuse elle-même, et de son character design ? L’inspiration est ici venue de véritables danseuses comme Loïe Fuller (1862-1928), qui était célèbre pour ses robes longues. Elle est notamment au centre d’un film des frères Lumière, interprétant la Danse Serpentine qu’elle avait créée et dont les mouvements ont assez clairement servi d’inspiration pour l’animation (on pourra admirer ses performances en vidéo sur Wikipedia). Julien Chheng a précisé que d’autres artistes comme Joséphine Baker, Sarah Bernhardt ont aussi servi d’inspiration.

Loïe Fuller
Portrait de Loïe Fuller

En termes de design, l’équipe devait faire en sorte de trouver les bonnes formes. La robe devait devenir presque abstraite durant la danse. Seul le mouvement devait alors permettre de faire comprendre qu’un corps humain est caché derrière les drapés.

Julien Chheng a indiqué que le character design est au final plus réaliste que ce à quoi l’équipe Studio La Cachette est habituée, mais que la signature visuelle du studio reste là : des lignes simples, pas trop de détails. Encore une fois, c’est l’animation qui doit faire l’essentiel et combler les vides.

The Spy Dancer - Star Wars Visions

Vaisseaux et écriture

Nous avons également pu apprendre comment les vaisseaux et véhicules de l’épisode ont été conçus. L’artiste Ken Le Bras était en charge des concepts : son expertise sur Star Wars lui a par exemple permis de s’inspirer de vieux jouets des années 80 en éditions limitées.
Nous avons aussi découvert quelques concepts d’Arthur Blavier, qui a créé de nombreux props pour l’épisode.

Julien Chheng est ensuite revenu sur l’écriture. La fin était en place dès le départ, et l’épisode a donc été écrit à rebours. Certes, a indiqué le réalisateur, cette fin peut sembler un peu mièvre, mais il pense que « parfois, les idées doivent s’approcher du mièvre ou du léger afin de fonctionner », et qu’il « aime penser que l’amour peut être une arme puissante ».

The Spy Dancer

Une musique signée Olivier Derivière

Durant la session de questions du public, Julien Chheng a donné quelques informations sur la musique, signée Olivier Derivière. Le compositeur est surtout connu pour son travail dans le jeu vidéo.
En créant l’animatique, Julien Chheng avait inclus de nombreuses musiques temporaires, dont d’anciennes créations de Derivière. Mais ce dernier, après l’avoir reçu… A baissé le son, et n’en a pas tenu compte. Julien Chheng a alors opté pour se plier à cette approche, et a laissé le compositeur travailler comme il l’entendait. Une approche qui, a-t-il conclu, a été payante.

Un épisode Star Wars Visions à ne pas manquer

Pour conclure, Julien Chheng a insisté sur la gratitude qu’il a éprouvé : pouvoir travailler sur une telle licence 10 ans après la naissance de Studio La Cachette est une opportunité qu’il apprécie énormément. On peut aussi y voir une belle reconnaissance du travail des artistes. On notera enfin que Julien Chheng a très souvent cité les personnes ayant travaillé sur le projet : il a manifestement souhaité mettre en lumière l’ensemble de l’équipe.

L’espionne qui dansait/The Spy Dancer est dès à présent visible sur Disney+. Nous ne saurions trop vous recommander de découvrir ces deux saisons, qui permettent de découvrir des travaux de studios d’animation aux styles radicalement différents.

The Spy Dancer - Star Wars Visions - poster

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