Le Royaume de Naya
Accueil » Le Royaume de Naya : un conte animé venu d’Ukraine

Le Royaume de Naya : un conte animé venu d’Ukraine

Le voici enfin ! Le Royaume de Naya sort cette semaine dans les salles françaises, après une longue genèse. En 2017, le studio ukrainien Animagrad avait dévoilé le teaser de ce long-métrage d’animation lors du Festival d’Annecy.

Quelques années plus tard, le projet a donc abouti, Mavka – The Forest Song, devenant au passage Le Royaume de Naya en VF. Voici le synopsis et la bande-annonce, suivis de plus de détails sur l’animation, les influences ou encore le contexte de production particulier, le film ayant été finalisé en pleine guerre. Vous retrouverez également notre critique plus bas.

Par-delà les hautes Montagnes Noires se cache un royaume peuplé de créatures fantastiques. Depuis des siècles, elles protègent du monde des hommes une source de vie éternelle aux pouvoirs infinis. Jusqu’au jour où Naya, la nouvelle élue de cette forêt enchantée, rencontre Lucas, un jeune humain égaré dans les montagnes. À l’encontre des règles établies depuis des millénaires, ils vont se revoir, sans prendre garde aux conséquences qui s’abattront sur le royaume. L’aventure ne fait que commencer.

Animer Le Royaume de Naya, malgré la guerre

L’invasion russe a évidemment eu un impact sur la fabrication du film. Le studio Animagrad indique s’être rapidement réorganisé afin de poursuivre le travail, mais les équipes ont évidemment vécu des situations très difficiles. A partir de 3:33 dans la vidéo ci-dessous, des membres de l’équipe témoignent, évoquant barricades de fortune, occupation militaire russe, bombardements à proximité, perte de l’électricité et des communications, installation dans des caves sans eau potable… Le recul des troupes russes a finalement permis de reprendre le travail, mais au moment de la mise en ligne de cette vidéo en mai 2022, plusieurs membres du studio étaient encore déplacés, d’autres ayant rejoint l’armée ukrainienne.

Des influences ukrainiennes très présentes

Le Royaume de Naya est directement inspiré par la mythologie ukrainienne, puisque son héroïne est issue du folklore local. L’histoire a connu de multiples adaptations, notamment au théâtre et en ballet.
L’influence ukrainienne se ressent aussi visuellement et musicalement : on retrouvera par exemple de nombreux personnages avec des vychyvankas, des broderies traditionnelles. De même, la peau de Naya présente des motifs directement issus de symboles d’origine ukrainienne.

Le Royaume de Naya

La musique a de son côté été confiée, entre autres, au quatuor DakhaBrakha. Leur style reprend le patrimoine musical ukrainien tout en le modernisant et en expérimentant. Une bonne idée qui, là aussi, renforce l’identité du film.

Le Royaume de Naya

Enfin, l’héroïne du film, Naya, se devait d’être animée avec grâce. L’équipe du film a fait appel à Kateryna Kukhar, danseuse étoile de l’Opéra national d’Ukraine, pour que ses mouvements servent de référence. Ce choix a d’autant plus de sens que comme nous le disions plus haut, la légende de Naya/Mavka a fait l’objet d’une adaptation en ballet. Kateryna Kukhar est justement l’une des danseuses ayant interprété cette oeuvre sur scène.
En pratique, ces références visuelles filmées étaient une bonne idée : Naya y trouve une légèreté et une fluidité presque irréelles qui renforcent l’idée qu’elle n’est pas humaine.

Le Royaume de Naya

Qu’avons-nous pensé du Royaume de Naya ?

Pour revenir au film lui-même, Le Royaume de Naya reprend des concepts assez classiques : une forêt enchantée que les humains évitent, une vieille opposition entre ceux-ci et les créatures magiques, deux êtres que tout oppose qui vont se rapprocher…. Et, bien sûr, la force de l’amour. Le tout, avec un message écologique.

Le Royaume de Naya
Le Royaume de Naya

Disons-le clairement : Le Royaume de Naya souffre d’un manque d’originalité scénaristique qui l’empêche de se démarquer des nombreuses productions ayant abordé des thématiques similaires. On pourrait ici regretter que le film ne se rapproche pas, par exemple, de la pièce La Chanson de la Forêt de Lesya Ukrainka, inspirée du même folklore mais au scénario bien plus original. Il faut cependant avouer que cette dernière oeuvre serait sans doute moins adaptée à un film d’animation ciblant entre autres le jeune public.

On regrettera également le traitement perfectible des humains : le jeune Lucas manque de profondeur à notre goût, l’antagoniste est assez peu originale en termes de design, ses hommes de main également… Son bras droit sombre de son côté dans des clichés assez gênants.

Les créatures de la fôret sont plus originales : si le vénérable arbre qui dirige ce peuple est un classique, le chat-grenouille surprend, de même que certaines autres créatures comme Motus (visible plus haut sur une cigogne). L’équipe explique avoir voulu créer des designs uniques, mais qui gardent un attrait pour une audience internationale.

On apprécie la présence de bisons européens, de la cigogne noire ou du lynx : des animaux qui collent aux origines ukrainiennes du film tout en étant rarement vus dans les productions animées européennes. Précisons ici qu’Animagrad a collaboré avec le WWF, l’ONG ayant conseillé l’équipe sur les animaux et plantes afin de mettre spécifiquement en avant des espèces menacées. Un choix judicieux qui colle aux thématiques du film.

A défaut d’être vraiment original sur le plan scénaristique, Le Royaume de Naya a donc le mérite d’avoir su conserver une bonne part de son âme : les inspirations visuelles et musicales ukrainiennes évoquées plus haut apportent un vent de fraîcheur. Enfin, sur le plan visuel, les artistes du studio n’ont pas à rougir : décors naturels, lighting, FX, Animagrad nous propose de nombreuses séquences soignées.

On peut espérer que le studio Animagrad poursuive sur sa lancée et fasse preuve de plus d’audace à l’avenir.
D’ici là et si vous n’attendez pas du Royaume de Naya un dépaysement total ou une oeuvre magistrale, cette aventure entre amour et écologie devrait donc vous faire passer un bon moment.

Réalisé par Oleg Malamuzh, Sasha Ruban, Le Royaume de Naya est dès à présent visible dans les salles françaises. Le film dure 99 minutes et est distribué par KMBO.

Laissez un commentaire

A Lire également