L’an passé, nous avions profité du salon Laval Virtual pour tester le Varjo VR-1, un casque de réalité virtuelle haut de gamme proposant une définition particulièrement élevée sur le centre de l’image.
A l’occasion d’un évènement organisé par la société Immersion, nous avons pu nous frotter cette semaine à son petit frère : le Varjo XR-1, aux caractéristiques alléchantes mais au tarif deux fois plus élevé : 12 000€. Restait donc à savoir si les innovations proposées justifiaient ce montant.
Un concentré de technologies
Avant toute chose, quelques détails techniques : les casques Varjo proposent un système d’affichage complexe. Outre un écran classique pour l’affichage, chaque oeil dispose d’un second écran, plus petit, haute définition et placé à 90° du premier. Un miroir semi-réfléchissant permet alors de combiner les deux affichages : l’oeil a l’impression de voir une zone centrale particulièrement définie.
Ce système d’affichage avait su nous séduire l’an passé sur le VR-1 : même si gestion de la frontière entre les deux écrans était perfectible, le fait d’avoir une zone centrale d’une résolution équivalente à celle de l’oeil humain était un bond en avant massif pour ce genre de produit.
Le XR-1 va plus loin : il s’appuie sur une version révisée du VR-1 (le bien nommé VR-2) et propose notamment un réglage automatique de l’écartement des yeux, le tracking du regard ou encore la captation de la profondeur. Le produit dispose de deux caméras à l’avant qui permettent de proposer une réalité augmentée parfaite. En effet, là où un Microsoft Hololens n’affiche que des « hologrammes » semi transparents et très dépendants de l’éclairage extérieur, le XR-1 peut combiner flux vidéo et éléments 3D sans problème de transparence.
Concrètement, il nous a par exemple été possible d’expérimenter avec du chromakey en temps réel, à l’aide d’un fond vert et de feuilles de papier, qui permettaient d’afficher une scène 3D. De quoi imaginer des usages en production virtuelle : il devient possible d’avoir un aperçu d’un décor virtuel, sans pour autant se couper de l’extérieur (discuter avec/regarder des personnes situées sur le plateau reste possible), et tout en disposant d’un affichage vidéo assez précis pour, par exemple, lire des notes sur une feuille. Parfait pour éviter d’enlever et remettre le casque en permanence.
Une seconde démo nous plaçait dans un modèle de voiture 3D, avec gestion de la profondeur : notre main s’effaçait si elle passait à travers le volant ou derrière le tableau de bord virtuel.
Quelques défauts…
Bien évidemment, le XR-1 n’est pas parfait. Il est tout d’abord assez lourd (1,3kg), même si son côté confortable (y compris avec lunettes) fait en partie oublier ce poids. En outre, on reste ici sur un casque filaire.
La zone d’amélioration la plus notable se situe cependant, selon nous, au niveau de l’affichage vidéo du monde réel : le taux de rafraîchissement (60/90Hz selon la zone de l’écran) mériterait d’être sensiblement amélioré. La latence (inférieure à 15ms) est tout à fait acceptable mais des gains à ce niveau sont toujours appréciables. Enfin, l’affichage est dépendant des deux caméras situées à l’avant du casque, ce qui décale donc notre regard de 5cm environ vers l’avant : l’ensemble de ce qui nous entoure semble du coup 5cm plus près que d’habitude, ce qui peut surprendre lorsqu’il s’agit d’éléments proches (typiquement, la propre main du porteur du casque).
… Mais une vision du futur
Si ce dernier point est délicat à améliorer (un ré-agencement du casque permettant potentiellement de limiter cet effet), les deux premiers dépendent essentiellement de la puissance de calcul disponible. Une bonne nouvelle, donc : avec les futures cartes graphiques du marché, des améliorations seront au rendez-vous.
Le tarif du XR-1 (12 000€ HT environ chez Immersion, son distributeur en France) le limite clairement à des usages précis chez de gros comptes industriels, il donne une bonne idée de ce que seront, sans doute, les casques de demain : des systèmes mêlant virtuel et réel, avec gestion de la profondeur et un affichage toujours plus précis, toujours plus proche des capacités de l’oeil humain. Avec au passage, on peut l’espérer, une chute drastique des prix.
De quoi espérer des cas d’usage toujours plus larges, de la production virtuelle à la réalité mixte dans les musées, en passant par de nouveaux usages marketing ou des oeuvres en réalité mixte toujours plus riches.