Annoncé au printemps 2019, commercialisé en France à la fin de cette même année, le casque HoloLens 2 de Microsoft a eu le temps de faire son chemin au sein des entreprises et spécialistes de la réalité mixte.
En ce début 2022, Othman Chiheb, Product Lead HoloLens chez Microsoft France, a donc fait un point sur la situation. Lors du salon Virtuality 2022, il a proposé une keynote intitulée « HoloLens 2, quels impacts chiffrés en France depuis son lancement ?« , que vous pouvez retrouver plus bas en vidéo, suivie d’un résumé écrit de son contenu.
Vous trouverez également dans la suite de l’article quelques éléments que nous avons tenté d’obtenir auprès de Microsoft, afin d’en savoir plus sur l’adoption concrète et chiffrée, ainsi que la place de l’HoloLens 2 au sein du marché actuel.
HoloLens 2 : quelques rappels
Avant toute chose, revenons rapidement sur l’écosystème HoloLens 2. Le casque de Microsoft permet de faire de la réalité mixte autonome : pas de connexion physique à un ordinateur. L’engin embarque de multiples caméras (4 en lumière visible, 2 en infrarouge), un capteur de profondeur de champ et d’autres capteurs divers : accéléromètre, gyroscope, magnétomètre).
HoloLens s’appuie sur une approche see-through, autrement dit une visière transparente avec affichage en surimpression. Un choix qui l’oppose aux casques en pass-through, qui sont des casques VR dans lesquels on affiche le monde extérieur filmé par des caméras : Lynx, Varjo proposent cette approche.
Ceci est loin d’être un détail : le see-through permet généralement de conserver une bonne vision périphérique (200-220° de champ de vision avec deux yeux, alors qu’un casque Varjo par exemple, a un champ de vision de 115 degrés seulement). De plus, le see-through ne cause par définition aucune latence sur la perception du monde réel, puisqu’on le voit directement.
Ces points sont très utiles pour des usages critiques dans lesquels une limitation de la vision, un plantage soudain du casque ou encore une latence trop élevées peuvent causer des risques bien réels (chirurgie, chantiers, usines…).
HoloLens 2 se décline en de multiples versions ciblant des marchés variés, et est fortement lié aux services cloud de Microsoft : Azure et Dynamics 365.
Microsoft rappelle que ces services permettent d’augmenter la puissance de calcul utilisable par le casque. Le groupe offre aussi d’autres services pour étendre les capacités de son HoloLens 2, comme Azure Kinect DK pour la vision informatique, la nouvelle plateforme Microsoft Mesh dévoilée l’an passé qui permet de travailler de façon collaborative en réalité mixte avec des personnes situées à distance.
Comme nous l’a expliqué Microsoft à l’occasion de Virtuality :
Il s’agit d’une technologie qui se base sur de la capture 3D pour diffuser une image réaliste d’une personne dans une scène virtuelle.
Microsoft Mesh permettra également aux équipes réparties en différents endroits d’avoir plus de réunions collaboratives, d’organiser des sessions de conception virtuelles, d’aider les autres plus facilement, d’apprendre ensemble ou encore d’organiser des rassemblements virtuels. Les gens seront d’abord représentés par des avatars dans ces expériences virtuelles partagées, mais au fil du temps, ils pourront utiliser l’holoportation, qui n’est autre qu’une projection photoréaliste et en temps réel du corps humain, différent de l’avatar qui est lui une représentation personnalisée et simplifiée d’une personne.
La nouvelle plateforme est le résultat d’années de recherche et de développement de Microsoft dans des domaines allant du suivi des mains et des yeux ou encore du développement de HoloLens, à la création d’hologrammes permanents et de modèles d’intelligence artificielle permettant de créer des avatars expressifs.
Précisons aussi que Mesh, intégré à Microsoft 365 et Teams, a vocation à s’étendre au-delà de l’usage d’un casque HoloLens 2 : casques VR, smartphones, tablettes, PC permettent aussi d’en profiter.
De multiples usages dans l’industrie et la culture
A l’occasion de Virtuality 2022, Othman Chiheb (Product Lead HoloLens chez Microsoft France) a proposé une keynote autour de HoloLens 2. Il a choisi de se focaliser sur l’impact de HoloLens 2 chez les clients du produit, avec différents cas d’usages.
Othman Chiheb a tout d’abord évoqué les usages en formation/apprentissage dans l’industrie : 300 000€ économisés par an et 80% d’émissions carbone en moins chez Renault Academy (centre de formation interne du groupe Renault) en utilisant HoloLens pour former à distance les équipes sans déplacements physiques, démarrage plus rapide de machines complexes chez Saint-Gobain, ou encore apprentissage « 2 fois plus rapide » et « 5 fois moins cher » chez Framatome.
Economies financières, bilan carbone amélioré, travail distant : des arguments qui ont évidemment un poids certain chez les clients potentiels de l’industrie.
Place ensuite à la santé (à partir de 8 minutes 55 dans la vidéo de la keynote) avec deux situations principales : collaboration en chirurgie avant et pendant l’opération avec des chirurgiens situés dans plusieurs pays différents, utilisation en université pour des cours en amphi.
La culture est aussi évoquée (15:40 dans la vidéo de la keynote), avec le cas du Musée de la Libération à Paris. HoloLens 2 permet ici de rencontrer plusieurs personnages virtuels, d’interagir avec ces derniers.
Au Museum D’Histoire Naturelle de Paris, l’expérience « Revivre » conçue avec Saola Studio invite les visiteuses et visiteurs à découvrir des espèces éteintes ou en danger.
Toujours dans la culture, le festival Lillarious a été l’occasion d’exploiter HoloLens en « téléportant » visuellement à Lille une comédienne située à Paris, grâce à une caméra Azure Kinect. En coulisses, on retrouve Holoforge, département spécialiste de la réalité mixte qui fait partie d’Asobo Studio (le studio de jeux vidéo bordelais connu pour Microsoft Flight Simulator, A Plage Tale: Innocence et Requiem).
Beaucoup de questions en suspens
Nous avons aussi profité de Virtuality pour tenter d’obtenir quelques éléments concrets autour de la situation de HoloLens 2 en France et de son avenir.
Malheureusement, Microsoft France préfère ne pas trop détailler le sujet. Le groupe explique ne pas communiquer sur les chiffres d’adoption, que ce soit en France ou dans le Monde. Un choix comprehensible et courant (Lynx a également évité de nous donner des détails sur ce point quand nous les avons interviewés), même si évidemment frustrant.
Même chose sur la pénurie de composants électroniques et son impact sur la production HoloLens 2 : « pas d’informations à partager sur ce point ».
En revanche, Microsoft nous a indiqué que sa priorité était de « continuer à développer [leur] écosystème partenarial », pour multiplier des expériences en réalité mixte/augmentée avec ses clients. L’industrie et la culture, ajoute Microsoft, sont deux domaines « prioritaires » en termes d’efforts de développement, et l’on peut s’attendre à des annonces « au cours des prochains mois ».
Interrogé sur l’état actuel du secteur de la réalité mixte et augmentée, Microsoft n’a pas souhaité donner de détails sur sa perception des solutions concurrentes : « nous ne commentons pas les activités des autres acteurs du marché », nous a expliqué l’entreprise.
Dommage : entre les casques haut de gamme Varjo qui gèrent la réalité mixte, le Magic Leap 2, le futur Lynx-R1 et les rumeurs persistantes autour d’un possible casque Apple, il y aurait beaucoup à dire.
HoloLens 2, à retrouver durant Laval Virtual
Notez enfin que Microsoft participe au salon Laval Virtual en avril. HoloLens 2 sera évidemment au coeur du stand (B43) du groupe.
D’ici là, vous pouvez découvrir notre interview de Stan Larroque, dirigeant de Lynx, sur le salon Virtuality 2022 : Lynx sera d’ailleurs également présent durant Laval Virtual.