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Un outil vous permettant d’insérer des personnages en animation 3D au sein de scènes filmées, de façon réaliste et via un simple glisser-déposer dans une interface web : telle est la promesse grisante de Wonder Dynamics, qui dévoile une impressionnante démo de son futur outil Wonder Studio.
Voici le résultat, suivi de plus de détails :
La promesse de Wonder Studio
La vidéo de démonstration est, il faut bien l’admettre, très impressionnante. En coulisses, Wonder Studio se présente comme un outil web qui permet donc d’automatiser une grande partie du processus d’animation et d’intégration dans des plates (des séquences filmées), en remplaçant automatiquement un acteur réel et en gérant l’éclairage, la colorimétrie pour que l’intégration fonctionne. Le tout, grâce à l’intelligence artificielle.
Le travail continue
Mieux encore, on n’est pas ici face à une boîte noire dont le résultat est à prendre ou à laisser : si l’entreprise explique qu’elle souhaite que son approche soit utilisable par un large public (d’où l’approche par glisser-déposer), l’idée est de laisser aux studios et artistes les outils nécessaires pour aller plus loin.
Les données de motion capture (y compris les mains et le visage), la plate nettoyée, le scène 3D sont donc disponibles pour les modifier si besoin. Vous pourrez ainsi effectuer des exports au format FBX, importer les données dans Maya, Blender ou encore Unreal ou Unity. En somme, Wonder Studio promet de faire les premières étapes du travail des artistes, qui pourront ensuite affiner le résultat si besoin. Wonder Dynamics avance que son outil pourrait automatiser « 80 à 90% » du travail de base. Une promesse qu’il conviendra évidemment de vérifier en pratique.
Et les données ?
Comme pour chaque outil reposant sur l’IA, la question qui vient à l’esprit est celle de la source des données employées pour entraîner le modèle. L’équipe Wonder Dynamics se veut ici rassurante, et insiste chez nos confrères de Techcrunch sur le fait que son outil n’est pas entraîné sur le travail pré-existants d’artistes. L’outil ne devrait donc pas poser les problèmes éthiques et légaux d’autres applications.
Levée de fonds et grands noms
Les cofondateurs de Wonder Dynamics, Nikola Todorovic et Tye Sheridan (que vous connaissez en tant qu’acteur principal de Ready, Player One), ont su récolter 12,5 millions de dollars via deux levées de fonds auprès d’investisseurs en 2021 puis 2022, dont Epic Games.
En coulisses, un conseil consultatif a aussi été mis en place : on y note la présence des réalisateurs et producteurs Steven Spielberg, Joe Russo. Des noms qui donnent évidemment du poids à l’entreprise et renforcent sa crédibilité.
Mieux encore, les frères Russo utiliseraient même déjà l’outil sur un futur long-métrage Netflix avec Millie Bobby Brown et Chris Pratt : de quoi l’éprouver en production et rassurer studios comme investisseurs.
Quel avenir pour les VFX dans un monde post-IA ?
Wonder Dynamics propose un outil qui est clairement prometteur, et laisse entrevoir l’idée d’un futur dans lequel l’IA pourrait éliminer certaines tâches répétitives.
De quoi abaisser les coûts d’entrée et permettre à un plus large public de créer des projets réalistes, un peu comme ont pu le faire l’arrivée de combinaisons de motion capture low cost, ou d’outils gratuits comme Blender.
De quoi également permettre d’anticiper des évolutions au sein des studios, grâce au temps gagné qui pourra être investi ailleurs.
En revanche, il est sans doute inutile d’espérer que ce gain de temps se transformera en allègement des cadences infernales dans les studios d’effets visuels : comme le soulignait Doug Chiang, Vice-President et Executive Creative Director de Lucasfilm dans notre récente interview (à partir de 7 minutes 29 dans la vidéo ci-dessous), en 35 ans d’améliorations des techniques et d’évolutions de méthodes de production, la situation ne s’est pas améliorée. La prévisualisation, l’arrivée du temps réel n’ont pas permis d’éviter les heures supplémentaires : malheureusement, l’IA risque fort de ne pas non plus changer cela.
Inversement, les évolutions technologiques n’ont pas non plus contraint les artistes au chômage technique : que les personnes encore en école se rassure, si les métiers vont évoluer, ils ne vont pas disparaître.
Comment tester Wonder Studio ?
Reste à voir si Wonder Studio tient ses promesses en pratique. Pour l’heure, le site officiel vous permet de demander un accès à la beta fermée. Vous y trouverez aussi d’autres exemples de réalisations.
2 commentaires
« A tool to help artists, not replace them. »
Ouai on y crois tous…
Le but c’est surtout d’aider le CEO et les investissuers a faire un max de thunes en vendant des licenses.
Que des artistes par milliers perdent leur emplois ou pas, c’est pas leur probleme… il s’en foutent complet meme.
Rien contre ca dans l’absolu, il ne faut pas etre naif, c’est du business, mais au moins ne mentez pas sur votre pretendue compassion.
Clairement, leur but est commercial, mais l’idée de ce passage n’était pas de leur donner un côté désintéressé (je n’ai sans doute pas été assez clair dans la formule), plutôt de souligner que ça ne prétend absolument pas faire la totalité du travail. Pour le dire autrement et plus clairement : ça ne va pas remplacer les artistes… mais car ça n’est pas au niveau de ce que font de vrais artistes. Un peu comme un outil de roto automatique qui fait une partie du boulot mais demande des retouches. 🙂