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Richard Williams (1933-2019) : décès d’un grand nom de l’animation

L’animateur et réalisateur Richard Williams nous a quittés le 16 août à l’âge de 86 ans.

Un lapin inégalé

C’est avec Qui veut la peau de Roger Rabbit (1988) que cet artiste né au Canada était devenu une légende. Sur ce projet de Robert Zemeckis, Williams avait donné vie au lapin et supervisé l’ensemble de l’animation. Une tâche titanesque, avec à la clé une cohabitation entre personnages réels et toons en animation 2D. Interactions, jeux de lumières : le résultat, même 30 ans après la sortie du film, reste bluffant de maîtrise technique et de créativité. Le jury des Oscars ne s’y était d’ailleurs pas trompé, et lui avait décerné une statuette pour ce chef-d’oeuvre.

Une riche carrière

Outre ce monument du cinéma, on doit aussi à Williams de nombreux génériques animés : Quoi de neuf, Pussycat ? (1965), Casino Royale (1967), Le Retour de la Panthère Rose (1975), Quand la Panthère rose s’emmêle (1976)…

Il travailla également sur de nombreuses publicités ; vous pourrez en découvrir certaines ci-dessous :

30 ans pour un film

Son projet le plus personnel, néanmoins, reste sans doute le plus méconnu du grand public : Le Voleur et le Cordonnier (The Thief and the Cobbler), film maudit dont la réalisation a débuté à la fin des années 60… Et ne s’acheva que dans les années 90.
Ce film d’animation 2D, situé dans l’univers des Mille et une Nuits, met en scène un cordonnier et une princesse décidés à retrouver des boules d’or protégeant leur cité. Ils devront notamment faire face à un vizir, et croiseront également un mystérieux voleur.

Perfectionniste et pionnier, Williams chercha par exemple à produire des effets de mouvements en trois dimensions, mais en animation traditionnelle. Si les qualités des séquences générées étaient indéniables, le travail qui en découlait était monstrueux : heures supplémentaires et turn-over important furent quelques-unes des caractéristiques de ces années de production.

Du chantier entamé dans les années 60, plusieurs versions du film sont nées dans la douleur : une version de travail de 1992 inachevée, deux versions de 1993 et 1995 pour lesquelles Majestic Films puis Miramax, lassés de cette production sans fin, ont tenté d’obtenir un film diffusable quitte à effectuer des coupes et à ajouter ou changer des voix. Enfin, une version officieuse, la Recobbled Cut, créée par des passionnés et censée se rapprocher davantage des intentions d’origine de Williams.

Malgré cet enfantement douloureux et l’échec commercial de la version Miramax, Le Voleur et le Cordonnier eut un impact important ; le réalisateur Tomm Moore et l’équipe du studio Cartoon Saloon (Brendan et le Secret de Kells, Le Chant de la Mer) ont par exemple évoqué l’influence qu’a eue cette oeuvre sur leurs propres travaux.

L’enseignement, une autre passion

Outre son travail pour le cinéma, on doit à Richard Williams l’ouvrage The Animator’s Survival Kit (Techniques d’animation pour le dessin animé, l’animation 3D et le jeu vidéo en VF), véritable bible de l’animation publiée en 2001. Ce désir de transmission se retrouvait également via des masterclasses.

Si la disparition de Richard Williams laisse un grand vide dans le secteur de l’animation, il laisse donc un héritage inestimable au travers des innombrables artistes formés grâce à ses leçons.

1 commentaire

phicata 19 août 2019 at 19 h 51 min

Bluffant!

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