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Projeckt : les coulisses d’un court-métrage cyberpunk

Durant de leur dernière année au sein de l’école New3dge (promotion 2018), Rémi Carles et Victor Jarnoux avaient réalisé ensemble le court-métrage Projeckt. Un film mêlant action et cyberpunk, avec un personnage central féminin au passé trouble et mystérieux.
Le duo a bien voulu revenir pour nous sur les coulisses de ce film. L’occasion d’aborder certains points techniques, mais aussi l’organisation du projet : un vrai défi étant donné le volume de travail. Enfin, nous en avons profité pour faire le point sur l’évolution des deux créateurs depuis leur sortie de l’école.

Voici donc le court-métrage et son making-of vidéo, suivis de l’interview.

3DVF : Rémi, Victor, lors de votre dernière année à New3dge, vous avez réalisé Projekt : un court de science-fiction à l’esthétique cyberpunk. Comment est né le concept, quelle était votre vision de départ ?

Rémi Carles et Victor Jarnoux : Notre idée de départ était de centrer notre court sur de l’action et des combats. Nous avions déjà eu des idées de scénario parlant de robots et de transhumanisme, nous avons donc réuni les deux pour raconter l’histoire d’une femme qui découvre qu’elle a été transformée en machine.
Pour l’ambiance nous avons fortement été influencés par les films qui étaient sortis à ce moment-là, comme Ghost in the Shell et Blade Runner par exemple.

3DVF : Quels outils logiciels avez-vous utilisés ?

Rémi Carles et Victor Jarnoux : Nous avons utilisé les logiciels communs au productions professionnelles. 3ds max était la base, nous avons utilisé Zbrush pour la modélisation des personnages et certains assets, Marvelous pour tous les vêtements. Substance Painter, Photoshop, R3DSWrap on été très utiles pour créer les textures réalistes du personnages et After Effect pour tout l’editing et le compositing du film.

3DVF : Parlons tout d’abord du personnage principal. Vous avez opté pour une approche se voulant réaliste : un choix très risqué, les erreurs d’anatomie ne pardonnent pas et l’uncanny valley est un piège redoutable. Pourquoi cette approche, et comment avez-vous procédé pour modéliser, texturer un personnage qui tienne la route ?

Rémi Carles et Victor Jarnoux : Nous avons voulu nous rapprocher des productions que nous aimons, comme les trailers de Unit Image par exemple, qui sont ultra réalistes. Pour avoir un personnage le plus réaliste possible nous nous sommes basés sur des scans, et le visage de l’héroïne a été sculpté avec une vraie actrice comme référence ce qui a permis d’éviter des erreurs anatomiques.

3DVF : Quelques mots sur la zone du regard ? Les très gros plans vous ont évidemment obligés à soigner cet aspect, qu’il s’agisse des yeux ou des paupières…

Rémi Carles et Victor Jarnoux : Nous avons accordé énormément d’importance à ces plans. Le gros plan sur le regard est l’un des premiers plans sur lequel nous avions testé des rendus et nous l’avons beaucoup travaillé jusqu’à la fin. Cela nous a permis de pousser cette zone du personnage et donc d’avoir une meilleure qualité sur les nombreux plans similaires.

3DVF : Le générique mentionne de la motion capture : que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Rémi Carles et Victor Jarnoux : Pour accélérer la production nous nous sommes basés sur les animations mises à disposition par Mixamo, ce qui nous a permis d’avoir très vite un layout avec des animation téléchargées directement du site, et certaines animations complexes ne pouvaient être faites à partir de Mixamo : nous avons dû les enregistrer en motion capture, ce qui permet d’avoir des animations quasi réalistes.

3DVF : Le lighting est évidemment un point clé du projet, en particulier dans les scènes de rue : il vous a fallu évoquer l’ambiance cyberpunk tout en gardant quelque chose de bien lisible à l’écran, malgré l’obscurité. Comment avez-vous approché ces séquences ?

Victor Janoux : Il y a eu beaucoup de recherches et de tests pour avoir une bonne ambiance. Je me suis basé sur les photos de Liam Wong, qui a un style très cyberpunk avec des couleurs bleu violet que nous recherchions, et d’autre films comme John Wick qui utilise beaucoup ces teintes. L’idée était aussi de beaucoup jouer sur les silhouettes et de détacher nos personnages grâce au lighting.

3DVF : Vestes, manteaux, tissus… Vous avez eu beaucoup de simulations à gérer. Comment avez-vous procédé ?

Rémi Carles et Victor Jarnoux : Pour la simulation des vêtements nous avons fait un peu de RnD avec un intervenant, il y avait la possibilité de simuler avec Marvelous Designer mais cela est assez complexe et nous avions peu de temps. Du coup nous avons créé des version low poly des vêtements qui étaient simulées directement dans 3ds Max, puis le modèle high poly venait se skinwrapper dessus.

3DVF : Les décors sont variés, riches en détails : quelles techniques ont été utilisées pour être efficace à ce niveau ?

Victor Janoux : Les environnements ont été entièrement faits sous 3ds Max, sauf certains assets nécessitant des détails que ZBrush a pu apporter. J’ai pu me faire une bonne base d’assets qui m’a permis après de jouer avec et pouvoir les repartir pour créer les compositions qui m’intéressaient. Etant deux seulement sur ce film, j’ai beaucoup utilisé des assets mis à disposition sur internet pour accélérer le processus ce qui m’a permis avec quelque retouche d’avoir beaucoup d’assets de qualité sans perdre trop de temps

3DVF : Quelques mots également sur les gros plans du cœur du personnage ?

Rémi Carles et Victor Jarnoux : C’était l’un des premiers plans que nous avions sortis, cela nous a permis de tester le pipe de A à Z avant de se lancer dans les plans avec des personnages et beaucoup plus d’assets dans la scène. Nous voulions faire un plan comme si nous utilisions un endoscope pour voir à l’intérieur du personnage.

Concept pour une des séquences de flashback

3DVF : Enfin, le court s’appuie beaucoup sur des effets de type glitch visuel : comment ont-ils été mis en place, et comment avez-vous choisi quel effet utiliser à quel endroit ?

Victor Janoux : Les effets de glitch avaient un but narratif dans le film, montrant les troubles de la mémoire du personnage principal, je pense qu’ils auraient mérité plus d’affinage mais ils ont été faits avec After Effect ; un combiné de noise fractal, des masks et des alphas permettent d’avoir un bon rendu avec de simple effets.

Concept 3D

3DVF : Vous n’étiez que deux sur ce film : a-t-il été difficile de s’organiser de façon à finir dans les temps ? Au final, de quoi êtes-vous le plus fiers sur ce projet ?

Rémi Carles et Victor Jarnoux : Nous avions un intervenant professionnel qui nous a beaucoup aidés à l’organisation du projet, ce qui nous a permis d’être efficaces. Lorsqu’on est étudiants il est très difficile de savoir comment s’organise un tel projet, il nous était indispensable d’avoir quelqu’un pour nous expliquer le fonctionnement et le pipeline à appliquer pour sortir un film dans les temps.
Nous sommes très fiers d’avoir pu mener le projet à bout, en incluant toutes les scènes que nous voulions, plein de décors et de personnages différents, alors que tout le monde nous conseillait de couper des plans pour être dans les temps.

3DVF : Quel conseil donneriez-vous aux étudiantes et étudiants qui travaillent sur leur court de fin d’études ? Quelque chose que vous auriez aimé avoir en tête dès le début de votre propre projet ?

Rémi Carles et Victor Jarnoux : Il faut toujours garder la pression et travailler à 200%, même quand on a l’impression d’être largement dans les temps. Si le projet est fini en avance cela laisse l’opportunité de le pousser au-delà des attentes, de faire une passe de polishing, ce qui peut faire une énorme différence à la fin.

Décor – street food

3DVF : Enfin, quel a été votre parcours depuis la sortie de l’école ?

Rémi : Pour ma part j’ai principalement travaillé à NKI, en tant que character/blendshape artist et généraliste. Aujourd’hui je souhaite devenir freelance pour travailler uniquement à distance et parallèlement aboutir des projets personnels. Aussi dans un futur un peu plus lointain j’adorerais travailler dans les jeux vidéo.

Victor : j’ai mis quelque mois avant de trouver, je suis actuellement a Ki studio, ce qui ne dois pas vous dire grand-chose c’est un petit studio travaillant dans l’évènementiel, la tv. J’y suis généraliste 3D et j’apprends beaucoup car nous sommes peu et j’ai plus de responsabilité qu’ailleurs. Mais j’aimerai trouver ma place dans des studios plus centrés sur les courts-métrages et/ou films.

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