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Plush : suite aux révélations de Mediapart, Rooftop réagit

Au printemps 2022, le projet Plush et ses NFT avaient beaucoup fait parler d’eux. Il faut dire que ce concept de film d’animation sortait des sentiers battus : l’objectif de la jeune société Illuminart était de lever environ 60 millions d’euros pour le financer, grâce à la vente de 50 000 NFT (1250€ pièce). La promesse : reverser 80% des profits du film aux personnes ayant acheté les NFT, tout en leur permettant de voter sur le scénario.
Depuis, les ventes n’ont pas eu le succès espéré, Plush semble à l’arrêt et Mediapart a publié un article sur les points noirs du projet.

Voici un rappel des faits et des révélations de Mediapart, suivie d’une interview du studio Rooftop qui répond aux révélations et aux questions qu’elles soulèvent.

Image promotionnelle de Plush

Rappel des faits

Comme évoqué en introduction, Plush était présenté comme un projet de film d’animation financé par la vente de NFT, les acheteurs devenant coproducteurs.

Du fait notamment du soutien de célébrités, le projet Plush avait été largement relayé dans la presse, par exemple chez Le Parisien, ce qui avait amené 3DVF à creuser le sujet au travers d’une interview : nous avions posé des questions à Karlab et Rooftop, les deux studios français partenaires du projet qui devaient fabriquer le film.
Ils nous répondaient notamment sur les principales critiques et interrogations : impact environnemental des NFT, risque d’arnaque, conséquences en cas de financement insuffisant, planning de production court pour un tel film, réactions aux interrogations dans le milieu de l’animation.

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Capture d’écran du site officiel Plush

Mediapart enquête sur Plush

Un an plus tard, le projet est au point mort : moins de 1000 NFTs ont été vendus, et seul 1,5 million d’euros a été récolté. Une concrétisation du film semble hautement improbable, et les personnes ayant acheté les NFT ne devraient donc jamais toucher les fameux profits espérés.
Dans ce contexte, Mediapart a publié une enquête sur le projet, qui pointe du doigt différents problèmes :

  • Fabien Tref alias Fabi, dirigeant de la société Illuminart basée à Dubai. Sans expérience dans le cinéma, il a selon les informations de Mediapart enchaîné les projets au fil des ans, avec plusieurs liquidations d’entreprises. Jeux d’argent, montres de luxe, investissement dans des diamants, femmes de ménage déguisées ou en lingerie, pyjamas, investissements dans les crypto font partie de ses projets passés, explique l’article.
  • Mediapart met également l’accent sur la campagne marketing, le fait qu’Illuminart faisait miroiter un retour sur investissement potentiel de 500% environ en se basant sur les derniers films des studios Illumination.
  • Plus largement, Mediapart avance qu’il y a eu confusion volontaire entre Illuminart et Illumination.
  • L’article souligne aussi l’implication de différentes stars, notamment Kev Adams, qui serait une connaissance de Fabien Tref. Sa mise en avant du projet fait partie des éléments qui ont incité des acheteurs de NFT à sauter le pas. Rappelons qu’Illuminart avait également investi dans une campagne publicitaire lors du festival de Cannes.
  • L’article reprend des informations de « Red Flag Plush », qui a publié une série d’articles sur le projet Plush. Ces articles ont par exemple mis en lumière l’implantation d’Illuminart à Dubaï, ainsi que d’autres éléments évoqués ci-dessus.
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Capture d’écran du site officiel Plush

A ce stade, Fabi, le dirigeant d’Illuminart, affirme auprès de Mediapart que les frais liés au projet font qu’il a perdu de l’argent. La somme générée par les NFT ne serait donc plus là. Il explique l’échec du projet par le crash des cryptomonnaies l’an passé.

Mediapart a également interviewé Rooftop et Karlab, les studios qui devaient fabriquer le film. Mediapart indique qu’ils ont évoqué être « intervenus pour corriger la campagne de promotion », pour limiter les confusions possibles entre Illuminart et Illumination. Laurent Guittard de Karlab indique aussi que les équipes étaient en capacité de fabriquer le film, et l’auraient donc fait si la somme espérée avait été levée.

Enfin, au moins une personne a mis en demeure Illuminart, Rooftop et Karlab, son avocate évoquant une possible action en justice.

Suite à l’article de Mediapart sur Plush, Rooftop répond

Nous avons voulu en savoir plus sur la position des studios. Nous voulions notamment comprendre pourquoi le profil pour le moins surprenant du dirigeant d’Illuminart ne les avait pas freinés, si un éventuel remboursement était possible, leur position sur d’éventuelles suites judiciaires.
Gaëtan Simonot, dirigeant de Rooftop, a accepté de nous répondre.

3DVF : Mediapart évoque notamment la communication autour du projet Plush, et les références aux projets d’Illumination. L’article pointe un risque de confusion Illumination/Illuminart, et des perspectives de retour sur investissement très optimistes (qui s’appuyaient sur le box-office des films d’Illumination). En lisant vos
réponses dans l’article, votre position semble être que vous avez cherché à tempérer/recadrer la communication officielle d’Illuminart, la société porteuse du projet ?

Gaëtan Simonot – Rooftop : Merci de nous donner l’occasion de parler de ce sujet, j’ai vu qu’on vous reprochait sur facebook de nous donner la parole alors je précise que cela ne fait pas de vous un net consensuel, mais tout simplement des journalistes, et depuis 2 ans malgré toutes les interviews, des journalistes, je n’en ai pas vu beaucoup. D’ailleurs à moins qu’on m’impose de réagir publiquement, je m’en tiendrai à cette interview. Allons-y.

Pour recontextualiser, sur Plush, nous étions en charge de la création d’illustrations 3D, de la mise en place d’un schéma actanciel mobile, de la rédaction d’un dossier de pré-production. Par ailleurs, nous étions positionnés sur la réalisation du film dans le cas où celui-ci obtiendrait les financements. Nous sommes prestataires et n’avons pas touché d’argent liés aux ventes de NFTs.

Effectivement, ça n’était pas une stratégie de notre part d’avoir l’air de surfer sur les plates-bandes d’Illumination. Nous avons recadré plusieurs fois le marketing d’Illuminart, qui se déployait en temps réel, sur lequel nous n’avions pas la main. Pour ma part, je n’ai jamais travaillé chez Illumination, ni de près ni de loin. C’est avant tout à notre studio que cette confusion pouvait nuire, et nous n’en sommes pas à l’origine. Il s’agissait de faire de la communication en mettant en avant nos curriculums, nos compétences.

Les perspectives de retours sur investissement optimistes, c’est le calcul qui a été proposé par la roadmap d’Illuminart aux investisseurs qui ont pour certains partagé cet optimisme.

Côté studio, on nous a demandé de confirmer le niveau de qualité du film, ce qui est avant tout une question de budget, de réseaux de partenaires, et de connaissance de la chaîne de production.

3DVF : Mais justement, vu le déroulé des évènements, les informations de Mediapart sur Plush et le silence d’Illuminart, on peut avoir le sentiment que le projet était une arnaque aux NFT comme on en a beaucoup vu, et que le but n’a jamais été de faire un film…

Il a été évoqué plusieurs fois dans les médias que le projet PLUSH se résumait à une vente de NFTs, pour nous, c’est tout autre chose, nous avons comme objectif de créer des films.

Dire qu’il n’y a pas de film permet à certains médias de laisser penser aux gens qu’ils sont victimes, non pas de leur enthousiasme, mais d’avoir été éblouis. Quand ils voient que finalement nous avons réellement orienté notre travail vers la possibilité de faire un film, alors on nous dit que notre studio n’en est pas capable, nous connaissent-ils ?

Bien que nous soyons un petit studio, notre axe, ça n’est ni le clip, ni la télévision, mais bien le cinéma. Si nous avions à gérer le budget d’un long, nous saurions exactement comment dépenser cette enveloppe pour mener à bien le projet, d’ailleurs nous n’avons pas sauté sans émettre les mêmes réserves que tous nos contemporains.
En ce qui concerne la faisabilité, le fait que notre studio n’ait pas encore fait de long métrage n’est pas disqualifiant, il faut un début à tout. Le film PLUSH aurait été le premier et nous avons évalué ce défi et proposé un fonctionnement afin que celui-ci puisse voir le jour dans le cas où les financements seraient atteints.

Au-delà de la chorégraphie logistique qu’implique un tel projet j’aimerai mettre les choses au clair.

Premièrement, l’idée de faire un film PLUSH sur un temps aussi court (18 mois) ne vient pas de nous. Il nous a d’abord été demandé si nous pouvions faire un film en 12 mois, ce que nous avons refusé. Nous avons demandé 24 mois, on nous à proposé 18 mois, nous avons imaginé des solutions, et nous avons accepté.

Un travail de conception à été largement engagé, le long métrage en question se résume à une commande en 3D traditionnelle et ne présente pas de défis techniques majeurs. Je vous donne quelques passages du dossier de production. (Qui contient plusieurs bibles et un schéma actanciel séquencé, pouvant recevoir une influence très maîtrisée du vote du public, comme c’était prévu par la roadMap, ainsi qu’un développement sur le production
model.)

En ce qui concerne les personnages :

CONTRAT DIÉGÉTIQUE :
Tous les personnages du film seront incarnés par des Teddy Bears très variés, à l’image de la collection NFT. Ainsi le public aura le loisir de s’identifier à de nombreux archétypes tels que TeddyYatch, les Hippie Teddies, Miss Teddy, les EcoTerroTeddies, ou encore plusieurs personnages tel Pablo EscoBear. […]
Le contexte de l’histoire n’implique aucune explication quant à leur existence sous cette forme. Ils sont simplement les habitants d’une planète similaire à la nôtre qui rencontrent les mêmes défis écologiques. La richesse est symbolisée par le miel. […]

Il n’aura pas échappé au techniciens que tous les personnages du projet sont basés sur le même modèle, avec des variations pour chaque rôle.

Les décors :

ISLAND BAY
[…]Le concept de l’île au cinéma ou dans la littérature est parfait quand il s’agit de parler du groupe et de la communauté. L’île est la miniature de l’’humanité. On y trouvera tous les archétypes […]

TEDDY YACHT
[…]A l’image de Teddy, Teddy Boat est dans la démesure, tout est pensé pour être “trop”, il n’y a que du superflu. Trop d’invités, trop d’espace, trop de personnel, trop de tout. Piscine, bar, patinoire, zoo, héliport… Les canaux de sauvetage sont des yacht de taille normale. La chambre de Teddy fait la taille d’un stade de foot. […]
NARRATIV UNIT : La puissance du teddy boat a été dangereusement augmentée selon les caprices de son propriétaire, si bien que la salle des machines menace d’exploser. […]

Je rappelle le pitch :

PITCH
Le miel coule à flot pour Teddy. Caprices, fêtes, abus, décadence : aveuglé par son succès, sa débauche n’a d’égal que son sentiment de solitude. Alors qu’il envisage de faire élargir une baie naturelle pour y stationner son nouveau yacht, il apprend qu’un mouvement de contestation vise à l’en empêcher. Pour ne pas ternir son image, il va devoir échapper aux médias et agir dans l’ombre. Il va s’infiltrer parmi ces importuns pour détruire leur
dynamique de groupe. Alors qu’il les influence de façon discrète et souterraine pour réduire leur capacité à œuvrer ensemble, il découvre malgré lui les vertus et le réconfort de la communauté. Maintenant qu’il a pris conscience de la vraie valeur des autres, et qu’il a déjà bien engagé le sabotage, comment va-t-il faire machine arrière ?

Entendez que les pistes narratives ont été pensées pour économiser non pas sur la qualité, mais bien par la mise en scène.

Le script implique donc 1 personnage et plusieurs variations ainsi que 2 décors stationnaires. L’histoire induit plusieurs façons pour le spectateur d’injecter des zones d’influences autour d’un axe pensé pour respecter un temps de production défini (qui est très court) avec un budget très confortable (nous connaissons tous le triangle
TEMPS-BUDGET-QUALITÉ). Avec un temps réduit et un budget adéquat, il est possible de livrer un projet de qualité.

De plus, comme nous l’avions évoqué, certaines étapes de pré-building ont été pensées pour améliorer la fluidité entre certains départements de la chaîne, et ça ne date pas de PLUSH, cette passion pour le pipe et les “production model”, et c’est un peu plus complexe que d’adopter 3 règles agiles et de coller des distributeurs de boulgours dans les open-space afin de nourrir les happy managers pour qu’il puissent répandre la joie dans un studio rempli d’arbres fruitiers… (moi aussi le langage startup me rend cynique.) Nous avons envie d’essayer certaines choses, et le calibre réduit de notre studio aujourd’hui permet cette mobilité. La résistance au changement n’est pas un moteur pour moi. Et que les sceptiques se détendent, nous n’avons pas inventé la machine à courber les bananes, il s’agit de garder certaines choses et d’en installer d’autres, pour s’adapter à nos conditions.
Seulement oui, même si le temps de l’organisation représente un gain de temps, tout cela à un coût, et comme chaque projet, c’est un énorme travail. Les fonds n’ont pas pu être atteint, c’est dommage, si nous avions pu engager une pré-production avec un premier scénario de vente, ou attirer à nous d’éventuels investisseurs privés cela aurait pu…
Mais hors de ces compétences qui sont les nôtres, nous ne sommes pas aux manettes de ce projet, nous dépendons d’un financement dont nous ne dirigeons ni la dynamique, ni la communication. ( Et les NFTs, la crypto, c’est pas notre domaine).

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Une des images promotionnelles de Plush

3DVF : Mediapart souligne que Fabien Tref alias Fabi, dirigeant de la société Illuminart à l’origine du projet Plush, a enchaîné les projets au fil des ans : l’article évoque jeux d’argent, montres de luxe, investissement dans des diamants, femmes de ménage déguisées ou en lingerie, pyjamas, investissements dans les crypto…
Selon Mediapart, il n’a aucune expérience dans le cinéma et a connu de multiples échecs, plusieurs de ses sociétés ayant été liquidées.
S’associer avec ce type de profil sur un projet d’une telle ampleur peut donc surprendre : pourquoi lui avoir tout de même fait confiance ?

Par manque de temps je vous copie/colle en partie la réponse faite à Médiapart mais qui n’a pas été sélectionné dans l’article.

Que notre client n’ait pas d’expérience dans le cinéma est assez courant, c’est pour cette raison qu’il fait appel à des studios de production. De plus, comme c’est souvent le cas, c’est aussi la garantie que le client ne sorte pas de son rôle en cours de production pour nous imposer des choix de réalisation. Ce n’est pas parce qu’un dentiste pense qu’il a la main verte qu’il va nous expliquer comment planter des carottes. Chacun est bon dans son domaine, c’est la meilleure configuration pour nous.

Pour résumer, plusieurs éléments nous ont convaincus de nous lancer dans le projet PLUSH:

  • La collaboration avec notre client est tout à fait fluide (paiement dans les temps, ouvert à notre expertise, très réactif).
  • Nous avons négocié une « carte blanche » sur la production du film, afin que (sur un temps aussi serré) nous puissions être seuls aux commandes de la faisabilité du film et choisir librement nos partenaires (KARLAB, CGSound, etc.).
  • Par ailleurs, IlluminArt nous a mis en lien direct avec de nombreux comédiens qui avaient déjà de l’expérience dans le doublage pour le cinéma d’animation (Croods, Lorax, le Roi Lion, etc.). Bien que nous ayons déjà un large réseau de ce point de vue, c’était un plus pour nous convaincre. Je penche en général pour les comédiens de doublage, avec qui j’ai eu plusieurs occasions de travailler, et qui gagneraient à être valorisés d’avantages. Néanmoins Kev Adams, de ce point de vue-là, est tout à fait valable, il à aussi plusieurs expériences de long-métrage en doublage.

3DVF : Tout de même, le parcours de Fabien Tref/Fabi évoqué par Mediapart pose de sérieuses questions. Etiez-vous au courant de ce parcours, des points noirs soulevés dans l’article ? Si oui, pourquoi avoir tout de même choisi de travailler avec lui ?

Je n’ai pas le talent de Mediapart pour obtenir autant d’informations sur quelqu’un, mais quand bien même, je n’ai pas à juger de la vie atypique de mon client, ni de qui que ce soit d’ailleurs. C’est loin de mon univers certainement, mais notre zone de contact avec Illuminart, c’est de faire un film, point. Médiapart ne semble pas faire état qu’il ait pu être inquiété par la justice, au-delà de tracfin, ce qui semble être la norme pour les joueurs de poker. Quand bien même, je l’ignorais, et nos rapports avec IlluminArt ont été très correct. Le reste c’est sa vie privée.

Comme nous n’avions jamais travaillé avec Dubaï, nous avons aussi fait appel à un cabinet d’avocats spécialisé qui avait pour objectif d’identifier la contrepartie, ce qui a été fait.

Pour ma part j’aurai largement préféré que Illuminart soit en pleine lumière dès le début, l’anonymat des investisseurs à probablement été un frein sur le projet. Maintenant, les portefeuilles de notre industrie sont souvent anonymes aussi, ce qui ne pose pas de problème pour autant. Je pense qu’ici c’est le mariage crypto + anonyme qui à pu afficher des craintes aux investisseurs.

Plush
Visuel utilisé dans le cadre de la communication autour du projet Plush

3DVF : Mediapart souligne que la communication a cessé autour du projet Plush, et la « business licence » d’Illuminart n’a apparemment pas été renouvelée. Le projet est-il mort ? Les personnes ayant soutenu le projet peuvent-elles espérer récupérer tout ou partie de leur investissement ? Avez-vous un message pour elles ?

Le message est simple : merci.

Merci d’avoir eu l’audace de tenter ce pari avec nous. Il y a plusieurs paramètres qui font que le projet est en sommeil aujourd’hui. Si les conditions avaient rendu possible l’un des scénarios de vente, nous aurions mis toute notre énergie dans ce projet de long-métrage, qui ne tombe pas sur nous par hasard. Car oui, il n’y a pas que Universal qui peut faire des films. Et si on leur avait dit qu’ils n’étaient pas capables de faire le premier, je pense qu’ils l’auraient fait quand même. Aussi, restons cohérents, il s’agit d’un pari.

3DVF : Mais concrètement, les personnes ayant acheté des NFT peuvent-elles espérer un remboursement, même partiel ? RMC évoque par exemple le cas d’une personne qui met en demeure Illuminart, Rooftop, Karlab, son avocate évoque la possibilité d’une action judiciaire.

Premièrement, nous n’avons reçu aucune mise en demeure, et pour cause, elle n’ont pas lieu d’être, nous n’avons pas gagné d’argent sur les ventes de NFTs. (Karlab n’a jamais signé quoi que ce soit avec IlluminArt), cela n’a aucun sens.

Je ne pense pas qu’il existe une possibilité de remboursement, en tout cas la roadmap du projet est explicite à ce sujet. Comme BFMTV l’a précisé le lendemain, il est dit clairement dans la roadmap que l’investissement sur les NFT est extrêmement risqué, qu’il n’existe dans le cas du projet PLUSH aucune protection gouvernementale et d’autres recommandations à ceux qui ne connaissent pas ce marché. Les investisseurs ont participé en connaissance de cause.

J’ai moi-même acheté 3 Plush quand les NFT sont sortis (j’ai le flair !). J’aurais aussi préféré que cela aboutisse. Personne ne m’a forcé.

Quant à la situation administrative d’IlluminArt, ces informations, je les apprends par les médias comme tout le monde, et j’ignore d’ailleurs si elles sont exactes. J’ai pu lire récemment que la licence parlait d’excursion en chameaux et que Kev Adams était à l’origine du projet…. IlluminArt… illuminati… Plus il y aura de lumière sur tout cela, mieux ce sera pour tout le monde. Je rappelle que de notre côté, nous avons engagé un cabinet pour
équilibrer le contrat, mais avant tout pour identifier la contrepartie, si cette information est vraie, je demanderai des explications à nos collaborateurs qui avaient la charge d’identifier la contrepartie avant d’équilibrer le contrat.

3DVF : Vous parlez plus haut de projet « en sommeil » alors que le projet semble mort.
Doit-on comprendre que vous pensez qu’il est encore possible de le relancer, malgré l’échec des ventes de NFT et les informations publiées par Mediapart sur Plush, ainsi que la prise de distance de soutiens du projet comme Kev Adams ? Ou considérez-vous que Plush ne verra pas le jour ?

Si il n’y a pas le budget, il n’y aura pas de film, c’est évident. L’article de Médiapart s’ajoute à de nombreux dysfonctionnements dans la dynamique générale de PLUSH, cela ne remet pas en cause que si l’équipe d’IlluminArt trouve des solutions de financement malgré tout cela, nous restons à l’écoute et disponibles pour évaluer la faisabilité aujourd’hui. Cela ne dépend pas de nous.

Côté studio, nous ne sommes plus sur PLUSH depuis un bon moment.

Influenceurs
Communication officielle du projet, mettant en avant les célébrités, influenceurs associés au projet ou en faisant la promotion.

3DVF : Vous nous disiez aussi avoir appris la situation administrative d’Illuminart via les médias : êtes-vous toujours en contact avec la société et son fondateur, « Fabi » ? Si oui, doit-on s’attendre à un futur communiqué officiel de sa part suite à l’article, et/ou à une annonce concernant l’avenir de Plush ?

Nous communiquons quand cela est nécessaire, il m’est arrivé de passer des appels à Fabien pour savoir où en étaient ses démarches de levées de fonds, et s’il était possible de mettre à jour les Plushers qui nous ont contactés directement au studio. La dernière annonce sur le discord était assez lointaine, je comprends qu’ils se questionnent, j’en aurais fait autant.
Karlab et Rooftop ont reçu quelques mails de la part des investisseurs, nous leur avons répondu et avons prévenu l’équipe afin qu’ils réagissent. Ce qu’ils ont fait (par les tickets discord je crois). Ces gens ont d’ailleurs été très respectueux et comprenaient très bien que nous n’étions pas responsables de la communication, merci à eux.

3DVF : Quel sera l’impact de la fin du projet sur Rooftop et Karlab ?

Les personnes avec qui nous travaillons ont déjà affiché leur soutien, le reste, c’est du bruit médiatique auquel nous avons été exposé par ce projet. Évidemment je me serais bien passé de cette exposition, cette prise de risque à eu des bons et des mauvais côtés.

Rooftop Production est un petit studio récent, plein d’envie, plein de talents, une très bonne épicerie de quartier qui a pour ambition de faire des films et de produire du sens. Après plus de 10 ans dans les grandes surfaces de l’industrie de l’Animation (cinéma, télé, pub, clip) à différents postes, je me suis lancé seul, sans capital, mais avec de bonnes connaissances et l’envie furieuse de m’exprimer artistiquement, et de m’amuser. La première étape était de positionner le studio sur un niveau d’exigence artistique et technique. J’ai rassemblé une équipe d’artistes et d’amis et leur ai proposé de me suivre dans cette direction (encore merci à eux pour leur soutien en pleine lumière et dans les coulisses). Le démarrage a été très efficace.

Certains ont pu rejoindre l’équipe de façon permanente et la dynamique a été très nourrissante humainement et artistiquement. Nous avons travaillé assez rapidement sur plusieurs projets (Chine/France) qui ont permis que la machine se lance. À ce stade de maturation et avec notre énergie, nous aurions dû attendre au moins 5 ans pour avoir notre premier projet à 2 ou 3 millions. Et comme je le disais, le studio a pour ambition de faire des films, d’un certain niveau de qualité, et cette qualité a un coût.

Nous avons eu, comme tout le monde, de nombreuses propositions liées aux NFT en 2021/2022. Nous en avons accepté quelques-unes et PLUSH est arrivé, avec une bonne dose de travail et surtout à la clé, un long métrage, déjà. À ce moment-là, j’avais le choix entre prendre le tapis roulant de l’industrie et faire la queue devant le CNC, ou faire un pas de côté vers un modèle que je ne connaissais pas. Je l’ai évidemment tenté, comme n’importe qui l’aurait fait, pourvu qu’il s’en soit senti capable. Le client a été totalement correct avec nous, je ne regrette pas de l’avoir tenté. Maintenant si un projet n’aboutit pas, ce n’est pas la fin du monde, les compétences et la passion restent intactes, et si le projet PLUSH prend fin, cela ne change rien à la dynamique de nos vies, nous ne travaillons pas dessus depuis quelques mois, bien que nous aurions aimé. J’ai idée que la recherche d’investisseurs privés va se compliquer avec les attaques People, mais sait-on jamais…
Cela ne dépend pas de nous.

Pour le moment, l’impact négatif se résume à des artistes qui nous demandent de retirer leur travail de notre démo, ce qui sera fait dans les prochains jours, ce que je peux tout à fait comprendre. C’est désagréable mais cela n’a pas beaucoup d’importance aujourd’hui, cela nous permettra de dépoussiérer le site, qui n’a pas bougé depuis le début.

Si la situation persiste en revanche, et que cela venait à inquiéter nos collaborateurs actuels et à venir, nous pourrions ne pas y survivre, c’est une possibilité. L’impact médiatique est justifié, il y a eu de vrais projets “vides” dont certains influenceurs ont fait la promotion, et qui cherchaient seulement à récolter de l’argent avant de disparaître. Je sais que la plupart des gens n’intègrent pas Rooftop dans cet amalgame. (Au pire nous sommes des incapables, au mieux on s’est fait avoir, je connais la chanson, je ne me sens pas concerné. 🙂 De notre point de vue, c’est un projet qui n’aboutit pas, ce qui peut arriver, ce ne sera ni le premier, ni le dernier, c’est ce qui arrive aux gens qui font des choses.

Plush
Un des nounours utilisés pour promouvoir le projet.

3DVF : Plus largement, avez-vous d’autres éléments à ajouter concernant l’article de Mediapart et les informations qu’il contient sur Plush ?

C’est tout à fait normal pour un journal d’investigation d’aller chercher à éclairer les zones d’ombres de projet d’investissement. Dans notre cas nous n’étions pas anonyme, l’article n’a donc rien à “révéler” sur nous. J’ai trouvé l’interview très accusatoire dans un premier temps, et je ne connaissais pas le niveau d’intégrité de Yann Philippin [NDLR : l’un des deux auteurs de l’enquête de Mediapart. Yann Philippin est spécialisé dans les affaires financières, de fraude fiscale / corruption], j’avoue avoir eu peur de l’impact, du ricochet médiatique. En gros il voulait nous faire dire qu’on avait joué de l’ambiguïté entre nos curriculums et nos productions. Quand il à fini par comprendre que nous n’avons pas permis cette confusion et que cela aurait été ridicule de notre part dans un si petit domaine, il n’a pas mis en cause les studios dans son article final.

Si on dézoome, je trouve que que la démarche ne s’inscrit pas non plus dans le registre de l’intérêt public ou du courage, mais plutôt qu’ils surfent globalement sur le following de Kev Adams (tout en lui reprochant d’utiliser ce même following pour promouvoir un projet). Le sujet de PLUSH sans cela, ne méritait pas autant d’attention, car comme cela à été dit, cet investissement risqué avait pour réel objectif de faire un film. A moins que le premier scénario de ventes engage une pré-production ou mieux, la recherche de fonds privés allait
forcément laisser passer beaucoup de temps.

Au final tout ça parle très peu de cinéma. Merci à vous !

Pour aller plus loin

3DVF suivra les suites de l’affaire, et ses conséquences.
D’ici là, vous pouvez retrouver l’enquête complète de Mediapart à propos de Plush sur leur site (accès via abonnement, il est possible de souscrire un abonnement d’essai à 1€).

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