Pattie et la colère de Poséidon
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Pattie et la Colère de Poséidon : rencontre avec le réalisateur David Alaux

Pattie et la Colère de Poséidon est sorti depuis quelques jours déjà dans les salles françaises. Ce film d’animation né à Toulouse au sein du studio TAT (à qui l’on doit déjà Les As de la Jungle, Terra Willy, Pil) met en scène une souris et ses aventures, au coeur de la Grèce antique. Avec l’aide de personnages hauts en couleurs, elle devra mener à bien une quête pour sauver sa ville.

A l’occasion du PIDS Enghien, nous avons pu nous entretenir avec le réalisateur du film, David Alaux. Inspirations, enjeux artistiques, character design, créatures gigantesques et séquence musicale : il nous a dévoilé les secrets du projet.
Voici donc la bande-annonce du film, suivie de l’interview !

3DVF : A l’occasion du PIDS Enghien, vous avez pu échanger avec votre public juste après une projection de Pattie et la Colère de Poséidon. Quel effet cela fait-il de pouvoir discuter avec ces enfants, qui ont posé des questions très diverses et souvent touchantes telles que « comment vous avez fait parler les souris » ?

David Alaux – TAT : C’est plutôt sympa ! J’ai fait pas mal d’avant-premières et de projections avec le public, et les enfants sont très réceptifs. Ils posent beaucoup de questions, sont très contents.
Parfois, évidemment, c’est assez naïf, mais parfois aussi c’est très pointu : vous l’avez d’ailleurs vu durant les échanges au PIDS Enghien quand des enfants m’ont posé des questions sur le fait que tel ou tel animal n’était pas présent dans la mythologie grecque. Et ils ont raison, puisque j’ai fait des adaptations de certaines créatures !
C’est vraiment intéressant d’avoir ces échanges.
Pour la question sur la voix des souris, c’est amusant car ils savent que ce ne sont pas de vrais animaux, et ça déclenche de nombreux questionnements, ils profitent donc de la présence de l’équipe pour trouver des réponses.

David Alaux - TAT
David Alaux – photo ©Monxy

3DVF : Pattie et la Colère de Poséidon s’inspire du Jason et les Argonautes de 1963, avec des effets supervisés par Ray Harryhausen…

Oui, d’ailleurs c’est très clairement le film qui m’a donné envie de faire de l’animation !
J’avais 7 ans quand j’ai vu ce film à la télévision dans les années 70. Les squelettes et autres créatures étaient animés image par image, je ne comprenais pas et mon père m’avait expliqué et fait une démonstration avec une caméra Super 8.

3DVF : Pattie et la Colère de Poséidon se situe donc des années après les aventures de Jason : celui-ci a vieilli, et Pattie devra l’accompagner lors d’une quête destinée à sauver leur cité.
Comment Pattie a-t-elle été mise en place en tant que personnage ? Comment avez-vous trouvé son design ?

J’avais envie d’avoir une héroïne, car je n’avais pas encore eu l’occasion de me centrer sur un personnage féminin sur les films que j’avais écrits/réalisés.
Mettre en scène des animaux pour raconter des histoires aux enfants permet à ceux-ci de mieux s’attacher et s’identifier aux personnages, donc de mieux comprendre le scénario. Et choisir une petite souris permet de renforcer l’immensité des enjeux : même en tant qu’animal elle est petite, on se dit donc que ce sera encore plus difficile pour elle de surmonter les défis qu’elle va rencontrer.

Pattie - dossier
Pattie, le personnage principal.
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

En termes de character design, je voulais quelque chose de grand public, puisque la comédie d’aventure grand public est notre marque de fabrique. Il fallait donc un personnage qui soit immédiatement attachant, attirant, sans sombrer dans quelque chose de trop kawaï. Autrement dit, il fallait rester dans notre style graphique assez classique, pas trop stylisé, et vraiment avoir un personnage dynamique, souriant, et encore une fois hyper attachant.
C’était donc l’intention, et nous avons beaucoup travaillé dessus avec Benoît Daffis, qui s’est occupé du character design sur le film.

Pattie et la Colère de Poséidon - Pattie
Pattie
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

Il y a eu des allers-retours, avec un gros passage en 2D, de la sculpture 3D sous ZBrush pour affiner, chaque sculpt étant ensuite remanié par Benoît Daffis à la palette graphique pour ré-affiner le design, avant un nouveau sculpt, un nouvel affinage… Jusqu’à arriver au personnage du film.

3DVF : Un autre gros enjeu de Pattie et la Colère de Poséidon était la cité grecque dans laquelle vit Pattie, puisque cette ville est très mise en avant.
Trois visions peuvent s’opposer sur ce type d’élément. D’une part, les idées reçues auprès du grand public, surtout pour les parents qui ont en tête des représentations dans les oeuvres audiovisuelles, ce qu’ils ont vu dans des musées, etc.
D’autre part, la réalité historique qui ne colle pas forcément aux idées reçues. Enfin, la vision artistique, qui peut diverger fortement des deux points précédents.
Comment les choses se sont-elles mises en place ?

L’idée ici était justement de ne pas tomber dans l’image d’Epinal des temples blancs ou beiges. D’autant que c’est une représentation qui évolue rapidement, je pense que cette vision de temples immaculés sera très rapidement datée. On souhaite rester à la page pour quelques années.

Pattie et la Colère de Poséidon - ville grecque
La cité grecque. Au premier plan, la toison d’or.
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

Il a été plus difficile d’assumer les statues. Je ne parle pas ici de la statue gigantesque à l’entrée du port, mais des statues plus petites parsemées dans la ville. Car les couleurs des statues grecques telles qu’apparemment elles étaient, ça fait vraiment… Santon géant ! Ce n’est pas très beau.
On s’est dit qu’il fallait tout de même en mettre, on en a dans la ville, mais sans excès et en gardant une cohérence. Les statues sur les fontaines restent monochromes, les autres statues sont peintes, et nous avons laissé la statue monumentale de Zeus telle quelle, non peinte.
On a donc voulu rester cohérents avec ce que l’on sait de cette époque, même si les statues colorées nous semblaient un peu repoussantes. On ne les a par contre pas beaucoup filmées, on ne s’attarde pas dessus. Mais on l’a quand même fait, on est restés cohérents avec ce que l’on sait de la Grèce Antique.

3DVF : Les statues peintes peuvent d’ailleurs poser quelques défis de mise en scène, on peut l’espace d’un instant croire qu’il s’agit d’humains de la cité, avant de réaliser qu’elles sont statiques.

C’est vrai. On les a gardées comme ça, notamment au pied de la bibliothèque. C’est particulier, mais je pense que dans quelques années l’idée que les statues n’étaient pas blanches et immaculées se sera répandue, ça ne choquera plus personne de les voir ainsi.

3DVF : On note aussi que les habitants de la ville sont assez variés, avec différentes couleurs de peau. Comment avez-vous réfléchi à la diversité ?

On a essayé de rester le plus logique possible. La Grèce Antique comptait de nombreux marins qui s’éparpillaient tout autour de la Méditerranée sous forme de colonies. Comme le pourtour méditerranéen n’est pas homogène en termes de populations, logiquement les ports avec de nombreux voyageurs abritaient des populations très diverses. Finalement c’est aussi ce que l’on a aujourd’hui dans tous les grands ports de la Méditerranée.

3DVF : Pattie et la Colère de Poséidon met en scène des personnages d’échelles très différentes : les animaux qui sont assez petits, les humains, les divinités et grandes créatures gigantesques. Cela peut évidemment poser des questions en termes de mise en scène, de lisibilité de l’image. Comment avez-vous abordé ce point ?

On s’est énormément posé de questions par rapport à ça.
Sur le plan technique également, par exemple sur la manière dont on gère les choses quand un même plan passe d’un cadre très serré sur une petite créature à cadre large sur une grosse créature. Comment gérer les textures sur les personnages gigantesques. Il a fallu y réfléchir, mais nous y avions pensé très tôt, avec une bonne préparation : au final ça a été moins difficile que prévu.

Pattie et la Colère de Poséidon - Sam
Sam
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

En termes de mise en scène, on a essayé de séparer un peu le monde des animaux de celui des humains, en les cadrant rarement en même temps. Les questions d’échelles ont été gérées séquence par séquence, on a bien réfléchi au stade du storyboard puis du layout.
Il faut bien garder en tête que si on met tous les personnages ensemble sur un line-up, la différence de taille est vraiment frappante.

Pattie et la Colère de Poséidon - line up
Ci-dessus et ci-dessous : aperçu des tailles relatives des personnages du film.
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema
Pattie et la Colère de Poséidon - line up
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema
Pattie et la Colère de Poséidon - line up
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

Le plus souvent, on garde le point de vue de Pattie, l’héroïne, et de Sam, le chat. On a globalement cadré les choses à leur niveau, à leur hauteur. Mais les séquences sont si diverses que nous n’avons pas appliqué une règle unique, la réflexion a vraiment été effectuée au cas par cas, sans règle globale. L’essentiel était que le spectateur ne soit jamais perdu, que l’on n’ait jamais la sensation que tout à coup, un personnage soit plus petit ou grand que ce qu’il doit être.

Pattie a fait l’objet d’un soin particulier avec un jeu sur l’angle de vue, la focale : au début du film elle est filmée de façon à ce qu’elle semble toute petite, alors qu’à la fin du film elle semble plus grande. Une manière d’accompagner visuellement sa progression, une petite souris oppressée qui se libère au fil de l’aventure et devient « grande » dans tous les sens du terme.

3DVF : En termes de character design et animation, quels personnages vous ont donné le plus de fil à retordre ?

Sam a été rapide à définir, j’avais en tête le Maneki-neko, ce gros chat rond qui lève une patte et porte bonheur. L’idée était d’avoir une apparence qui renforce le côté nounours quand il s’occupe de Pattie, un côté très protecteur.

Pattie et la Colère de Poséidon - Sam
Sam le chat
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

Chickos, le goéland, a été trouvé assez rapidement également : nous voulions un côté vieux briscard, c’était très clair au scénario et dès les premières propositions graphiques le personnage était très proche de ce que l’on voulait.

Pattie et la Colère de Poséidon - Chickos
Chickos le goéland
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

En revanche il a fallu beaucoup de temps pour Pattie, il fallait trouver un bon équilibre entre la patte graphique du studio tout en poussant au maximum l’aspect attachant que j’évoquais plus haut. Que l’on ait vraiment l’envie dès le premier regard de suivre ses aventures. Tout en ayant un certain cachet, ce qui se traduit par exemple par l’oreille coupée, la houpette, les rouflaquettes qui remontent. Ce sont des éléments qui ont été affinés petit à petit.

3DVF : Et en ce qui concerne les créatures mythologiques, très nombreuses dans Pattie et la Colère de Poséidon ?

Les cyclopes ont posé des soucis. Je les voulais monoblocs, ils ont une forme qui est un peu celle d’un gros cône arrondi à la pointe, pas d’épaules, des jambes massives. Ces jambes ont été un enfer pour les équipes d’animation. A la base ils devaient avoir des pieds classiques, mais cela posait beaucoup de problèmes, ça ne fonctionnait pas. On a donc été obligés de faire quelques concessions par rapport à nos envies initiales afin que les équipes de setup et animation puissent travailler. Au final les cyclopes ont des pattes d’éléphant sans véritable pied.

Pattie et la Colère de Poséidon - cyclopes
Les cyclopes
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

Pour le reste, on s’est beaucoup amusés sur les créatures, pas de vrai souci. Pour l’hydre, l’enjeu était d’éviter le gore, puisque le concept de cette créature est d’avoir des têtes qui repoussent quand on les coupe. Nous voulions en faire quelque chose de presque fun, comme si on faisait éclater des petits ballons mais sans bruit, une jolie fumée quand ça poppe, sans souffrance, sans la moindre goutte de sang. Il fallait vraiment que ce soit drôle, pas glauque. Cette tâche nous faisait un peu peur, et ça n’a pas été si facile que ça à régler. Mais nous nous en sommes plutôt bien sortis !
On lui a aussi donné un cri de chèvre qui désamorce le côté horrifique du monstre.

Pattie et la Colère de Poséidon - créatures
Un aperçu des créatures
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

Même chose pour le robot géant, au départ on voit l’oeil qui brille dans le noir mais rapidement il devient sympathique pour les spectateurs. De même que la programmation visuelle de ce robot à l’aide de blocs, qui parle bien aux enfants.

Le bébé kraken est grand, mais il ne fait pas peur du tout.

Pattie et la Colère de Poséidon - Kraken
Le bébé Kraken
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

Même chose pour le griffon avec sa forme amusante. L’idée était de faire un peu comme la mythologie grecque et de mélanger des animaux, mais en proposant quelque chose d’original. Nous avons pris un chien de type basset, un aigle, un perroquet, un canard colvert, et on a mixé un peu tout ça ! Le griffon est en quelques sorte le chien des cyclopes, un personnage pas très sympathique mais très comique. Encore une fois, Benoît Daffis s’est beaucoup amusé sur le character design.

L’objectif global était donc vraiment de systématiquement contrebalancer le potentiel horrifique d’un monstre par quelque chose de drôle. Pour que l’on joue vraiment sur les ressorts de suspense, de tension, jamais d’horreur. C’était quelque chose qui me tenait à coeur, puisque je m’adresse à un jeune public, je veux que ce soit fun, pas leur faire peur.

Les dieux, de leur côté, n’ont pas posé de souci.

Pattie et la Colère de Poséidon - Zeus et Héra
Pattie et la Colère de Poséidon – Zeus et Héra
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

3DVF : Pattie et la Colère de Poséidon comporte une séquence musicale impressionnante dans le port, avec un véritable déluge de personnages. Un gros défi ?

Oui, cette séquence a été très difficile à créer, notre directeur technique Romain Teyssonneyre a mis la main à la pâte car il a fallu simplifier les personnages sur certains plans, alléger le poil des animaux : il y a plus de 1000 rats qui chantent et dansent à l’image, faire passer ça au rendu a évidemment été complexe.

Sur le plan technique, la phase de préproduction avait permis de mettre en place les déplacements des rats, et notamment les roulades. Cela a servi de base aux animateurs pour certains mouvements de cette séquence.
Sachant que notre pipeline repose sur 3ds Max, avec des outils développés en interne pour l’animation. Houdini est aussi utilisé mais pour les FX, le hair/fur.

Pattie et la Colère de Poséidon - séquence musicale
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

3DVF : Y a-t-il eu la tentation de couper cette séquence musicale, afin d’esquiver totalement les difficultés ?

La séquence est importante en matière de souffle, de rythme. Elle se situe quelques minutes avant le départ en bateau, l’objectif était de remettre un peu de pêche, d’énergie. C’est une scène qui se déroule juste après l’apparition de Poséidon, qui est une scène impressionnante et qui attriste les personnages. C’était donc le bon moment pour relancer l’action, remettre du peps et équilibrer le rythme du film.

Nous avons d’ailleurs fait très attention à cela sur tout le film, notamment sur le montage. C’est très important aussi pour le jeune public, certains n’ont que 5 ou 6 ans, il faut donc relancer l’intérêt tout au long du film si on ne veut pas qu’ils se lassent.
Et ça ne fait pas de mal aux adultes non plus !

3DVF : l’inconvénient d’une telle séquence musicale est évidemment son coût. Le film a un budget qui tourne autour de 10 millions d’euros. Comment est-ce que l’équilibre a été géré entre une économie globale à respecter, et de l’autre part de grosses ambitions avec beaucoup de décors et personnages ?

C’est l’avantage de l’approche TAT avec un studio intégré à 100%, avec la production et le studio de fabrication au même endroit. On peut tout ajuster et faire des choix, bouger les curseurs ici et là en temps réel pendant le projet pour que ça passe. Charge ensuite, évidemment, aux équipes techniques, aux leads, au réalisateur de signaler s’il y a un besoin, ou de faire des concessions. Mais on peut donc, en discutant, en échangeant, trouver les meilleures solutions pour arriver à ce qui était prévu.

3DVF : D’un point de vue réalisation, y a-t-il eu des défis spécifiques, peut-être une séquence qui a demandé plus de temps que prévu ?

L’arrivée de Poséidon dans la ville a été remaniée jusqu’assez tard dans le storyboarding, initialement elle se déroulait en deux parties et était plus longue.
Peut-être aussi le moment où les animaux décident d’aider les humains, il a fallu beaucoup de retouches et ajustements pour la mettre en place, notamment en raison de la présence de foules et grands plans.

Pour le reste, sans aller jusqu’à dire que ça a été facile, ça a été assez continu du début à la fin.

Pattie et la Colère de Poséidon - arrivée de Poséidon
Poséidon
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

3DVF : Un autre enjeu sur un film comme Pattie et la Colère de Poséidon est de plaire… Aux parents, qui accompagnent leurs enfants ! Comment anticipez-vous ce point, avec les multiples gags et références qui parleront surtout au public adulte ?

Oui, c’est anticipé assez tôt et de façon naturelle. On met des références pour amuser les parents et grands parents, surtout des références issues du cinéma américain. Nous avons nous-même grandi avec ça, donc ça nous fait plaisir.
On essaie aussi que l’histoire globale soit intéressante pour eux. On peut évidemment regarder le film en lisant la trame narrative du point de vue de Pattie, mais on peut aussi se placer du point de vue de Sam, qui est un père surprotecteur et a son propre arc narratif.

3DVF : Nous évoquions plus haut la patte graphique TAT, qui est assez reconnaissable d’un film sur l’autre.
Ces dernières années on voit des studios expérimenter avec des rendus plus stylisés, comme DreamWorks sur Le Chat Potté 2 (voir notre interview), Sony avec Spider-Man : Into the Spider-Verse. Autant de projets très éloignés des racines de cette entités.
Y a-t-il des échanges au sein de TAT sur un éventuel virage visuel du même type ?

Pas forcément pour le moment, je pense que cela dépend aussi du public que l’on vise. Notre style visuel me semble bien adapté à notre cible, là où un style type Spider-Verse marchera très bien avec des ados/adultes. Je ne dis pas que ça ne marchera pas sur un public plus large et plus jeune, d’ailleurs Le Chat Potté 2 le montre bien, mais je pense que ce n’est pas une obligation. On peut tout à fait, pour le grand public, rester sur quelque chose de plus classique.
Ceci dit, peut-être que nous tenterons ce genre d’approche stylisée dans le futur. Nous n’y sommes pas opposés, mais pour le moment nos projets ne correspondent pas à cela.

Pattie et la Colère de Poséidon - navire
©2023 TAT productions / Apollo Films Distribution / France 3 Cinema

3DVF : Le PIDS Enghien, de même que les conférences des RADI RAF [que nous avons commencé à mettre en ligne], ont mis en lumière les enjeux écologiques actuels, avec par exemple les questions de dépense énergétique au sein des studios. Où en est TAT ?

Cela fait un bon moment que l’on se pose la question, il y a 4 ou 5 ans nous voulions déjà mesurer cela. De nouveaux outils arrivent à ce niveau.
De notre côté nous sommes également en train de mettre en place un pipeline de fabrication autour du temps réel, que l’on va tester sur une série dans un premier temps. L’idée est d’éprouver les nouveaux outils utilisés dans l’animation 3D, comme le moteur temps réel Unreal, et d’en mesurer concrètement les avantages. Afin également de vérifier si cela permet de faire baisser notre empreinte carbone. On a des équipes qui travaillent sur ce projet, on devrait rapidement voir les résultats.
Dans tous les cas, c’est désormais une obligation pour le secteur de l’animation.

TAT Studio
TAT Studio ©Monxy

3DVF : Un mot sur vos projets futurs ?

La série Astérix d’Alain Chabat poursuit son chemin chez nous, mais je ne peux pas trop en parler. Pour le reste, du côté des longs-métrages d’animation Les As de la Jungle 2 sortira cet été, Pets on a Train sortira en 2024 ou début 2025. Notre line-up est prêt pour 3 ou 4 films après Pattie, l’idée étant vraiment de ne pas perdre le rythme de faire travailler les équipes de façon régulière, d’optimiser les processus à la fois en termes d’empreinte carbone et de planning.

Chronologie du studio

3DVF : Et afin également de fidéliser les artistes localement ?

Oui, c’est d’ailleurs une des raisons de faire un film par an environ : faire des projets attirants, et réguliers, afin que les artistes qui veulent rester chez nous le puissent.

TAT Studio
TAT Studio ©Monxy

3DVF : Un conseil pour les artistes en école d’animation et qui souhaitent se tourner vers la réalisation ?

Nous avons 8 réalisateurs actuellement chez TAT, les deux tiers sont des personnes qui étaient à la base des techniciens. Par exemple, sur Les As de la Jungle 2, Laurent Bru est issu du storyboard chez nous et Yannick Moulin était lead lighting. Sur Pets on a Train, Jean-Christian Tassy était chef monteur chez nous, et travaille en duo avec Benoît Daffis qui était donc directeur artistiques pour les personnages de Pattie.
On a donc chez nous des techniciens qui passent à la réalisation, ils en avaient envie et on a pu tester leurs capacités sur des épisodes des As de la Jungle par exemple.
Mon conseil sera donc de ne pas hésiter à aller dans un studio et indiquer ce vers quoi vous voulez tendre, cela marchera peut-être : en tous cas chez nous c’est possible !

David Alaux (à gauche) lors du PIDS Enghien, soulignant le travail de ses équipes.
David Alaux (à gauche) lors du PIDS Enghien, soulignant le travail de ses équipes.

Pour en savoir plus sur Pattie et la Colère de Poséidon

  • Pattie et la Colère de Poséidon est actuellement visible au cinéma.
    Le film est produit par TAT Productions, Apollo Films, France 3 Cinéma, avec la participation de France Télévisions, Canal+ et Ciné+, le soutien du CNC, de la région Occitanie, de Toulouse Métropole, de la PROCIREP, de l’ANGOA et de la SACEM.
    La distribution est assurée par Apollo Films en France, Kinology pour les ventes à l’internationnal.
  • Le site de TAT.
  • Un grand merci au PIDS Enghien, grâce à qui l’interview a pu avoir lieu.
  • Une autre interview de David Alaux, chez Culture 31, avec des informations complémentaires (musique, gestion de la durée du film, etc).
Pattie et la Colère de Poséidon - affiche du film

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