3DVF : Le secteur 3D est actuellement [NDLR : rappelons que cette interview date de 2013] secoué par des évènements importants : fermetures récentes de studios, entreprises placées sous « Chapter 11 », manifestation d’artistes VFX à l’occasion des Oscars… À titre personnel, comment perçois-tu cette situation ? Que penses-tu, par exemple, des idées d’association de studios VFX qui permettraient à leurs dirigeants d’avoir du poids de négociation, des partisans d’un syndicat d’artistes, ou encore du débat sur les incitations fiscales ?
Kristof Serrand : C’est toujours positif de voir les gens s’investir pour la reconnaissance leur savoir-faire. Maintenant je ne suis pas très syndicaliste dans l’âme, et je connais assez mal le milieu de ceux qu’on appelle les artistes VFX.
3DVF : Jeffrey Katzenberg a indiqué à l’occasion de la présentation des derniers résultats financiers de DreamWorks Animation que pour lui, l’amélioration des outils utilisés par les artistes pouvait et devait permettre de travailler aussi voire plus efficacement avec des moyens plus limités.
En tant que Superviseur de l’Animation, quels sont les progrès techniques que tu attends dans les années à venir, pour faciliter et améliorer ton travail et celui des autres animateurs ?
K.S. : Plus efficacement sans doute, avec des moyens limités ça reste à prouver ! En tout cas ça a toujours été la quête du Graal de tous les chefs d’entreprise, pas seulement dans l’animation.
Pour ma part, je n’attends pas les progrès techniques, je les utilise au fur et à mesure qu’ils arrivent, et quand ils sont disponibles. De toute façon, un progrès chasse l’autre, et je me contente en général de tirer le meilleur parti possible des moyens du bord.
Pour paraphraser André Comte-Sponville : « Heureux celui qui n’attend rien, car il ne sera pas déçu ».
3DVF : DreamWorks recrute régulièrement des artistes issus des écoles 3D françaises. Que penses-tu du niveau de leurs formations, en particulier pour les animateurs ?
Ont-ils des lacunes dans certains domaines ?
K.S. : L’expérience montre que les écoles françaises d’animation sont parmi les meilleures du monde. Sans doute parce qu’on y étudie pas seulement que la 3D, mais qu’on y acquiert également une culture artistique. (En plus de la pratique !)
En ce qui concerne les lacunes, peut-être une certaine forme de communication. Les studios américains s’attendent à ce que les gens puissent présenter leurs idées devant une assemblée, dans des réunions où chacun donne son avis.
D’ailleurs en ce qui concerne la maîtrise de l’anglais je constate un net progrès des jeunes français dans ce domaine.
3DVF : Quels animateurs t’ont inspiré ou servi de références au cours de ta carrière ?
K.S. : Jean-Jacques Prunes, Bernard Roso, Milt Kahl, James Baxter.
3DVF : Une dernière question : récemment, quels films d’animation t’ont particulièrement marqué, que ce soit en 3D ou en 2D ?
K.S. : Combustible, le court metrage de Otomo.
Mais surtout Ernest et Celestine, un chef d’œuvre !
J’ai été très déçu qu’il n’ait pas eu plus de succès…
3DVF : Merci Kristof pour cette interview !
