Les Croods – Kristof Serrand, Supervising Animator

3DVF : Selon les productions, les acteurs peuvent être enregistrés séparément ou ensemble (ce qui peut alors donner des interactions intéressantes pour les animateurs). As-tu une préférence entre les deux approches ? Comment s’est passé l’enregistrement pour Les Croods ?

Kristof Serrand : Aucune, ma préoccupation est surtout que la performance vocale soit au top pour l’animation.

Mais effectivement, le réalisateur préfère enregistrer les acteurs ensemble (lorsque c’est possible), car l’interaction crée plus de spontanéité, et souvent l’improvisation amène de nouvelles lignes de dialogue qui ne sont pas dans le script.

Il faut aussi s’assurer que le monteur choisisse les meilleurs « takes ».

Pour Les Croods, on a fait certaines scéances avec Ryan Reynolds et Emma Stone ensemble, ainsi qu’avec Clark Duke et Cloris Leachman, mais Nicolas Cage a enregistré seul la plupart du temps (il a été enregistré une fois avec Catherine Keener).

Les scéances d’enregistrement se sont étalées sur l’ensemble de la production c’est à dire environ 4 ou 5 ans. (Il arrive parfois que l’on doive renoncer à un acteur lorsqu’il ne peut garantir d’être disponible sur toute le durée de prod)

Les enregistrements ont eu lieu au sound stage du studio, mais également à New York, La Nouvelle-Orléans, Las Vegas, Bath, Nassau, Londres et ailleurs en fonction de l’endroit où se trouvaient les acteurs.

Grug - attitudes - Les Croods
The Croods – DreamWorks Animation LLC. Tous droits réservés.

3DVF : Comment se déroulait ton travail de superviseur de l’animation, au quotidien ?

K.S. : En plus d’animer les scènes principales du film, un superviseur d’animation a de multiples responsabilités.
Un rôle de préparation et d’organisation, un rôle technique plus encore avec la 3D, également un rôle managérial et de leadership.

Ce qui m’intéresse surtout c’est la partie artistique du travail, donner une direction au personnage au début, et s’assurer ensuite de la continuité et de la consistance de celle-ci au cours de la production.

Au quotidien, c’est un contact permanent avec mon équipe et les autres départements du film, c’est beaucoup (trop !) de temps passé en réunions avec la production, tout ça en essayant d’en garder le maximum pour animer moi-même.

3DVF : Quelle était la taille de l’équipe, et comment le travail était-il réparti entre les animateurs ?

K.S. : À dreamworks on commence un film avec une douzaine d’animateurs, mais on peut terminer à 50 en fin de production ! En général ça tourne autour de 30/35 quand tout va bien.
Pour Grug, j’avais une dizaine d’animateurs, mais ça variait en fonction de l’arrivée des séquences en production. On a également essayé au maximum de ne pas avoir plusieurs animateurs sur la même scène, pour des raisons d’efficacité et de productivité.
Les animateurs (superviseurs compris) devaient donc le plus souvent animer tous les personnages d’un plan, et c’est un sacré boulot, car la famille des Croods est à l’écran la plupart du temps !
Les animateurs pouvaient donc être dirigés par plusieurs superviseurs en même temps, et quand il m’arrivait d’avoir à animer les autres membres de la famille j’allais voir le superviseur concerné.
Certains animateurs se sont aussi spécialisés dans l’animation des animaux.

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3DVF : Lors du travail sur une scène, gérée par un animateur et comportant des personnages qui sont assignés à plusieurs superviseurs différents, comment travailles-tu avec les autres superviseurs ? Le consensus est-il toujours facile à atteindre ?

K.S. : Il arrive évidement qu’on échange différentes idées entre superviseurs, en sachant que chaque superviseur a le dernier mot sur son personnage.

Ça s’est passé très bien sur Croods, car on se connaissait tous, ayant travaillé sur de nombreux films ensemble par le passé (à part Hans Dastrup qui était nouveau dans l’équipe, mais qui est un animateur de génie, et qui nous a tous très impressionnés !)

Je ne me rappelle pas de divergences de vues, mais lorsqu’il y en a, les réalisateurs ont le dernier mot.

Les Croods
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3DVF : Peux-tu nous donner quelques détails sur le processus de validation du travail d’un animateur pour un projet comme Les Croods ? Quelles données fournit-il pour avoir l’approbation des superviseurs voire du réalisateur,
et faire les retake ? Comment se passent les choses, concrètement ?

K.S. : Les processus de validation sont sensiblement les mêmes d’un film sur l’autre, ils diffèrent surtout en fonction de la personnalité des superviseurs, du directeur de l’animation et des réalisateurs, ces derniers étant ceux qui approuvent l’animation.

Difficile de décrire le processus concrètement, disons pour résumer que je demande en général aux artistes de montrer leur idée avec un minimum de moyens, et le plus rapidement possible. Ça peut être sous forme de poses en 3D, de sketches dessinés, de vue réelle, etc.
Ensuite on montre régulièrement l’avancement de sa scène aux dailies ou aux rounds, la progression habituelle étant :
Blocking/first pass/second pass/final/approved.
Mais certains plans sont approuvés dès la première passe, et d’autres sont validés difficilement, après beaucoup de versions différentes ! Il arrive même que le concept de la scène change pendant qu’on l’anime…
On a également ce qu’on appelle la « CBB list » (Could Be Better) les plans dont on n’est pas satisfait, mais qu’on a dû approuver, et qu’on refait dès qu’on en a l’occasion !

Les Croods
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