L’Institut Français du Textile et de l’Habillement (IFTH) a récemment adopté Marvelous Designer, logiciel de simulation de vêtements et tissus édité par le Sud-Coréen CLO Virtual Fashion (dont 3DVF et sont partenaire Progiss sont revendeurs). |
Yann Perruchot, responsable de la plateforme de Roanne spécialisée sur le Digital Fashion, a accepté de répondre à nos questions. Dans un second temps, nous sommes revenus sur un cas concret : un configurateur 3D de justaucorps de gymnastique, réalisé pour la société Moreau SAS, leader de ce marché en France et dans le monde. |
Webinar de présentation de Marvelous Designer, destiné au SIGGRAPH 2012.
3DVF : Bonjour Yann, peux-tu nous présenter l’Institut Français du Textile et de l’Habillement (IFTH) ? Qui êtes-vous, et quelles sont vos activités ? Yann Perruchot : L’IFTH est un Centre technologique industriel au service des entreprises de la filière Textile-Habillement. Nous proposons aux entreprises plusieurs solutions pour répondre à leurs nouveaux enjeux, renforcer leur pertinence stratégique, rythmer leurs démarches formations et relever les défis de la performance matière et produit. L’institut est également une référence européenne en matière de Recherche & Développement : une implication dans de nombreux projets européens afin de faire avancer les technologies et développer de nouveaux savoir-faire pour aider les entreprises à se démarquer. 3DVF : Quelles sont tes fonctions et responsabilités au sein de l’IFTH ? Quel est ton parcours ? Je suis responsable de la plateforme de Roanne dédiée au Digital Fashion depuis 10 ans. J’ai acquis une très grosse expérience sur toutes les solutions numériques permettant de mettre en œuvre les vêtements ainsi que sur la modélisation et l’animation de personnages. 3DVF : L’IFTH utilise la simulation 3D, et la simulation de tissus en particulier, depuis plusieurs années. Quels sont vos usages et besoins à ce niveau ? Quels types de projets nécessitent l’usage de ce type de logiciel ? Nous intervenons auprès de toute entreprise qui souhaite « mettre en scène » un matériau souple : cela peut aller de l’intérieur d’un bateau aux mannequins ergonomiques pour le transport, en passant par la corsetterie… |
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3DVF : Après avoir longuement testé Marvelous Designer, édité par le Sud-Coréen CLO Virtual Fashion, vous avez adopté le logiciel. Pourtant, vous disposiez déjà de logiciels spécialisés… Nous avons testé tous les logiciels dédiés au métier habillement depuis 10 ans et ils ont tous leur intérêt (Optitex, Browzwear, Lectra, Pad system, notamment). Nous avons aussi utilisé des logiciels plus orientés infographie (nCloth, Qualoth), mais Marvelous Designer apporte un plus par rapport à notre façon de travailler : il est avant tout bien intégré dans le pipeline de production que nous utilisons (Maya/Unity) et permet une interactivité immédiate entre la 2D et la 3D… |
3DVF : Bien entendu, Marvelous ne remplace pas entièrement les logiciels plus spécialisés, ce n’est d’ailleurs pas son but. Les outils spécialisés habillement sont forts utiles pour justement traiter la partie métier : la création des bases de patronages (le dessin des pièces qui vont servir à couper le tissu en production), la gradation (l’évolution de ces bases en fonction de la taille du mannequin) et un certain nombre d’outils/fonctionnalités permettant d’être plus efficace dans la création des patronages. Mais ils sont avant tout dédiés à des métiers techniques comme ceux des modélistes et sont assez limités dans leur intégration avec les outils d’infographie 3D. |
3DVF : Au sein de l’IFTH, quels sont les profils des utilisateurs de Marvelous Designer ? L’apprentissage a-t-il été simple ? Ce sont des modélistes qui ont appris les bases du métier 3D. Elles sont capables de retranscrire un modèle (réel) de nos clients pour en faire un vêtement virtuel en passant par la construction » classique » d’un patronage. Le passage à la 3D a été assez naturel car on retrouve une interface claire et conviviale. Ce sont aussi des infographistes 3D, souvent épaulés par nos modélistes, qui en général récupèrent un produit déjà construit et y apportent quelques modifications mineures (longueurs de manche, forme d’un col, etc). Ils n’ont pas de formation spécifique, mais leur interaction permanente avec nos modélistes leur permet d’apprendre très vite à obtenir de bons résultats ! |
3DVF : La simulation de vêtements pose des problèmes particuliers et difficiles à résoudre : gestion de multiples couches de tissu, problèmes d’interpénétration ou encore réalisme physique des résultats par rapport aux vrais tissus. Comment se comporte Marvelous Designer à ce niveau ? Marvelous s’en sort très bien ! Notamment grâce à 3 outils très performants permettant : |
3DVF : Au-delà de la simulation elle-même, l’utilisateur attend d’un simulateur physique qu’il soit le plus rapide possible, qu’il soit stable, produise des résultats ayant une certaine répétabilité, mais aussi qu’il s’intègre facilement dans un pipeline existant : dans votre cas, la compatibilité Maya était primordiale. Etes-vous satisfaits sur tous ces points ? Oui nous sommes très satisfaits de cette solution car elle est très stable (depuis plusieurs versions déjà, ce qui n’était pas le cas au début) et qu’elle s’intègre parfaitement dans un pipeline de production 3D : nous faisons les mannequins dans Maya dans 2 poses distinctes (la pose » T » et la vraie pose souhaitée) et nous l’importons dans Marvelous au format OBJ comme avatar. Ensuite nous créons nos patronages, les cousons et simulons sur le mannequin en pose » T « . Une fois la simulation satisfaisante nous importons la vraie pose (OBJ) qui vient s’intégrer dans la scène par morphing, permettant au vêtement de se calculer pendant cette transition. |
3DVF : A l’opposé, quelles sont les limites du logiciel, par rapport à ses concurrents ? Son point faible découle de son point fort : il est simple d’utilisation, du coup il est un peu limité en production pure notamment pour générer rapidement des patronages : il manque par exemple d’outils pour travailler en symétrie, pour déplacer des points de manière géométrique, etc. 3DVF : L’expérience de l’IFTH dans le domaine de la simulation de vêtements et tissus lui donne une bonne vision du secteur ; pour vous, sur quels points porteront les avancées majeures dans les années à venir ? Nous avons déjà vu la progression en 10 ans et nous sommes confiants sur l’avenir de la simulation de vêtements 3D. Cependant nous estimons que ces avancées n’ont pas été poussées aussi fort que dans d’autres domaines (les cheveux et les fluides notamment) et cela mériterait que les éditeurs s’y penchent un peu plus !! |