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Compte-Rendu : Dimension 3 2012

Dimension 3

Du 13 au 15 juin 2012 se tenait près de Paris la dernière édition de Dimension 3, salon initialement focalisé sur le relief qui s’est élargi à l’ensemble des problématiques « nouvelles images », de leur création à leur présentation sur écran.

Ainsi, si le relief reste le coeur du salon, les entreprises présentes et les thèmes abordés en conférences sont relativement larges : tournage relief, diffusion et projection, réalité augmentée, matériel, étalonnage, prévis, stockage, cloud ou encore impression 3D.

 

Entreprises

Les habitués du salon ont une fois de plus répondu présent, à commencer par Binocle et ses services de captation 3D : rigs 3D, analyse en temps réel des images, services de prise de vue et traitement des images.

A l’occasion du salon, Binocle 3D annonçait deux nouveautés :

– des amélioration sur ses rigs existants, avec des contrôles supplémentaires (corrections d’assiette 3 axes – vergence – entraxe) en radiocommande, tout en laissant la possibilité d’un réglage direct sur le rig.

– le nouveau Disparity Tagger Mini : il s’agit d’une version revue et corrigée du Disparity Tagger, système d’analyse et correction en temps réel des flux vidéo stéréoscopiques. Binocle propose le système logiciel, mais aussi un ensemble matériel dédié.
C’est sur ce dernier point que repose l’avancée : Par rapport à la version classique, que le Disparity Tagger Mini vient remplacer, le nouveau système est bien plus compact. Ceci intéressera évidemment particulièrement les utilisateurs de plateformes de tournage vidéo mobiles : lorsque tout un studio vidéo doit être concentré dans une camionnette, un gain de place est toujours appréciable.
(le nouveau système est visible ci-dessous, sous l’écran de télévision situé à gauche de la photo)

Binocle

 

Stand Binocle

 

Impression 3D

Plus loin, deux entreprises présentaient des gammes complémentaires en impression 3D :

Arketyp, distributeur des très performantes imprimantes d’Objet. La société propose aussi des services et consommables associés à l’impression 3D, l’objectif étant de se positionner sur l’ensemble de la chaîne.

Multistation se focalise sur un marché d’utilisateurs au budget plus restreint avec trois produits : Print 3MMM, Extru 3D, 3Desir. Par rapport aux kits d’imprimante 3D disponible ailleurs, leur spécificité est de proposer des solutions clés en mains : les machines sont livrées montées dans toutes la France.
La machine Extru3D, présente sur le salon, permet d’imprimer avec un fil de diamètre 3mm, et une précision de 0,125 à 0,5mm.
Les deux autres imprimantes permettent d’utiliser en plus cire ou poudre.
En plus de ces machines, Multistation propose des consommables, des fraiseuses et machines à gravure, des logiciels de conception / interfaces ou encore des machines de coulée.

Impression 3D

 

Vitro, de son côté, présentait sa solution de gravure laser au sein d’objets, mise en application avec de la gravure dans un bloc de verre. Le stand était équipé d’un scan 3D (lumière structurée) permettant de rapidement capturer le visage d’un client potentiel, la géométrie étant ensuite gravée au sein du verre avec une précision de l’ordre de 0,08mm.

Enfin, nous avons également rencontré l’équipe de SolidAnim, société spécialisée en animation et motion capture. Leur offre comporte un studio de mocap équipé, mais aussi du système de tracking temps réel SolidTrack, une solution de visualisation temps réel en réalité augmentée : le système tracke les mouvements de caméra et permet d’insérer des éléments 3D qui respecteront ces mouvements. Une solution de visualisation / production virtuelle qui a la particularité de pouvoir s’adapter à la plupart des caméras existantes, et qui ne nécessite pas de marqueur particulier. Les essais sur le stand nous ont semblé très concluants, malgré une lumière ambiante réduite qui aurait pu poser problème.

VitroCi-dessus, le processus de scan et gravure sur verre présenté par Vitro ; ci-contre, aperçu d’un scan brut (la résolution a été légèrement amoindre en raison de la conversion du modèle)

Scan

Scan


Ci-dessous, vidéo de démonstration de Solidtrack.

 

Conférences

Dimension 3, ce sont aussi des conférences en lien avec le relief et les nouvelles images. Nous vous proposons de revenir sur deux d’entre elles : une keynote de Sandy Karpman de Pixar, et un showcase MPC sur Prometheus et John Carter. Dans les deux cas, le relief était au centre du débat.

Keynote : Sandy Karpman, Pixar

Sandy Karpman s’est forgé au fin des années une solide carrière dans les VFX et l’animation : 18 ans chez ILM, au sein du département effets spéciaux puis CGI. Elle a travaillé sur des films comme Willow, Retour vers le Futur II et III, The Mask, Star Wars Episode 1 et 2 ou encore Twister.
Elle a rejoint les studios Pixar il y a 10 ans, pour la production de The Incredibles. D’abord artiste FX, elle a par la suite évolué vers un rôle de stereoscopic technical lead sur Là-Haut et Toy Story 3.
 
Au cours de sa keynote, Karpman est revenue sur sa vision du relief au travers d’une conférence claire et d’un niveau accessible à tous, en partant des principes généraux pour se focaliser ensuite vers quelques écueils particuliers liés au relief.
Pour commencer, elle a rappelé quelques notions de base que l’on retrouvera dans le Livre Blanc du Relief, disponible gratuitement en ligne : le « stereo-budget », autrement dit l’ampleur de la profondeur du relief pour un plan donné, la « rondeur » des objets qui sont étirés ou écrasés dans l’axe orthogonal à l’écran en raison du relief si la scène n’est pas modélisée en accord avec le rendu relief désiré, ou enfin les problèmes de divergence : lorsqu’un spectateur doit trop forcer et « écarter » les yeux pour voir le relief, ce dernier devient douloureux.

Ainsi, le relief est à voir comme un équilibre entre plusieurs paramètres : la focale préférée du directeur de la photographie, le confort des spectateurs et la rondeur des objets. Idéalement, il faut bien entendu essayer d’obtenir les trois en simultané !

Pour Karpman, différents « styles » de reliefs existent et se regroupent en quelques grandes approches :
– la méthode de convergence et accommodation naturelle : le point d’attention se situe, au niveau du relief, à la profondeur de l’écran physique. Avatar utilise cette approche, qui peut avoir des effets indésirables, en particulier des détails jaillissant très près du public.
– la méthode d’échelle naturelle, utilisée par Dreamworks sur Dragons ou par Pixar sur la Luna : un gros plan sera présenté proche des spectateurs, tandis qu’un paysage sera mis en relief loin derrière l’écran.
– enfin, il est toujours possible d’utiliser une méthode pour chaque plan, sans cohérence globale. Le gros problème de cette approche est que l’on casse totalement les proportions des personnages d’un plan à l’autre : un personnage représenté avec une même hauteur, par exemple, sera vu à une distance différente selon le plan, donnant l’impression que sa taille change. L’échelle est totalement détruite : à bannir totalement, selon Karpman. Une approche globale du relief est toujours nécessaire.

Karpman a également abordé le fait que le placement dans la salle influe la perception du relief : les films sont optimisés pour un placement au centre de la salle. Si l’on est proche de l’écran les objets sembleront écrasés, si l’on est loin ils sembleront plus étirés et le relief plus important (les personnes percevant mal le relief ont donc tout intérêt à se mettre sur les derniers rangs).

Par la suite, elle est revenue sur des problèmes plus précis comme la transition entre plans qui peut être adoucie en ce qui concerne le relief en déplaçant la profondeur du point d’attention pour se rapprocher de celle du plan suivant (ce qui peut se faire en post en décalant les images droite/gauche).

 

Sandy Karpman

 

MPC : relief de Prometheus et John Carter

Une autre conférence nous proposait de revenir sur deux films récents marquants et d’en explorer la gestion du relief, en compagnie du studio MPC. La présentation a débuté sur un rappel de termes, qui a aussi permis de souligner les spécificités de la conversion relief par rapport à des tâches de rotoscopie classiques :
– roto prep : rotoscopie classique avec nettoyage de l’image pour supprimer marques, caméras, props de mauvaise qualité ou temporaires ;
– stereo prep : cette préparation, destinée à la conversion, implique de remplir le « vide » qui est généré lorsque l’on décale les différents plans pour créer le deuxième oeil.
– full prep : on crée un fond complet sans les personnages ; il s’agit donc d’une extension du stereo prep.

En ce qui concerne John Carter, MPC a réalisé un full prep, puis rajouté les effets nécessaires. Une des grosses difficultés du projet : le studio était peu à l’aise avec la conversion relief, et avait donc des difficultés à anticiper les délais de livraison des plans.

Pour Prometheus, la situation était radicalement puisque le tournage était en relief natif. Il a toutefois fallu corriger les disparités : Reliance MediaWorks a fait une première passe, MPC a ensuite corrigé plus en détail Ocula, sous Nuke.
Pour ajouter les effets, il a de plus fallu faire de la roto prep sur les deux yeux : le travail était donc quasi doublé ! Le matchmoving a lui aussi pris plus de temps, se contenter de décaler les calculs faits sur une caméra n’étant pas une solution fonctionnelle.
Ceci étant dit, les étapes de compositing et lighting ont pu être réalisées tout aussi rapidement que pour un film sans relief. Au final, le studio garde donc une très bonne image de ce travail, et préfère manifestement travailler en relief natif.

MPC

Ci-dessous : Alexandra Added, directrice de Production chez MPC ;
Une liste des différents départements de MPC, dont le roto prep ;
Un exemple de script relief, qui décrit pour une scène donnée la distance à laquelle
seront perçus les différents éléments (near, far, sky, etc), ainsi que les limites des plans.
MPC - Dimension 3

Ci-dessous : exposition de travaux du photographe Henri Clément au sein de Dimension 3 ;
chaque portrait est une image lenticulaire composée de multiples prises de vue, il est donc
possible de se déplacer face à la photo et d’avoir la sensation de se trouver face à un buste
en relief, avec gestion de la perspective.

Expo Dimension 3

 

Bilan

Par rapport aux années, précédentes, la fréquentation nous a semblé en retrait (notons que nous n’avons pu être présent qu’un jour sur les trois) ; nous avons ainsi vu quelques allées quasi vides en début de journée. Plusieurs phénomènes ont pu participer à cette impression : les conférences se déroulant durant le salon peuvent parfois attirer la quasi totalité des visiteurs à un moment donné. Ceci étant dit, nous avons aussi constaté que certaines petites conférences étaient quasi vides, et que même certains sujets susceptibles d’attirer du monde (comme la conférence Pixar sur le relief) n’ont accueilli que quelques dizaines de visiteurs.
D’autres évènements comme le FMX ont peut-être impacté la fréquentation, et la nouvelle localisation du salon a pu décourager les non-professionnels (elle ne semblait pourtant pas avoir affecté la fréquentation l’an dernier). Il sera intéressant de suivre l’évolution en 2013.

Pour autant, ce sentiment de fréquentation en berne n’affecte pas les exposants de façon systématique : Binocle, par exemple, nous a indiqué que cela ne posait aucun problème pour l’entreprise. En réalité, même si le nombre de visiteurs a pu évoluer, la société a reçu sur le stand autant de visiteurs professionnels et intéressés que les années précédentes.
On pourrait alors en conclure qu’en réalité, ce ne sont pas les visiteurs professionnels qui ont fui le salon, mais plutôt les amateurs, que l’on imagine plus facilement découragés par l’accès en transports en commun peu aisé.

Pour en savoir plus

– Le site officiel de Dimension 3.

 

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