Compte-Rendu : Annecy 2012

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Bonlieu, Petite Salle, Mercredi 14h

En ce début d’après-midi, nous avons assisté à une conférence plutôt atypique pour un Festival d’animation intitulée « Préhistoires de l’animation ». Il ne s’agit pas d’une nouvelle production, mais tout simplement d’une étude menée par le réalisateur et préhistorien Marc Azema. « Et si les hommes préhistoriques avaient inventé le dessin animé ? » tel était la problématique posée par ce denier. Il nous a ainsi invités à visiter la Grotte Chauvet-Pont d’Arc afin de mieux saisir les origines paléolithiques de la narration graphique et du cinéma. On a découvert les effets de décomposition du mouvement et l’existence de véritables dessins animés préhistoriques par la juxtaposition des peintures, les hommes cherchant à raconter leur chasse par exemple; la maitrise des effets de lumière de nos ancêtres artistes et leur manière d’en jouer pour donner vie à leurs œuvres dans les premières « salles obscures de l’humanité ».

 

Marc Azema a terminé par une présentation de la réplique de la Grotte Chauvet, candidate à l’inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO, accompagné d’une citation de George Melies dans le film « Hugo Cabret » de Martin Scorces: « Toute histoire du cinéma devrait commencer avec les pictogrammes de la grotte de Niaux ».


Cette conférence peu commune fut très intéressante sur un plan culturel et scientifique. Néanmoins, rien ne prouve que les hommes préhistoriques ont réellement inventé l’animation, il s’agit là d’une étude, de l’analyse d’un homme qui se dit avant tout scientifique et préhistorien, mais qui a été amené à répondre à des questions que l’on se pose sur les mystères de la préhistoire; son travail, quel que soit l’avis des critiques, mérite qu’on lui rende hommage.

 

Prehistoire

Ci-dessous : Paperman, des studios Disney


Paperman


MIFA, espace évènements, Mercredi 16h

Plus tard, Disney est revenu sur le devant de la scène avec une présentation du court-métrage Paperman, doublée d’un aperçu de Wreck-it Ralph/Les Mondes de Ralph, qui sortira d’ici la fin de l’année en France.

Laurelay Bove, « visual development supervisor », est revenu sur certains aspects de l’univers du film, notamment Sugar Rush, un monde/jeu dédié à la course automobile. Les décors en pâtisserie sont inspirés de l’architecture moderniste de Gaudi, en Espagne. Laurelay est par ailleurs allée en Allemagne assister à… une convention sur les bonbons, afin d’y trouver idées et références !

Au final, le mélange de ces deux univers donne une version très exagérée de l’architecture moderniste, tout en utilisant une palette de couleurs restreinte. Des maquettes en véritables sucreries ont même été réalisées pour valider le style.

 

 

 

Place ensuite au réalisateur John Kahrs venu présenter le court-métrage Paperman, qui sera présenté en première partie des Mondes de Ralph. Nous avons été marqués, pour ne pas dire charmés, par ce petit bijou de quelques minutes mêlant 2D et 3D, doté d’un rendu volontairement très contrasté et surexposé, un parti pris particulièrement rare en 3D.

En fait, l’équipe a utilisé un outil maison appelé Meander, qui permet de dessiner de la 2D vectoriel sur de la 3D ; une sorte de rotoscopie améliorée; l’idée étant de tricher au besoin sur la 3D sous-jacente, basique et réalisée sous Maya. De plus le logiciel est capable de tracker le mouvement des objets 3D, interpolant ainsi le trait 2D (in-between). Les quelques images dévoilées semblaient indiquer que le système se révèle particulièrement efficace.
Cette production étalée sur un an est une vraie réussite, entre les cheveux stylisés, le rendu si particulier et l’émotion suscitée par l’ensemble.

D’ailleurs, John Kahrs a indiqué que l’idée de faire un long-métrage avec la même technique ne lui déplairait pas… Espérons pour lui qu’un tel projet puisse voir le jour ! Nous vous en reparlerons dans les mois qui viennent.





 

 

Bonlieu, Grande Salle, Jeudi 10h30

Jeudi matin, nous nous sommes rendus à Bonlieu pour assister à la projection d’un long métrage en compétition, Voyages vers Agartha de Makoto Shinkai. L’histoire de la jeune Asuna attaquée par un monstre étrange et sauvée par Shun, un garçon qui dit venir de la lointaine contrée d’Agartha…
Après 5cm per second et Voices of a Distant Star, le réalisateur aborde le thème de la séparation entre êtres chers. Ce film est adapté d’un manga en 2 tomes d’Asahi Hidaka: Les Enfants d’Agartha. Il est sorti dans les salles japonaises en février 2011, et sort en France en DVD Blu-ray en juillet après une présentation au Festival Paris Cinéma (3 juillet).

Ce chef-d’œuvre graphique nous a rappelé les films d’un autre grand maître du film d’animation japonais, Miyasaki, mais qui au niveau du rythme reste relativement lent. Durant une grande partie du film, nous avons été baignés par le style et la narration du réalisateur, mais le dénouement tarde à venir et nous avons eu le sentiment de voyager éternellement dans son univers…

Bonlieu, Petite Salle, Jeudi 14h

Jeudi, place au prochain film des studios Illumination Mac Guff, The Lorax. Avant la projection prévue dans la soirée, nous nous sommes rendus au making-off en présence de Jacques Bled, Chris Renaud, Yarrow Cheney et Bruno Chauffard.


C’est tout à bord Jacques Bled qui prit la parole. Le président d’Illumination McGuff nous a présenté la genèse de son studio, des premières animations, Azur et Asmar, à la collaboration avec Chris Melandri, Janet Healy et Universal studio lors de la réalisation de Despicable me.

 

Chris Renaud, le réalisateur du Lorax, nous a ensuite plongés dans l’anatomie d’une scène et est revenu sur l’adaptation de l’œuvre du Dr Seuss, à travers plusieurs étapes créatives nécessaires pour passer du script au film final. Il a notamment disséqué une séquence du film, l’entrée du Lorax dans l’histoire. Dans le board, que ce soit pour l’animatique et l’animation, le Lorax se présentait comme méchant et agressif, allant jusqu’à frapper de rage un animal. Mais afin de respecter au mieux le caractère tiré du livre, cette séquence a totalement été repensée afin que le personnage principal soit plus posé, doux et attendrissant.


Le designer Yarrow Cheney nous a ensuite présenté les parallèles entre le film et le livre. Il nous a montré à travers de nombreuses séquences d’images l’aspect artistique développé pour le film et les différents environnements qui ont été mises en place. Comme souvent pour ce type de présentation, les photos étaient interdites, et nous ne pourrons pas vous dévoiler de visuels pour le moment

Enfin, Bruno Chauffard (CG Supervisor) est rentré dans une explication plus technique et a détaillé quelques difficultés rencontrées durant la réalisation. Il est revenu essentiellement sur la complexité de la vallée remplie d’arbres Truffula (dernière image dans les illustrations qui suivent), dont le rendu a été particulièrement complexe : pour un meilleur rendu en relief, la solution de facilité, la mise en place d’un matte-painting, n’a pas été retenue.
Bruno Chauffard est en particulier revenu sur les recherches permettant donner cet aspect de fourrure sur les arbres, l’un des plus importants défis de cette production. Il a également abordé le personnage du Lorax, revenant sur le travail qui a été fait sur les yeux et sa silhouette. La moustache a été en partie riggée ; un système de  dynamique fut d’ailleurs mis spécialement en place pour l’animer. Le retard accumulé au cours de la présentation n’aura pas laissé Bruno Chauffard aller au bout de son exposé, d’où un gros sentiment de frustration de notre part…
On aurait presque aimé que la présentation générale du studio, qui n’aura finalement pas appris grand chose à ceux qui connaissaient l’histoire d’Illumination Mac Guff, soit raccourcie de façon à laisser plus de place à la technique.

Ceci étant dit, nous devrions pouvoir vous reparler du film plus en détails sur 3DVF assez rapidement… Patience, donc !

Lorax

Bonlieu, Grande Salle, Jeudi 20h30:

Le rendez-vous était donc pris dans l’après-midi et nous nous sommes retrouvés en ce début de soirée dans la Grande salle pour l’avant-première en France de The Lorax. Notez que le film est sorti dans les salles américaines depuis le mois de mars.
Dans une ambiance électrique, Chris Renaud et Kyle Balda furent invités à monter sur scène pour raconter leur expérience sur cette adaptation tirée du livre de Theodor Seuss Geisel aka Dr. Seuss. Ils furent accompagnés de Pierre Coffin qui nous a réservé une belle surprise. En marge de cette projection nous avons eu droit à son nouveau court métrage, deux créatures Squash & Stretch se fourrent les doigts dans les trous de nez et les oreilles et ne parviennent pas à se les en sortir. Simple, mais rudement efficace et hilarant !

Pour récompenser les spectateurs, une bande-annonce de Moi, Moche et Méchant 2 nous a été annoncée… Mais ce n’était finalement que le teaser déjà diffusé avant le festival sur internet. Il faudra donc attendre encore un peu avant de s’en faire une idée sur cette suite qui devrait nous en apprendre plus sur l’origine des Minions…


 

Place ensuite, à la projection du Lorax, l’histoire d’un jeune garçon, Ted, qui pour conquérir le cœur de sa voisine va tenter de trouver un arbre, plante disparue depuis longtemps de Thneedville, leur cité artificielle. Notre héros va ainsi devoir quitter son monde pour aller à la rencontre du Gash-pilleur qui va lui raconter la légende du Lorax…

Force est de constater que l’équipe d’Illumination Mac Guff a fait honneur à sa réputation : le film est une pure merveille technique et artistique, avec en prime un traitement relief excellent.
Du côté de l’histoire, nous sommes cependant restés sur notre faim. Il faut dire que le scénario n’était pas évident à retranscrire : le livre dont est tiré le film est très court, et rajouter des éléments s’est avéré très délicat. Au final, le scénario semble plutôt destiné à un très jeune public et les adultes peineront sans doute à y trouver leur compte. Ceci étant dit, le film mérite sans doute tout de même d’être vu, ne serait-ce que pour le défi technique relevé avec brio et pour le travail artistique de l’équipe du film. Sortie en salles le 18 juillet.

Lorax

Bonlieu, Petite Salle, Vendredi 14h :

Dernier jour du Festival, et une belle conférence nous a été proposée. Mardi nous avions assisté à une rencontre avec Peter Lord, ce jeudi nous le retrouvions pour un making-off du dernier film des studios Aardman : Pirates ! Bon à rien, mauvais en tout. Nous avons découvert certains procédés mis en œuvre pour passer du papier à l’écran. Il a été question du storyboard, de l’enregistrement des voix, de la prévisualisation. Il a été évoqué la conception du décor et en particulier du bateau, un aperçu du travail de Norman Garwook, de son dessin à sa construction et à l’habillage de la scène.

 

Peter Lord est également revenu sur la fabrication des modèles, la conception des personnages. Une guest star s’est invité à ce making of, le capitaine en personne.

Le réalisateur a mis en évidence son squelette et certaines bouches : le visage du capitaine se composait en effet de nombreux éléments interchangeables, rendant la production très efficace. Cette présentation fut particulièrement intéressante et nous a démontré, pour ceux qui en doutaient, que l’univers de l’animation en stop-motion reste une performance hors du commun !

Peter Lord
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