Hervé Trouillet, réalisateur du projet Citeria

 

3DVF : Quel est l’objectif de ce projet pour le studio Timoon animation ?

 

RV : Pour Timoon l’objectif est double : diversifier son activité en l’étendant au long métrage salle ; Sortir du cercle infernal français animation = enfants. Citeria permettant de toucher les adultes mais aussi et surtout les adulescents auxquels trop peu, voire pas du tout, de productions nationales s’intéressent.

 

 

 

3DVF : Peux-tu nous en dire plus concernant  vos choix techniques pour mener à bien ce projet ?

 

Là aussi mon site en dit long sur ce sujet mais pour résumer je dirais que nous avons beaucoup plus de potentiel en France que ce que nous pensons. La pénurie d’animation en Europe, contrairement à ce que dit pas mal de monde, a créé la polyvalence chez nos artistes et cette polyvalence représente un atout indéniable face à d’autres pays qui ne sont pas sujets à cette « pénurie ».Il y a à mon sens plusieurs problèmes que cette méthodologie de travail peut en partie régler. Déjà tant que nous essayerons de faire travailler un technicien français de la même manière qu’un technicien Chinois (par exemple) nous ne pourrons économiquement  jamais rivaliser.

En revanche si nous utilisons notre savoir faire autrement nous pouvons alors tout à fait optimiser notre façon de travailler et devenir réellement compétitif.

Mais ce n’est pas tout, pour que ça marche il faut aller plus loin. Un autre problème lié à l’animation traditionnelle concerne les frontières étanches entre les différents métiers. Nous sommes dans une logique de production en cascade, en gros, c’est comme si une fourmilière ne liait pas son travail individuel entre elle. Le problème c’est que dans cette actuelle façon de travailler, un retard prend des proportions bien plus grandes que ce qu’il devrait. Un des héritages de l’animation web c’est justement de travailler en parallèle plutôt qu’en cascade. Ce qui est drôle, c’est que ce moyen de travailler existe dans l’industrie, on appelle ça l’UAP (unité autonome de production) en travaillant en Pools indépendants d’environ 5 personnes (qui ont pour objectif de fabriquer un plan dans son intégralité) cela permet deux atouts majeurs : le premier, c’est de lier les différents corps de métier entre eux. Un animateur travaillant à coté du compositeur par exemple va comprendre le véritable intérêt que représente le compositing, et même s’il le sait déjà, une organisation du travail va obligatoirement en découler.

Ce dont je parle est devenu concret. Quand je travaillais à TV-UP, nous avons observé, sans même intervenir dans l’organisation, qu’en travaillant de cette façon nos animateurs gagnaient en productivité, tout simplement parce qu’ils accordaient leur travail au poste suivant, ce qui optimisait le temps de travail. Le deuxième atout, c’est la gestion de la production bien plus facile à maîtriser. C’est exactement la différence entre donner un cours en amphi et le faire en TP ; il est bien plus facile de comprendre où sont les problèmes les goulots d’étranglement vos point faibles et forts qui vont vous permettre de mieux dispatcher le travail… sans compter que si l’un de vos pools est en retard, les autres dans cette configuration peuvent continuer à travailler.

 

 

 

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