Interview : Geronimo

 

Pour en savoir plus sur l’état du projet Photofly d’Autodesk, nous avons interrogé Dominique Pouliquen, Senior Product Manager, Projet Photofly, chez Autodesk Labs.

Avec lui, nous revenons sur la démarche de l’éditeur ; l’occasion de préciser certains points, notamment en termes d’utilisation des scans et de confidentialité des données.

Pour illustrer cette interview, nous avons par ailleurs sélectionné quelques exemples de créations d’utilisateurs, qui complèteront les modèles 3D présentés dans notre test, page précédente.

 

 

3DVF : Bonjour Dominique, et merci d’avoir accepté cette interview. Autodesk a lancé récemment la version 2 du projet Photofly, un système de scan 3D à partir de photos. Pouvez-vous nous présenter rapidement le logiciel ?

Le Projet Photofly permet la création de modèles 3D photo-texturés à partir de photographies prises autour d’un objet ou d’une scène, en utilisant la puissance du cloud computing. Une application cliente, appelée le Photo Scene Editor, permet de se connecter à nos serveurs pour exploiter cette technologie et visualiser puis éditer le résultat en 3D.

3DVF : Un système de feedback a été mis en place sur le site officiel du projet ; quels sont pour le moment les retours sur cette nouvelle version ? L’accueil est-il celui que vous attendiez ?

Nous avons un retour fantastique avec des milliers d’utilisateurs et des dizaines de milliers de projets réalisés. Les applications peuvent être industrielles ou personnelles.

 

 

3DVF : Quels sont les atouts principaux de Photofly par rapport à d’autres systèmes de photogrammétrie, et par rapport à d’autres méthodes de scan ?

Le premier avantage est que le processus est entièrement automatique, et fonctionne avec des appareils photo standards, sans calibration préalable. Le second, est que le processus inclut la génération automatique d’un mesh 3D photo-texturé.
Par rapport au scan Laser, il s’agit d’une solution complémentaire apportant de la flexibilité.

3DVF : Inversement, quelles sont les limites actuelles de la méthode et de Photofly, en ce qui concerne par exemple le type d’objet scannés, la précision obtenue ou le temps d’acquisition (prise de vue comprise) ?

S’agissant d’un processus photogramétrique entièrement automatique, Photofly ne peut traiter que des images montrant des objets ou des scènes suffisamment texturés. Les cas impossibles sont les objets très réfléchissants, transparents ou très uniformes. Les murs blancs sont un souci également. Photofly nécessite de prendre une photo environ tous les 5 à 10° avec beaucoup de recouvrement. Le temps de prise de vues correspond au temps nécessaire pour tourner autour de la scène ou de l’objet. Le temps de traitement sur le cloud d’une cinquantaine de photos (correspondant par exemple à une photo prise tous les 5° à 10° tout autour d’un objet) varie de 10 à 15 minutes selon le nombre de projets en cours de traitement sur nos serveurs.

3DVF : Sur le plan technologique, quel est le lien entre Photofly et Realviz, entreprise française rachetée par Autodesk en 2008, et dont vous étiez le PDG ? Photofly est-il à voir comme le descendant d’ImageModeler ?

Photofly est effectivement le digne descendant d’ImageModeler, mais également de Stitcher et de MatchMover qui intégraient tous deux déjà un stitch automatique.

3DVF : Lors de son rachat par Autodesk, Realviz proposait également Stitcher, un puissant outil de création de panoramiques, qui permettait par exemple de créer des light probes hdr. Or, la dernière version en date remonte à 2009… Quel est l’avenir de cette technologie au sein d’Autodesk ? Le marché des panoramiques est-il abandonné pour le moment ?

Le marché des outils logiciels de création de panoramas n’a plus de sens économique avec l’apparition des solutions très bon marché. Tant pis et dommage, car je pense qu’il y avait encore beaucoup d’innovation à apporter à ce secteur d’activité, en particulier en allant vers le mix 2D / 3D que nous avions commencé à adresser avec le logiciel VTour.

3DVF : Photofly utilise le cloud computing (calcul déporté en ligne) pour reconstruire les scènes. Pourquoi avoir fait ce choix ? S’agit-il simplement pour Autodesk de tester le cloud computing, en vue peut-être de l’utiliser pour d’autres applications ? Quel est l’intérêt pour l’utilisateur final du produit, par rapport à un calcul sur sa propre station de travail ? La puissance de calcul allouée est-elle vraiment supérieure ?

Le cloud computing est absolument nécessaire pour Photofly, vu la puissance de traitement nécessaire (sur CPU et GPU) et la parallélisation des processus. Le cloud computing est une solution d’avenir pour ce type de logiciel. Nous faisons régulièrement des améliorations sur le moteur, qui sont totalement transparentes pour l’utilisateur.

 

 

3DVF : Des informations détaillées ont été mises en ligne pour aider les utilisateurs, y compris une vidéo en français. Je suppose que l’équipe technique jette un oeil aux scans transitant via les serveurs, afin d’améliorer l’aide mais aussi l’algorithme de reconstruction… Pour le moment, quels sont les problèmes les plus courants qui conduisent à un échec de la reconstruction ?

Le principal problème auquel on fait face est celui de la prise de vues.
Il faut prendre les bonnes photos pour que cela fonctionne : avoir du recouvrement, photographier des objets qui comportent de la texture, éviter les reflets qui bougent en fonction du point de vue, ne pas trop zoomer et garder le sujet dans une large portion de chaque image, éviter les faibles profondeurs de champ car l’extraction de points remarquables peut se faire non seulement sur l’objet mais sur les alentours également, éviter de photographier des objets qui bougent …etc. Une fois que ces principes sont acquis, le taux de succès s’améliore très rapidement. Il faut donc un certain apprentissage.

3DVF : Certains se poseront évidemment des questions en ce qui concerne les données sensibles qui peuvent transiter via Photofly : par exemple, un design particulier, un scan de visage (la biométrie étant en pleine explosion). Avez-vous pris des précautions particulières sur le plan de la sécurité des données ? Par ailleurs, quel est le « droit de regard » d’Autodesk sur les fichiers envoyés ?

Notre position est très claire :
–    Nous n’utilisons pas les données envoyées sur nos serveurs à d’autres fins que du test et de la mise au point. La plupart du temps, c’est à la demande même des utilisateurs.
–    Nous ne nous permettrons jamais de publier le moindre contenu sans l’autorisation préalable des auteurs.
–    Notre ferme de calcul est totalement sécurisée, avec des accès limités.
– Quid de l’utilisation des modèles ainsi créés ? Les utilisateurs sont-ils libres de les utiliser pour un projet commercial, même si Photofly n’est qu’une technology preview et pas le logiciel finalisé en version commerciale ?
Oui, ils sont libres de le faire.

 

 

3DVF : A quoi peuvent s’attendre les utilisateurs dans les mois à venir, en termes de mises à jour ? Avez-vous de nouvelles fonctionnalités en tête ? On peut par exemple imaginer un meilleur contrôle sur la taille du mesh final, un système pour définir soi-même les UV créées, de la retopologie…
Des fonctions de ce type pourraient-elles arriver dans Photofly, ou bien cette partie du workflow est-elle exclue du périmètre de Photofly, au moins tant que le projet sera dans Autodesk Labs ?

La « reality capture » est un sujet très important pour Autodesk, et nous investissons beaucoup sur ce sujet. Je vous promets de réelles nouveautés dans les mois qui viennent.

3DVF : A propos de la version commerciale… Photofly 2.0 arrivera à expiration fin 2012. Avez-vous déjà une idée de la suite ? Y aura-til une autre beta gratuite, une version commerciale en standalone, une intégration dans la suite existante d’Autodesk ?

Beaucoup de bonnes choses à venir ! Pas possible de dévoiler notre roadmap, mais soyez assurés d’une réelle continuité de service en tant qu’utilisateurs de logiciels Autodesk.

3DVF : Pour finir, y a-t-il un point que je n’ai pas abordé et dont vous auriez voulu parler ?

Je reste à l’écoute des utilisateurs concernant Photofly. Tout cas d’utilisation réelle nous importe.

 

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