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Interview : Mytho Logique (court ESMA)

Mytho Logique

 

Le court Mytho Logique, réalisé à l’ESMA par Jessica Ambron, Amandine Aramini, Alexandre Belbari, Guillaume Poitel et Yannick Vincent, a été rendu public en juin dernier, après plusieurs mois de circulation dans de nombreux festivals.

Avec l’équipe du film, nous revenons sur la genèse de du projet, sa réalisation, mais également sur l’ESMA et le parcours des étudiants depuis leur sortie de l’école.

 

 

 

3DVF : Bonjour à toute l’équipe, et merci d’avoir accepté de revenir sur la réalisation de votre court de fin d’études, Mytho Logique. Pour commencer, pourriez-vous chacun vous présenter, et indiquer vos rôles dans la réalisation ?

Alexandre : Salut ! Moi c’est Alexandre Belbari et j’ai 23 ans ; après le bac, j’ai directement intégré le cycle d’animation à l’Esma . Nous avons tous été plus ou moins généralistes sur le film, mais je me suis spécialisé dans l’animation, le rigging et les blendshapes. Le reste du temps, j’ai participé au rendu et au compositing.

Guillaume : Bonjour, Guillaume Poitel alias Gom, 25 ans, de Montpellier. Sur le film, je me suis occupé du design des personnages, du storyboard, du layout, du rigging des personnages féminins ainsi que des parties dynamiques sur tous les persos. J’ai animé et fait l’éclairage de 60 % des plans du film, et j’ai également travaillé sur du rendu/compositing. Enfin, je me suis occupé du montage du film.

Amandine : Bonjour, je m’appelle Amandine Aramini, j’ai 25 ans ; sur « Mytho Logique » je me suis occupée principalement du design de l’environnement, du color script, de la modélisation du décor et d’une partie des personnages, de toutes les textures, du rendu de l’herbe en Paint Effect, et j’ai aussi fait de l’animation comme chacun d’entre nous.

Jessica : Bonjour je suis Jessica Ambron, une des coréalisatrices de Mytho Logique sur lequel j’ai eu la chance de participer à une bonne partie des étapes de la réalisation notamment l’écriture du scénario, les recherches artistiques, le rigging, l’animation et les FX.

Yannick : Bonjour ! Moi, c’est Yannick Vincent, j’ai 25ans, et j’étais coréalisateur sur Mytho Logique aussi. Je me suis occupé du pipeline de la production, du planning, assisté d’Amandine dans les jours un peu sombres de la prod… mais aussi d’animation, de modeling Characters [Centaure[ette],Zeus, Dionysos], du rigging facial de tous les personnages (basé sur la série de shapes réalisé par Alexandre sur la base du Satyre.), de tous les shaders et Uvs…, des FX, Relief, Rendering, Compositing ! Un peu de character design, découpage technique, et de layout en début de prod. Il fallait toucher à tout si on voulait avoir une chance de finir à temps. Ah oui ! Je me suis occupé aussi des échanges avec les doubleurs que je remercie et salue encore une fois .

 

Mytho Logique

3DVF : Mytho-Logique raconte l’histoire d’un Satyre assez cartésien, qui va devoir apprendre à mentir pour se tirer d’une bien mauvaise situation… D’où est venue l’idée du court ?

Guillaume : À vrai dire, l’idée a émergé d’elle-même à force de travail, lors d’ateliers avec notre professeur de scénario M. Christophe Joubert. À force de discussion autour de thèmes, etc. On avait un principe d’accumulation de situations délicates, puis on a trouvé ce concept d’apprentissage du mensonge… Intéressant, car il entrait en conflit avec cet univers de mythologie grecque, que nous avions déjà envie d’explorer avant même d’avoir une histoire à raconter ! Nous avons trouvé rigolo de confronter mythomanie et mythologie…

Alexandre : Lorsque j’ai intégré le groupe Mytho Logique en fin de 2e année, il y avait déjà une base de scénario. Nous y avons ensuite rajouté nos idées petit à petit, nous voulions quelque chose de très dynamique, où le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer, l’idée principale qui est restée est celle des points de vue qui s’enchainent de façon crescendo.

Jessica : Dans les premières versions du scénario, l’univers avait déjà été posé, mais il s’agissait plutôt d’un Satyre qui cherchait désespérément à attirer une Nymphe, puis est venu l’idée du mensonge, et celle du point de vue que nous avons travaillée ensemble. C’est une étape où je me suis beaucoup impliquée et que j’ai particulièrement appréciée, car j’écris énormément sur mon temps libre.

Yannick : On avait surtout dans le groupe un couple qui ressemble un peu à notre Satyre et a notre Nymphe… :]  Je ne crois pas que ce soit un hasard.

Ci-dessous, l’équipe du court, suivie des recherches de chara-design pour Satyre.

Staff

Satyre

 

3DVF : Plusieurs plans, et notamment l’introduction du court, utilisent des nuages. Comment avez-vous décidé pour quel type de rendu opter ? Techniquement, comment avez-vous réalisé et rendu ces nuages, et la forme de pégase ?

Guillaume : Nous n’avions pas de type de rendu prédéfini pour ce plan d’introduction. Alex a fait des recherches de son côté et a trouvé cette solution : utiliser des fluides. Trouvant ses tests concluants, nous lui avons laissé le soin de s’occuper du rendu de ce plan. Il est donc le mieux placé pour répondre à cette question.

Alexandre : Au départ, nous ne savions pas comment aborder ces nuages, ni qui allait s’en occuper, mais le fait que le film soit en relief nous a poussé a le faire entièrement dans Maya. Alors que nous travaillions sur l’animatique 3D, Yannick nous a proposé un petit layout avec des formes simples en guise de nuage, l’idée nous a plu et à partir de cette base, j’ai commencé à faire plusieurs tests. Les nuages ont donc été réalisés grâce à des boites de fluides, dont la texture était animée.

Pour Pégase, après avoir bien réglé mes presets de nuages, je me suis amusé à placer environ 10 boites de fluides de différentes tailles, sur une différente échelle de profondeur, jusqu’à pouvoir lire la silhouette d’un cheval ailé. Je les ai mises à différentes profondeurs pour qu’on puisse découvrir Pégase au même moment que le mouvement de la caméra. (notre film est basé sur les points de vue ! il fallait donc que pégase ressemble a pégase uniquement d’un certain angle)

Pour le rendu 3d, il a été difficile d’avoir quelque chose qui marche dès le début, étant donné les couleurs très saturées des nuages, nous avions beaucoup de ghost. Les tests de projection au Gaumont m’ont permis de trouver le meilleur compromis.

Enfin pour le temps de calcul, il a été énorme, même en optimisant au maximum les fluides, nous avions environ 40 minutes à 1 heure de rendu par image pour cette séquence de 1400 frames environ. (donc 2800 images en tout à cause du relief), les 2emes années n’étant pas à l’école à partir de juin, nous avons utilisé une partie de leurs stations pour rendre cette séquence. ;p

Color Script :
Color Script

3DVF : On sent en voyant le court un réel travail sur la couleur… Comment avez-vous réalisé le color script ? Quels ont été les choix ou évolutions les plus marquants ?

Guillaume : Le color script a été réalisé par Amandine, sur la base de vignettes du storyboard que j’ai dessiné. L’idée était d’associer à chaque séquence du film des couleurs différentes, puisqu’à chaque fois le personnage se met dans une situation un peu différente, interagit avec de nouveaux personnages, etc. Cela donnait une dynamique très intéressante niveau montage, rendait le court vivant, et contribuait à l’aspect cartoon/coloré du film.

Amandine : L’idée d’un color script nous est venue à force d’étudier les « artbooks » des films Disney, Pixar, Dreamworks etc. 

Un tel outil est un gain de temps, car il permet de moins se poser de questions une fois que la production en tant que telle a été lancée. Pour m’occuper du color script, je me suis basé sur des images de référence, et ai défini une palette de couleur pour chacune des séquences du film. Ce nuancier m’a permis de vraiment varier les ambiances en fonction des personnages que croise Satyre. J’ai peint tout cela dans Photoshop.

Alexandre : Dès le départ, nous savions que le color script était très important à la réalisation d’un court métrage. Le color script d’Amandine a été très utile, et nous a fait gagner un temps précieux sur le rendu et l’éclairage, nous n’avions pas de question à nous poser, le color script decidait du rendu, et c’était très bien comme ça. Je conseille d’ailleurs aux futures générations de systématiquement en réaliser un ! Cela devrait être obligatoire ! (en addition des recherches d’ambiances)

 

Mytho Logique

3DVF : Pour le lighting, comment avez-vous travaillé ? Jeremy Celeste est cité au générique pour son aide sur cette partie, quel a été son implication ?

Guillaume : Jeremy a été d’une aide considérable.
Au départ il est venu nous voir parce qu’il cherchait un équivalent à un stage en 3D pendant l’été !

À vrai dire, il nous a même aidés à trouver une bonne façon de retranscrire le color script. Nous cherchions également à nous passer d’une passe d’occlusion (car nous voulions limiter au maximum le nombre de passes de rendu, à cause de la stéréoscopie avec laquelle nous n’avions pas d’expérience préalable et ne voulions pas nous enfermer dans un enfer de temps de rendu)… Jérémy a donc proposé d’utiliser le final gather de Mental Ray, pour générer des ombres portées qui peuvent, gérées habilement, donner une impression d’occlusion largement satisfaisante (par rapport à notre style graphique).

Il s’est occupé de l’éclairage de 40 % des plans du film ; et je dois dire qu’il s’agit pour la grande majorité des plans les plus compliqués en terme de lighting (grands espaces, mouvements de caméra, etc.). J’ai éclairé davantage en terme de quantité de plans, mais les miens ont été plus simples à mettre en place.

Alexandre : Je me suis seulement occupé du lighting de la séquence des nuages, mais n’ayant que très peu d’ambition de métier en tant que lighter, j’ai laissé avec plaisir cette partie à Guillaume et Jeremy.

Jeremy a décidé de faire son stage de 2e année directement à nos côtés (ce n’est pas rare de voir cela à l’ESMA, et c’est une très bonne expérience pour ceux qui n’ont pas pu ou pas voulu trouver de stage en entreprise) ; il avait une bonne connaissance de l’éclairage, nous lui avons donc fait confiance et il a effectué un gros travail sur l’éclairage de plusieurs séquences, sur une période d’un mois et demi environ.

 

Mytho Logique

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