Compte-rendu Festival d’Annecy/Mifa 2011



Une vie de chat 


Rapidement après, nous revoilà dans la Grande Salle de Bonlieu pour la première projection d’un long métrage en compétition, « Une vie de Chat » de Jean Loup Felicioli et Alain Gagnol produit par le talentueux studio Folimage basé à Valence. Ce film franco-belge de 60 min nous fait vivre la double vie d’un chat dans Paris. Celui-ci passe ses journées en compagnie de Zoé, la fille d’un commissaire, mais la nuit venue, il accompagne un voleur sur les toits de la capitale. Réalisé en 2D, l’approche artistique s’avère particulièrement intéressante, le scénario ne manque pas de nous faire rire avec quelques gags et notamment les misères du pauvre chien du voisin. Néanmoins, les dialogues souvent trop simplistes nous rappellent que ce film est destiné à un très jeune public. Si vous êtes amateurs de chat et de belles histoires, ce film est dès à présent disponible en DVD. À prévoir pour une agréable soirée en famille…

 

La journée se termine sur Bonlieu. Le coup d’envoi est alors officiellement lancé par le maire d’Annecy. Plus tard dans la soirée sera  projeté sur le grand écran le génial film d’animation « Rango » réalisé par les équipes d’Industrial Light and Magic. 

 

 

Mardi, le festival continu sur sa lancée…

 

Le « Coup de cœur » sans nul doute. Récompensé au terme du festival par la Mention spéciale et le Prix du public, le long métrage japonais « COLORFUL » de Keiichi Hara. Pour cette seconde journée, le ciel s’est rapidement couvert et la pluie a commencé à tomber sur Annecy, la foule ne se pressant toujours pas dans les travées de Bonlieu. Pourtant quel dommage, car ce film proposé à 10h30 se révélé être l’un des plus beaux et émouvants de la semaine. Projeté en japonais, sous-titré français et anglais, ce long-métrage raconte l’histoire d’un esprit qui gagne le droit d’avoir une seconde chance de vivre et d’apprendre de ses erreurs. Il est transféré dans le corps d’un adolescent qui vient de se suicider.  En deux heures de film, cette curieuse d’expérience fort peu encourageante pour notre héros emmène les spectateurs très loin, abordant différents thèmes de société qui touchent à la famille et au suicide. 

 

 

Colorful est un drame psychologique puissant et troublant de réalisme. L’animation est efficace, avec des changements de ton précis et une mise en scène très fluide. Les premiers plans du film sont presque sans humanité. L’atmosphère est pesante,  décourageante. D’emblée, il nous est très difficile d’aimer le héros et la famille de Makoto qui semblent tous deux figés dans leurs problèmes. Puis on se rend compte que  l’ambiance change progressivement, tout comme l’humeur de l’assistance.  À noter que ce film est tiré d’un roman écrit par Eto Mori sorti en 1998. Le film sera dans les salles françaises en janvier 2012, il vous suffira dès lors d’ouvrir les yeux et de vous laisser surprendre.

 


Chaplin

 

Chaplin le retour? Chaplin l’ultime pirouette? Une adaptation du célèbre humoriste muet. C’est Serge Bloomberg, directeur artistique du festival qui a tout d’abord animé cette conférence en nous retraçant l’historique de Charlie Chaplin et ce que cela a représenté pour lui.  Pour rappel, Serge est un pianiste de grand talent qui a l’habitude de sonoriser en temps réel de vieux films muets (il est d’ailleurs responsable d’un studio de restauration de vieux films). Il nous a ensuite replongés dans l’univers du début du 20e siècle en nous projetant « The masquerader », un film clé de Chaplin et Fatty Arbuckle. Projection d’origine en version muette, brillamment accompagnée au piano dans la petite salle de Bonlieu .

Vient ensuite  Anton Soumache, producteur de Method Animation, Kate, directrice du bureau Chaplin, ainsi que Cyril Adam et Julien Charles, les réalisateurs. Ils  ont souhaité à travers la série « Chaplin & Co » moderniser le célèbre personnage et remettre au gout du jour son environnement. Il n’a pas été question de faire revivre Chaplin ou d’en faire une imitation de personnage, mais plutôt d’en faire une variation autour de son univers. Pas de dialogue, tout a été entièrement réalisé en muet et en couleur afin de rester  fidèle à l’univers original. Les croquis et images de la préproduction présentaient un esthétisme très agréable à regarder, on en avait l’eau à la bouche. Le personnage de Chaplin a été désigné et conçu de manière « Vagabonde » afin de préserver un esprit de voyageur. Huit mois de développement ont été nécessaires pour constituer cette marionnette.


Vient ensuite une projection de l’un des épisodes (102 au total pour une durée de 6 min chacun). Cependant, le résultat était légèrement différent, voire décevant, par rapport à ce que l’on pouvait imaginer après la visualisation des travaux de pré-production.
France Télévision commencera la  diffusion à partir de Noël 2011. Ils seront sans doute appréciés par toute la famille et les passionnés de l’âge d’or du film muet.

 

 

 

La nuit des enfants rois 

« The Prodigies-La nuit des enfants rois », grande avant-première mondiale à Annecy puisque le film ne sortait dans les salles que le lendemain. Tiré du roman de Bernard Lenteric, décédé l’année dernière à qui un hommage a été rendu. Initié il y a quelques années par la regrettée équipe de la société Attitude Studio, cette adaptation d’Antoine Charreyron est d’une rare violence pour un film d’animation. Ce dernier ne laisse pas indifférent, mais arrivera-t-il à trouver son public ? Le doute subsiste. En amorce de la projection, producteur et réalisateurs nous ont présenté ce film comme une réalisation française, qui a tout de même été fabriqué pour une grande partie en Inde et au Luxembourg. Autre grosse déception de la soirée qui a sans doute gâché le plaisir de certains spectateurs, a été l’absence de sous titres en français. Le public non anglophone a donc dû interpréter le film à travers les scènes belliqueuses, ce qui n’était pas toujours plaisant et facile. À la sortie du film, les avis se sont avérés très partagés, certains spectateurs souhaitaient aller en librairie acheter le livre, d’autres ravis par la dimension esthétique originale, d’autre déçut… Nous attendrons la sortie du film en salle pour vous en reparler plus en profondeur.

 

Cette deuxième journée se termine de manière mitigée, sous la pluie. Le public n’était pas encore au rendez-vous et pourtant nous arrivions déjà à la moitié du festival. Cependant, on pouvait espérer voir les choses bouger avec l’ouverture du MIFA prévu pour le lendemain, avec notamment l’arrivé d’une rumeur lancée au cours l’après -midi selon laquelle un « Monstre » s’inviterait jeudi au bord du lac…

 

Jason Ryan de Dreamworks en plein workshop


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