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Jean-François Morissette – Camera Tracker




3DVF : Tout d’abord, merci d’avoir prit le temps de répondre à nos questions. Pour commencer, peux- tu te présenter aux lecteurs de 3DVF ?

 

Jean-François Morissette : Bonjour, je m’appelle Jean-Francois Morissette et je suis un spécialiste des techniques de camera tracking pour le cinéma. Au cours des sept dernières années, j’ai eu la chance de travailler sur plus d’une vingtaine de films.

Je travaille actuellement comme « Matchmover » pigiste en Nouvelle-Zélande sur plusieurs films pour la compagnie Weta Digital dont Fantastic Four: Rise of the Silver Surfer.


 

 

3DVF : Quel a été ton parcours scolaire ?


JFM : Je détiens un diplôme en publicité et marketing de niveau collégial ainsi qu’un diplôme du centre National d’Animation et de Design de Montréal, communément appelé le Centre NAD.

 

 

3DVF : Comment as-tu découvert les effets spéciaux et l’art numérique ?

 

JFM : Le film Jurrasic Park ma complètement jeté par terre. J’ai été complètement impressionné par la qualité de l’intégration des personnages CG. Ce film a été un moment clé de l’histoire pour l’utilisation des images générées par ordinateur au cinéma.

 

 

3DVF : A quel moment as-tu réalisé que tu pourrais en faire ton métier ?

 

JFM : Je travaillais à l’époque en tant qu’infographiste à Montréal pour le journal Les Affaires. Même si j’avais un très bon emploi, je caressais toujours l’idée de travailler en 3D. Lorsque j’ai vu l’un de mes anciens copains du collège dans un reportage télé concernant une école de 3D, j’ai réalisé qu’il poursuivait le rêve que j’avais abandonné. J’ai donc décidé de quitter mon emploi et de retourner à l’école afin de tenter ma chance dans ce domaine.

 

3DVF : Aujourd’hui, ils semblent clair que tu t’es spécialisé dans un domaine
très ciblé, le matchmoving; quels sont aujourd’hui tes outils préférés et pour
quelles raisons ?

 


JFM : Mon logiciel de tracking préféré est sans aucun doute 3D Equalizer de Science D-Vision, gagnant d’un « academy award » pour « best technical achievement » en 2001. Contrairement à d’autres logiciels qui misent principalement sur la facilité d’utilisation et l’automatisation, 3DE offre selon moi beaucoup plus de contrôle et d’options pour résoudre les cas problématiques en prodution. En parallèle, j’utilise Maya comme logiciel de 3D et Shake pour faire mes pré-comp.


3DVF : Peux-tu nous en dire plus sur l’utilisation de ces logiciels dans
les productions auxquels tu participes ?

 

JFM : Le tracking se positionne au tout début du pipeline de production. Après avoir fait le tracking dans 3D Equalizer, j’importe mes résultats dans Maya. À cette étape, on doit s’assurer que le mouvement de la caméra est à la bonne échelle et il faut alors la placer au bon endroit dans la scène virtuelle. La scène virtuelle est en fait une reconstitution digitale du plateau de tournage. Si cette étape est réussie, nous pouvons observer que le wireframe de la scène virtuelle bouge en symbiose avec la séquence. Il ne reste alors plus qu’à substituer la scène virtuelle par le modèle final. Finalement, je fais un pré-comp dans Shake pour montrer le résultat.

 

 

 

Trucages du film Final Destination 3

3DVF : Comment se déroule ton travail en production; interviens-tu directement sur le plateau au coté du réalisateur ?

 

JFM : Personnellement je n’ai pas à aller sur un plateau de tournage. Dans les productions majeures, c’est le travail de l’équipe de « survey ». Ils doivent placer des marqueurs (sur les greenscreens), placer des « C-Stand », prendre des photos de référence et les dimensions du plateau de tournage afin que nous puissions le re-créer le plus fidèlement possible dans un logiciel de 3D. Ils doivent également prendre en compte et en note toutes les informations de la caméra, notamment la longueur focale de la lentille, la hauteur de la caméra, etc…

Lors d’un tracking 3D, plusieurs éléments peuvent influencer le travail tel que:
– La quantité de motion blur
– La véracité et le manque d’informations prises sur le plateau de tournage
– Le quantité de parralax dans le mouvement de la caméra
– Le nombre de marqueurs visibles sur le set
– La durée de la séquence
– Le type de distorsion introduit par la lentille

Les séquences qui comportent un zoom peuvent être particulièrement problématiques dans la majorité des cas.

Trucages du film Silent Hill

3DVF : Aurais-tu quelques conseils à donner aux artistes 3D qui se destinent à un parcours comme le tiens ?

 

JFM : Je crois qu’il faut être passionné et passer des heures à apprendre par plaisir. Il y a tellement d’information disponible sur Internet maintenant que ca devient de plus en plus facile d’apprendre la 3D par soi-même. Évidemment, obtenir un diplôme d’une école de 3D est un atout certain. Cela permet entre autres d’étudier plusieurs domaines de la 3D et de déterminer lequel nous intéresse le plus.

 

3DVF : Pour l’heure, as-tu des projets personnels en vue ?

JFM : Je veux continuer à développer ma compagnie Dead Pixel Studio sur le net, afin d’offrir mes services aux compagnies à travers le monde qui ont besoin de caméra tracking. Il y a plusieurs compagnies qui n’ont pas assez de séquences pour engager un “matchmover” à temps plein. J’aimerais également produire un training DVD prochainement, pour aider à faire connaitre le métier quelque peu méconnu de « Matchmover ».

 

Trucages du film Stanger Than Fiction

 

3DVF : Pour finir, un petit mot pour les artistes numériques francophones et les lecteurs 3DVF ?

 

JFM : Premièrement, je veux remercier l’équipe de 3DVF pour cette interview. Je tiens également à profiter de l’occasion pour encourager toute la communauté d’artistes francophones à poursuivre leur rêve; armé de talent et de patience, on peut accomplir de grandes choses.

 

3DVF : Merci Jean-François. A très bientôt pour la suite de tes aventures ! : )

 

Pour plus d’informations, visitez le site de Jean-François et visionnez sa Demoreel
Dead Pixel Studio

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