Recettes d’Animateur : LA RATATOUILLE MAISON


Le dessin vous permet toutes les anticipations. C’est un moyen très rapide et visuel de préparer votre travail. Il aide à concentrer, styliser vos références vidéo. Rien de mieux que de planifier l’animation en dessinant les tumbnails des poses clefs que vous voulez exposer. Vous n’avez pas besoin d’être un dessinateur aguerri. Un personnage « O’Cédar », voire un cercle pour la tête avec de simples lignes pour les membres, suffit. Le but est de vous comprendre vous-même pour planifier votre travail. C’est votre brouillon, votre premier espace de recherche animé. Il vous permet déjà de faire un tri, d’estimer la complexité du plan, détecter les « ventres mous » etc…


Il existe multitude de logiciels permettant de dessiner rapidement voire d’animer en 2D vos poses clefs (Mirage, Cinésynch, Toonboom, Flash, the Gimp, Photoshop, Painter…). Vous pouvez aussi charger en fond d’écran votre décor. Du coup vous aurez une idée plus sûre des contraintes d’espace et de cadrage, même si le dessin est plus libre quant aux impératifs d’espace.


 

 

 

 

 


Voici un premier test de préparation rough 2D d’une animation que j’avais imaginé pour le pingouin OPUS. Suivra une recherche déformation 2D sur l’animation faciale du personnage des Chubb Chubbs de Sony.

 



 

 


Tenter de reproduire techniquement du Pixar tout seul à la maison n’est pas tout à fait possible. Mais si la montagne ne vient pas à vous, il faut trouver une idée pour aller à la montagne… J’ai un peu l’impression d’avoir participé à Ratatouille. Et ça c’est vraiment un kiffe. Une note positive me fait penser aussi qu’il est tout de même faisable de réussir à créer des plans qualitativement cohérents sans forcément bénéficier d’une technique hors du commun.

Je poursuis toutefois mon rêve de pouvoir entrer un jour dans une major américaine afin d’apprendre encore et toujours de nouvelles méthodes, d’autres visions de l’animation. C’est un sujet infini et certains gros studios ont une expérience énorme en la matière… Juste assez pour m’aider à assouvir ma soif d’apprendre. Brad Bird ne m’a pourtant pas encore contacté… il doit sûrement être très occupé ou peut être timideJ.  En tout cas, pour tous les animateurs qui caressent les mêmes espoirs : « Keep the Faith ! » mes amis !!! Le premier qui y arrive ramène les autres.



Pour finir, j’aimerais partager avec vous l’idée que je me fais sur l’avenir du film d’animation. Ce n’est bien sûr encore qu’une extrapolation anticipative qui m’est propre :


Pour ma part, l’idée que «l’histoire » dans un film est le sujet le plus important doit être redéfinie. Je dirais plutôt que c’est l’équation scénario/mise en scène qui est crucial. En effet, qui peut prédire ou juger que telle ou telle histoire va plaire au public. C’est souvent une histoire de tendance, de mode, de style du moment, de hasard, de magie, ainsi que beaucoup d’autres ingrédients mystérieux qui feront que l’emphase avec le public prendra ou pas.

 

Quiconque se targue de savoir raconter une histoire, d’être sûr de toucher le public, se frotte à un échec tôt ou tard. Les gros studios américains ne sont pas exempts de ce péché d’orgueil. Le récit d’une histoire n’est pas une chose mécanique et prévisible, même si la créativité est une base solide. Souvent les ingrédients qui font qu’un film est bon ou pas sont impalpables. C’est en acceptant ce mystère qu’on rentre dans le jeu, plus qu’en estimant le maîtriser.   

La mise en scène,  c’est-à-dire le rythme, la mise en image, la mise en mouvement, le divertissement, le montage, le cadrage peuvent transcender un sujet. Essayez de raconter l’histoire du film « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ». Le scénario tourne autour d’une histoire simple d’amour entre deux protagonistes rêveurs… ça pourrait sembler commun. Pourtant la mise en scène de Jeunet donne lieu à un chef d’œuvre par la manière dont il nous laisse absorber l’image, l’histoire, la vie des personnages. Du coup une histoire, pour moi, se juge sur la façon dont elle est racontée et la manière dont elle va nous toucher. Les scénaristes doivent être en symbiose avec le support animé en sachant utiliser l’image pour faire passer des sentiments. Peu importe le message profond qui est véhiculé ou la simplicité des préceptes.



Il en va de même pour le divertissement et le film d’animation lorsque son sujet est la comédie. Par exemple, le message que véhicule Kung Fu Panda est Basique : « Crois en toi !». Pourtant quel Kiffe ! On se laisse prendre par la musique kitch (Karaté Kid) le précepte clair, le rythme etc… Tout s’harmonise autour d’un vrai spectacle, le divertissement fonctionne. Essayez pourtant de vous racontez l’histoire de Kung Fu Panda. Le titre saurait la résumer…


Ce qu’il reste à explorer pour moi dans le film d’animation, c’est l’histoire au plan, le gag animé, le cartoon  laissant l’animation raconter une histoire. Le mouvement créé pour divertir, occuper la mise en scène en véhiculant des préceptes simple qui illustrent la comédie. Retrouver le cartoon façon Tex Avery, avec un rythme soutenu de gags dans l’animation de personnages. Utiliser des déformations poussées à l’extrême. Rester dans la veine des animations de type Roger Rabbit. Tout peut être sujet à la comédie. L’histoire est un enchaînement de difficultés qui mettent le protagoniste dans tous ses états, sur un rythme trépidant.






Studio HARI société pour laquelle je dirige l’animation actuellement s’aventure avec Brio dans la série cartoon, sachant utiliser un rythme de gags bien pensés, qui rendent la mise en scène haletante. Cependant la déformation extrême de personnages 3D reste un sujet peu traité. Ce style, même s’il a commencé à être illustré avec talent par les artistes de BlueSky grâce au personnage de Scrat, n’est pas encore éclos comme un style de divertissement. Certainement parce que le support 3D n’était pas encore propice à ce genre de déformations 2D. Hors les rigs actuels permettent un style d’animation stretch&squash très proche des vieux cartoons. La technologie a su relever le défi de l’animation 2D.



Mon ultime challenge serait alors de pouvoir réaliser un projet court, permettant de mettre en image ma vision du style cartoon 3D. Imaginez pouvoir assister à une animation type « Tom&Jerry » en volume. Les personnages paraitraient réels mais bougeraient de manière toon. L’acting évoluant sur un timing très contrasté au gré de déformations de type 2D. Tous les gags seraient alors possibles malgré le visuel rendant les personnages tangibles. Du coup, FX, déformations et animations extrêmes concourraient dans un même plan au service d’un nouveau style de divertissement, emprunté à la vieille école. Car après tout, c’est bien la meilleure…


J’ai, dans ma passion de l’animation, une foule d’idée pour mettre en image ce genre de projet…


A bon producteur… salut 😉

 

Rédigé par Patrick Giusiano,
pour 3DVF.com
– Mars 2009



A propos de Patrick Giusiano: Dans une société où les métiers de l’art sont peu valorisés, j’ai achevé des études scientifiques sur Marseille, essayant de me persuader que c’était plus viable que d’entrer dans une école d’arts. Après mon DUT en Mesures Physiques, je suis entré à l’Institut Européen de Design. Déçu du peu de place laissé à la créativité des Designers, du fait des projets aux budgets trop serrés,  j’ai décidé de me lancer en tant que formateur en dessin industriel. Pendant 1 an, sur Autocad, j’y découvrais aussi les balbutiements de la 3D sur des plans extrudés. Une caméra qui bouge, je découvrais l’Animation …


En 1999, excité par cette découverte du mouvement 3D, je décidais de tout plaquer pour partir en  stage dans un studio Luxembourgeois  producteur de dessins animés. Même si l’expérience fut laborieuse, le studio n’ayant aucune expérience de l’animation 3D, j’y ai appris les bases grâce aux dirigeants étant d’anciens animateurs Disney. Boosté par cette expérience, je décidais de m’attaquer à la capitale sur le film « Kaena ». Après quelques mois d’animation sur le projet, le réalisateur Chris Delaporte, ainsi que le Directeur de l’animation Patrick Bonneau me proposèrent  de poursuivre le film en tant que superviseur de l’animation. La société CHAMAN fut rachetée par XILAM où j’ai pu, après Kaena, effectuer des recherches sur le film « Space Invaders ».


J’ai ensuite intégré ATTITUDE STUDIO, spécialisé dans la Motion Capture, qui était en production sur « Renaissance ». J’y ai supervisé l’animation sur « Skyland », essayant de mettre au point des techniques qui rendent la mocap plus animée, vivante et trouver un raccord moins brutal entre les plans keyframe et les plans mocap.

Warner, qui était intéressé par le pipe d’ATTITUDE STUDIO et déçu par la qualité artistique des animes sur « Polar Express », nous a proposé un test pour leur film « Aufull End ». J’ai mis toute mon énergie pour associer harmonieusement keyframe et mocap sur ce test, Warner signa un accord avec ATTITUDE pour faire ce film. Francis Lorenz, réalisateur du projet, se retira pour travailler sur « I’m a legend » et la production n’a jamais vu le jour.

 

Fort de cette expérience mocap/keyframe, ATTITUDE a opté de pousser ses investigations dans l’animation keyframe où j’y ai, pendant 4 ans, encadré de nombreux tests, pilotes et courts métrages pour DISNEY, SONY, DREAMWORKS … Des projets courts mais riches en expériences. J’ai ensuite intégré HEROLD & FAMILY pendant 1 an en tant que Lead sur le film « Puss’nBoots ». Aujourd’hui, je supervise l’animation de la série « Léon » pour STUDIO HARI, prenant plaisir à traiter des sujets originaux, mis en scène sur des rythmes dynamiques proches du cartoon …

 

 

 

 

Chargement....

A Lire également