Recettes d’Animateur : LA RATATOUILLE MAISON



Après avoir quitté Xilam, sur la fin du projet Kaena, j’ai intégré dans la foulée Attitude Studio en tant qu’Animateur, puis plus tard en tant que Directeur de l’animation. L’expérience que j’en ai retirée fut incomparable.

 

Les projets, tests, pilotes… que j’ai eu à encadrer ont été parmi ceux les plus excitants de ma carrière. Attitude m’a permis de collaborer avec Warner, Disney, Sony, DreamWorks, sur des projets d’envergure. Le studio mettait à disposition des équipes d’anime, un pipe de production et une culture de la qualité aussi riche que les majors Américaines. J’y ai supervisé le test du Film NINE, dont 15min de fabrication furent confiées au Studio Luxembourgeois d’Attitude. Les images sont encore confidentielles, mais vous pouvez voir quelques plans fabriqués maison parsemés dans le Trailer : NINE

 

J’ai ensuite eu la chance d’animer et de superviser l’animation en Collaboration avec Raman Hui réalisateur de Shrek III sur six spots annonces du film.

 





Sur ces deux premiers clips, Marc Beaujeau et Ludovic Roz, m’ont accompagné dans la fabrication de l’animation finale des plans.

Le challenge que nous avons essayé de relever avec mon équipe a été de garder la qualité de nos plans constante. Ceci malgré les multiples changements demandés par DreamWorks dus aux différentes voix traitées. En effet, les actings ont été joué avec des voix témoins avant d’être réenregistrés par les vrais acteurs. Nous avons eu pas moins de 9 changements de voix et d’intention d’acting en cours d’animation, avant d’intégrer la vraie voix de Cameron Diaz. La voix est un paramètre fondamental dans la caractérisation d’un personnage. C’est elle qui guide 80% de l’intention d’un plan.

 

Quand une intention vocale est posée sur une animation prévue pour un autre acting, il y a comme un décalage de perception, un flottement. Du coup les retakes d’animation permettent de recaler l’intention. Le problème c’est qu’à force de modification d’intention, dérivée d’une autre, le plan risque de devenir mou, banal, il se lisse, devient commun par la force des choses.

 

Il s’adapte automatiquement à une intention plus large moins caractérisée.
Il m’a fallu trouver un autre point de référence que la voix, pour que chaque plan garde sa qualité. C’est plus difficile à percevoir, mais chaque mouvement filmé, que ce soit dans du live ou du film d’animation, dégage une énergie. Je ne parle pas d’une énergie au niveau action, rythme etc… Mais plus d’une énergie vitale. Chaque plan, s’il est mis en mouvement correctement, a une âme qui le rend unique dans sa qualité et touche le spectateur dans son visionnage d’une manière qui lui est propre. Peu importe donc à ce stade la voix, on peut sentir cette énergie lorsqu’on regarde un plan sans le son. Les choses semblent plus évidentes, plus pures. Le personnage est entier et rien ne vient dérouter notre perception. Ni musique, ni respiration parasite, ni détail vocal appuyé. Ce qui fait la qualité de ce plan, ce  qui rend alors la performance du personnage unique doit être conservée. Du coup, même en modifiant le timing et quelques posings pour réadapter à la nouvelle voix, le challenge devient de capter l’âme de ce plan. Il faut tenter de la retranscrire encore mieux dans la nouvelle version. Le point de référence n’est plus alors la simple voix de l’acteur lambda, mais l’énergie dégagée dans une performance d’acting.

C’est un peu métaphysique, heureusement nous avons été formidablement bien guidés par Raman dans ce défi un peu délicat d’animer de neuf manières différentes un même plan…

 

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