Recettes d’Animateur : LA RATATOUILLE MAISON

Puisqu’il faut bien commencer par quelque chose, commençons par une vieille histoire…
Voici donc une vidéo contenant quelques plans que j’ai pu traiter sur le 1er film d’animation Français : « Kaena la prophétie »

 

C’était en 2001, mes débuts dans le film d’animation. J’ai eu la chance d’être animateur puis superviseur sur ce projet. Une production très excitante, nous étions un peu des pionniers en Europe. Tout restait à découvrir. Les seuls films 3D qui existaient étaient Toy Story, Bugs Life et Antz. Nous n’avions pas les moyens d’une major américaine, mais la motivation était d’autant plus forte de participer à des séquences sur leur longueur. Il fallait régler et gérer des problèmes avec une responsabilité plus grande et donc une expérience plus riche.

 





Chris Delaporte réalisateur du film a su donner à ce projet l’envergure qu’il méritait. Constituant une équipe de graphistes ultra motivés, sachant insuffler sa vision autour d’un projet fédérateur et utiliser le meilleur de chacun pour créer une équipe capable de gérer des plans de qualité, avec relativement peu de moyen.



Les animations ci-dessus ont été réalisées à l’époque avec Character Studio, en TCB, sans possibilité de gestion des courbes pour un clean en finition poussé. Mon but ici était de découvrir comment sortir des règles d’animation de base en restant cohérent, l’idée étant de donner plus de caractère à mon personnage.

J’y ai découvert une règle que j’essaie encore d’appliquer aujourd’hui lors d’un acting : éviter de tomber dans les lieux communs, surtout dans ce que j’appelle « l’acting Piston »… Le personnage souligne chaque intonation de sa tirade par les bras entrouverts, ses mains paumes vers le ciel, décrivant un mouvement circulaire, un piston, avec des retards désespérants sur les doigts. Cette technique est très utile pour la série car elle rend rapidement vivant un personnage. Il est vrai qu’humainement nous effectuons, lors de nos discours, souvent ce type de mouvements. Le problème est qu’à la fin, tous les personnages bougent de la même manière et notre vrai but, nous, animateurs amoureux du mouvement, est de rendre unique le personnage auquel nous tentons de donner vie. Le concept est donc d’aller chercher dans la personnalité que l’on s’imagine du personnage et limiter tous gestes qui le rendraient commun. Essayer de lui trouver le trait de caractère qui fait que, comme tout être vivant, il réagit de manière unique. Une fois imprégné du sujet, utiliser le maximum de références, vidéos, posings dessinés, se filmer en condition. Le tout vous aidera à capter des intentions plus riches, des détails auxquels vous n’auriez jamais pensé… Digérez le tout, et luttez pour sortir la meilleure qualité d’anime que vous n’avez jamais tenté d’atteindre. Essayez toujours de faire mieux que le plan que vous venez de finir juste avant.

 

 

Ici sur Kaena, si j’ai bien fait mon travail à l’époque, vous remarquerez que j’ai tenté d’exprimer deux personnalités sur le même character design. Dans les plans du film rendus, Kaena est agressive, dans son rôle, la tête est très présente. C’est comme si son énergie musculaire se tendait sur tout son corps pour ne laisser exprimer que ses mouvements de tête. Sur le plan d’interview, elle est transformée, ce n’est plus du tout le même personnage, son acting est « sautillant », plus féminin, avec des mouvements de mains et de doigts qui n’appartiennent qu’à elle.

 

Toutefois, les lieux communs ne sont pas  toujours évitables. L’originalité ne doit pas être un frein au naturel d’un acting. C’est un juste équilibre.


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