OKTAPODI – Interview du réalisateur Thierry Marchand


3DVF : Comment avez-vous travaillé pour développer les ambiances et les lumières ?

 

Thierry Marchand : Comme je le disais auparavant nous avons passé beaucoup de temps à améliorer l’histoire, mais nous avons aussi regardé beaucoup de vidéos en ligne et regrouper des références pour reproduire les arrières plans.

 

 

3DVF : Quelle fut à votre avis la partie sur laquelle vous avez concentré le plus d’efforts durant la production ?

 

Thierry Marchand : Une des difficultés majeures était tout simplement la création du poulpe. Nous avions besoin de concevoir un personnage qui devait laisser transparaître des émotions sans bouche. C’était une difficulté encore plus grande quand on pense que la pieuvre est un animal gluant, avec des ventouses et un corps aux formes étranges. Lorsque nous concevions le corps nous devions décider combien de bras et ventouses étaient suffisants pour réaliser cet animal. C’est le problème similaire qu’avaient rencontré les artistes de Disney à l’époque de la création des 101 dalmatiens.

 

Même si nous ne devions pas dessiner tous les bras et ventouses pour chacune des images, nous devions considérer le temps nécessaire pour les animer en conservant un aspect plaisant. Une fois la conception du modèle 3d établie, le nouveau défi fut de créer une articulation réaliste du modèle, permettant au poulpe d’effectuer de nombreux mouvements. Il devait en effet être capable d’utiliser ses membres comme de vrais bras et jambes, de marcher, grimper aux murs, nager et voler dans les airs. Avec ces particularités nous ne pouvions travailler avec les techniques traditionnelles de rigging et devions trouver  un nouveau mode pour contrôler le couple de poulpes.

 

 

En dehors des poulpes, la création d’un village entier, ou du moins donner l’illusion d’avoir créer un village fut un autre défi. Comme nous ne pouvions pas vraiment utiliser des Matte Painting avec une caméra aussi vivante. Nous n’avions pas les ressources pour construire ce village, aussi nous avons conçu une dizaine de maisons, et une douzaine d’objets comme des chaises, plantes et parasols. L’arrière-plan a été conçu avec ces éléments, qui furent différemment positionnés selon les plans.

 

Nous devions aussi développer une technique d’éclairage rapide pour de grands environnements, et gérer les espaces aquatiques dans une douzaine de plans. Nous avons utilisé Realflow pour toute la gestion des liquides ; gestion des bulles pour les plans sous-marins, surface de l’eau dans l’aquarium et pour la séquence du plongeon du véhicule dans l’eau.

 

Enfin, et ce n’est pas le moindre des défis, donner vie et corps à l’histoire durant l’étape d’animation. Lorsque nous avons commencé l’animatique, nous étions déjà en train de courir contre la montre. Nous avions donc une immense pression sur les épaules. Quoi qu’il en soit les Gobelins nous enseigne que l’animation est ce qui doit illuminer l’histoire, aussi nous comprenions l’importance de la performance de nos « acteurs-poulpes ». Ce fut un dur travail quand nous avons commencé à travailler sur les poulpes, et ce n’est rien de le dire. En tant qu’animateurs nous avions l’habitude de travailler sur des bipèdes, animaux quadrupèdes en tout genre et humanoïdes, mais des pieuvres, avec ce nombre considérable de bras, c’était un défi nouveau.

 

Plus tard, lors de nombreux plans, nous devions avoir le temps nécessaire pour réaliser l’animation, ce qui veut dire en d’autres termes que l’action devait parfaitement calée pour chacune des images. Nous avons réussi cela seulement par ce nous avions lors de l’étape du layout paramétré le positionnement et le temps nécessaire pour chacun des plans.

 

 

3DVF : A votre avis, à quoi est dû le succès de votre film ?

 

Thierry Marchand : Personnellement, je pense que le temps que nous avons passé en amont à l’étape de pré production à définir le rythme dans le montage final est le coeur de la réussite de ce court métrage. Même si n’avions pas tout le temps pensé au moindre détail, le public peut sentir cela. Quoi qu’il en soit, le fait que l’histoire parle d’amour et se situe dans un lieu ensoleillé, place le spectateur en état de réceptivité immédiate lors du visionnage.

 

 

3DVF : Où travaillez-vous actuellement ?

 

Thierry Marchand : J’ai travaillé pendant un an à Londres pour Framestore CFC, mais actuellement je suis animateur pour le nouveau projet de Dreamworks à Bengalore, en Inde. Julien travaille aussi au même poste ici. Emund travaille pour Sony Pictures comme animateur de personnage. François-xavier travaille, à Nice sur les arrières plans du projet dirigé par Bibo Bergeron, A Monster in Paris. Olivier a travaillé un an sur ce même projet en tant que concepteur de personnage avant de rejoindre Neomis à Paris. Enfin Quentin travaille à Paris chez “Dog at the House” comme généraliste et enseigne à l’école Gobelins. Il voudrait rejoindre la Californie.

 

 

3DVF : Pour terminer, avez-vous de nouveaux projets en commun ?

 

Thierry Marchand : Même si nous devons nous concentrer sur notre carrière personnelle, nous discutons des opportunités pour travailler ensemble de nouveau et pourquoi ne pas réaliser un nouveau film. Nous aimerions bien fondé un studio ensemble après avoir réaliser ce projet, mais il faut réunir le capital nécessaire, surtout si nous devons le faire en France ou en Europe. Mais nous pensons qu’il est d’abord nécessaire d’acquérir plus d’expériences personnelles avant de nous lancer dans cette aventure.

 

 

3DVF: Comment voyez-vous votre avenir ?

 

Thierry Marchand : à l’ouest….

 

3DVF – Fev.09
Traduction :
Patrice Leymarie

 

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