Yves Courbet – Digital Kartel



3DVF : Pourquoi le concept d’élémentaire du feu ?


Yves Courbet : Eh bien au moment de recevoir cette proposition de clip je planchais déjà sur la bêta test du plugin Aura. J’avais encore beaucoup de mal à le régler sans que ça prenne des temps de calcul faramineux, alors je me suis dit qu’une fois son potentiel maîtrisé, on pourrait sûrement en tirer quelque chose d’intéressant. Au début, je voulais qu’il n’y est que le perso en flammes dans un environnement classique, et au fur à mesure des tests ça me paraissait évident qu’il fallait axer le clip entièrement sur cet élément: « le feu ».



J’ai pu réaliser des tests de génération de flammes sur les premiers plans animés par Julien qui en parallèle de mes tests, effectuait les rotoscopies de la danseuse filmée en frontal et m’envoyait petit à petit les fichiers BIP de chaque plan.



3DVF : Quels étaient les objectifs pour le clip ? les contraintes imposées ?


Yves Courbet : Le clip n’avait pas de deadline précise en lui-même, mais la bande démo comportant les 40 premières secondes du clip devait être livrée en 2 semaines pour l’ouverture du Midem. A peine débarqué à Nice avec mon portable sous le bras, je me suis tout de suite mis au travail. Au vue de la longueur du travelling camera du premier plan séquence, j’ai du trouver au plus vite une manière de créer les décors d’un seul bloc et d’un seul coup très rapidement. J’avais un peu expérimenté Z-brush sur des créatures, et j’ai voulu détourner son utilisation principale pour faire les décors directement modélisés et mappés prêt à être rendu sous Brazil, et encore une fois Zbrush nous aura montré sa pleine puissance.



J’ai pu réaliser tout le premier décor du clip en une journée sur mon petit portable 1ghz 512 de ram et carte graphique 16 mo. Là ou c’est devenu compliqué, ce fut sur les temps de rendu qui commençaient à devenir relativement long, notamment pour la génération des flammes. J’ai donc fait appel à tous mes amis qui habitaient le quartier et on a pu réunir une dizaine de PC en tout genre qui trônait tous autour de mon lit. Inutile de vous dire les nuits d’insomnie que j’ai pu passer, avec tous ces décibels!(rire) Merci au passage à david, steve, guigui, dim et les autres pour la ferme de rendu Mad in France !


3DVF : La réalisation et les décors sont particulièrement homogènes. Peux tu nous parler de la direction artistique et de l’équipe avec qui tu as travaillé ?


Yves Courbet : Comme je le disais plus haut, au tout début le clip ne devait comporter que le personnage en flammes. C’est en réécoutant la musique que je me suis rendu compte qu’il se passait beaucoup de chose, bruit d’explosion, d’aspiration de vent, en quelque sorte c’est la musique qui a dicté la direction que devait prendre le clip. Quelques fois, on tombe sur des musiques qui sont plates et n’inspirent pas grand-chose, mais sur ce morceau il n’y avait qu’a fermer les yeux pour voir le clip se construire de lui-même.




Quand on écoute le morceau au premier abord, on entends de la house, mais en cherchant à peine plus loin on se rend compte qu’elle comporte une trame scénaristique, et qu’il y a énormément de nappes de basse qui procurent cet aspect dark. Dark c’est bien le mot qui convient pour définir le clip, si ce n’est que les tons de couleur sont réchauffés par l’atmosphère de flammes qui s’en dégage. Les masses rocheuses laissent apparaître des pics, et autres têtes de cerbères, à la limite de l’heroic fantasy, avec les plans classiques en haut des falaises, mais tout cela dans un style plus sombre. Au niveau de la direction artistique j’étais libre de faire ce que bon me semblait, j’avais entièrement carte blanche.

Des amis graphistes m’ont beaucoup dit que je voulais faire quelque chose de trop démesuré, mais finalement on s’en est pas mal sorti tous les deux, même si c’est vrai que traiter un sujet comme celui-ci avec des explosions et autres déchaînements d’éléments est souvent très délicat. Je n’estime pas avoir réalisé un clip techniquement magnifique, j’estime juste avoir fait un clip qui se démarque des autres et retient l’attention du spectateur, ce qui reste pour moi le principal objectif !



3DVF : Côté technique, comment avez-vous créé, animé et rendu ce personnage ?


Yves Courbet : Pour la création du personnage, un petit workflow s’est rapidement mis en place entre moi et julien. Nous avons filmé la femme de DJ SOLONE uniquement en frontal, et lui avons demandé de danser comme elle le sentait sur la musique, la consigne était de faire des mouvements lents et fluides, pour ne pas perturber la génération du feu sur le model 3D. Une fois plusieurs prises sur la musique entière faite, j’ai calé toutes les prises par-dessus le story-board qui avait été monté sous Adobe Première, puis j’ai coupé la chorégraphie pour choisir les mouvements de corps qui m’intéressaient. Ensuite, j’ai exporté le tout en dossier et sous-dossier de séquence d’images pour la rotoscopie. Je transmettais les séquences d’images à Julien et quelques heures après il me transmettait le fichier bip, le tout avec des séances de validation à coup de preview vidéo. Une fois les fichier BIP récupérés, je les appliquais à mon personnage dans chaque plan puis appliquais mon preset Aura pour générer les particules de feu.



Yves Courbet : La difficulté que j’ai rencontré avec la version bêta d’Aura est que le paramètre qui servait à avoir du feu directement généré dès la première image ne fonctionnait pas ; il a donc fallu que je ruse et que je fasse commencer mes séquences max non pas à l’image 0 mais -20, pour laisser le temps à aura de générer des flammes assez consistantes pour avoir le raccord entre chaque plan. C’est un peu plus tard dans la production du clip que me suis rendu compte que je pouvais gagner du temps en créant plusieurs plans avec une seule et unique caméra, en la faisant se déplacer rapidement en une seule image et en animant les paramètres de flou pour éviter des flous de mouvement trop brutaux entre les changements d’axes.

Pour le setup et l’enveloppe du personnage, Julien a créé des bones supplémentaires qui inter réagissaient automatiquement sur le reste du corps pour simuler les mouvements des seins par exemple, tandis que tout le corps a été animé en keyframe classique.


3DVF : Quels ont été les outils de prédilection sur ce projet ?


Yves Courbet : Il y en a pas mal, mais dans l’ordre d’utilisation ça donnerait : 3DSMAX, COMBUSTION, ZBRUSH, PAINTER, PHOTOSHOP, REALFLOW, PREMIERE, sans parler de tous les plugins qui vont avec chaque logiciel, mais les principales : AURA, BRAZIL, AFTERBURN.

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