La Main Des Maîtres



3DVF – Sur quelles bases avez-vous développé le scénario ?



CaYuS : On a mis sur papier l’ensemble des idées que l’on voulait traiter, puis on a vu comment mixer cela pour très rapidement sortir un premier jet de story-board afin de voir si cela fonctionnait visuellement. Sur les idées, à proprement parler, et si je reprends nos notes de décembre 2006, on y retrouve :


– Deux classes : la haute société (riches), et la basse société (ouvriers). Les premiers ne soupçonnent pas l’existence des deuxièmes, bien que tout le fonctionnement de la cité et leur belle vie dépendent d’eux. De plus ils ne veulent pas se poser la question. Ils sont maintenus dans cet état d’ignorance par les dirigeants de la haute.

– Définir la séparation spatiale entre la basse et la haute.

– Une milice armée jusqu’aux dents aide les dirigeants à imposer leurs décisions auprès des ouvriers. Ils ont tout de machines même si ce sont des hommes sous ces énormes armures. On tombe dans l’excès, avec des parures en or pour les armes… etc.

– Les ouvriers ne disposent pas de technologie de pointe, mais ils ont les matières premières. Ils peuvent ainsi se confectionner des armes de fortune, ou récupérer des antiquités pour se défendre.

– La basse société veut crier au monde qu’ils existent, chose que les dirigeants de la haute veulent empêcher. Utilisation de l’Art pour véhiculer des idées, comme arme de propagande massive.

– Style Steampunk ( = futur à vapeur, science-fiction écrite de nos jours mais qui se déroule au XIXe siècle) : machines à vapeur, tanks à vapeur, engrenages poussés à outrance.
Ce style renvoie du coup directement à l’imagerie du début du siècle… Dernier. Il faut enrichir le graphisme des personnages en nous inspirant du style des affichiste de cette époque (et tout particulièrement Mucha). Graphisme entretenant lui-même certain liens avec l’animation (dans ses aplats et sa, bien que « relative », simplicité dans le dessin).

– La relation entre elle et lui n’est pas explicite. Frère/Soeur, ou plus. Néanmoins ils doivent être à la fois jeunes et innocents, tout en étant un minimum âgés pour prendre part à cette guerre (environ 15 ans).

– L’héroïne est une artiste dans l’âme (pinceau sur elle?), innocente et tout ce qu’il faut pour pouvoir « dompter » la machine.

– Faire un plan post générique, de rappel.

Comme on peut le lire, il y a des choses qu’on a gardées et d’autres non. Mais on en a quand même conservé beaucoup, d’où notre difficulté de tout raconter en si peu de temps. Mais d’un autre côté cela nous a permis d’avoir un univers assez riche avec plusieurs niveaux de lecture.




3DVF – Qui ou qu’est-ce que La Main des Maitres ?



Looky : La Main des Maîtres peut avoir plusieurs sens, je pense.
Le principal étant la machine qu’utilisent nos protagonistes : cette sorte de « bio-photocopieuse », permettant à un individu de contrôler des milliers de mains mécaniques par sa seule pensée. Le terme « Maître » fait doublement référence, par l’usage artistique de la machine par l’héroïne, au statut élogieux des peintres et de l’artisan en général.
Pour le second sens… Je pense qu’une simple relation, brièvement exposée plus haut, de l’asservie faisant les moindres gestes à la place de son bon maître ventru devrait peut être suffire.




3DVF – On perçoit de nombreuses influences dans le style graphique et la réalisation, on pense notamment à Mamoru Oshii et Isao Takahata. Est-ce une simple impression, ou une forme de clin d’œil ou d’hommage à ces grands messieurs ?

Looky : Ces grands-là nous ont peu influencés au commencement, où sinon inconsciemment car ce serait mentir que de dire que Ghost in the Shell n’est pas mon film de chevet! Mais nous nous basions vraiment sur le style Steampunk et affichiste de Mucha.
Cependant…

Au fur et à mesure de la production, au vu des soucis rencontrés, le graphisme du film s’est conformisé. Par exemple, au début, nous pensions mettre un double contour… Il a été supprimé pour mieux intégrer les personnages dans le décor. Les cheveux en entrelacs… Ca donne vite l’impression que les personnages ont une pieuvre en guise de coiffure…
Autant de chose qui font que l’on se rapprochait au fur et à mesure de l’animation « conventionnelle », mais dans le bon sens puisque l’univers a ainsi mûri.
Les influences nipponnes sont là (ne serait-ce que dans la démarche « décors peints détaillés + personnages 2D ») mais elles sont surtout intervenues dans l’animation. Des films comme Tokyo Godfather, Le château dans le ciel ou Jin Roh nous ont beaucoup aidés, CaYuS et moi, pour ce qui est du mouvement et du nombre d’images qu’ils coûtent.



Clément : Je pense qu’on peut le voir plus comme un hommage à ces géants de l’animation. Ils sont de véritables puits de connaissances pour nous, tant par le sens du rythme, l’histoire, l’ambiance ( Jin-Roh ) que pour l’émotion qu’ils véhiculent (Le Tombeau des lucioles).

3DVF – Vos éclairages sont particulièrement soignés pour un film étudiant ; quelle a été votre volonté et avez-vous eu des références particulières ?



Clément : Le seul truc qui était sûr, c’est que l’on voulait une ambiance remplie de vapeur due aux machines, d’où la présence importante de shine et de glow dans le film. C’est une des grosses volontés d’éclairage, sinon pour le reste, Looky est le mieux placé pour en parler.

Looky : Heu… On a essayé de soigner les éclairages avant tout pour faire les meilleurs plans possibles… Des ombres bien tranchées renforcent toujours les volumes et le contraste d’une image. Mais ce n’est pas une découverte…

CaYuS : Je tiens à dire que j’ai quand même fait deux paints ambiance pour le film! Bon cela n’est en rien responsable du « soigné » des éclairage de La Main des Maîtres , cela aurait plus tendance à être l’inverse.
… Mais c’était juste pour dire que même si sur le projet on avait chacun nos spécialités afin de pouvoir avancer plus vite et de manière complémentaire, cela ne nous a pas empêchés à chacun, d’essayer d’autres choses pour le plaisir, mais aussi de s’entr’aider sur nos parties respectives quand on était en rush.


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