Dossier : KAENA – La Prophétie

Pour commencer ce dossier, nous vous proposons une interview de Marc du Pontavice, producteur du Film. Il nous parle des difficultés rencontrées lors du projet jusqu’à ce jour et des futurs projets en préparation chez Xilam Films.

 

 

Entretien avec Marc du Pontavice – Producteur de Kaena :


3DVF : A quel moment et dans quelles conditions avez-vous découvert Kaena ?


Marc du Pontavice : : J’ai racheté Gaumont Multimédia en 1999, qui est ensuite devenu Xilam. Quand nous avons découvert Kaena, nous préparions déjà un autre un long-métrage en 3D, Stupid Invaders (la production démarrera au mois de juin 2003). J’ai donc été mis au courant de la situation délicate dans laquelle se trouvait la société Chaman, puis tout est allé très vite; j’apprenais que Chaman déposait le bilan quelques jours après avoir eu cette information. C’est là que j’ai compris que le film risquait de ne pas être mené jusqu’au bout, nous avons décidé de voir ce que nous pouvions faire.



3DVF : Avant Kaena, étiez-vous familier avec l’image de synthèse ?



Marc du Pontavice :
: C’est à partir de 1997 que nous avons commencé à expérimenter les outils de création 3D pour des projets de jeu vidéo, puis nous les avons progressivement intégrés aux chaînes de production de nos séries d’animation : les Zinzins de l’espace et Oggy et les cafards, Les Nouvelles Aventures de Lucky Luke et un projet de long-métrage Stupid Invaders.



3DVF : Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?

Marc du Pontavice :
Ma découverte du film a été une expérience fascinante; j’ai été véritablement émerveillé par ce que j’ai découvert. En fait, je ne m’attendais vraiment pas quelque chose de ce niveau. Avant, Kaena me donnait une image assez compliquée, une histoire d’heroic fantasy un peu fumeuse, voir déjà-vu. Quand j’ai lu le scénario, j’ai eu l’immense plaisir de découvrir une histoire très inspirée, très belle, dotée d’un univers particulièrement dense et intelligemment construit, avec un personnage principal qui porte le film d’un bout à l’autre.



3DVF : Où en était la production, que restait-il à terminer ?


Marc du Pontavice :
On peut dire que le film était à la moitié de la production ; certains plans en étaient encore à l’état de cinématique très basiques. Sur un film en images de synthèse, vous n’avez aucune visibilité sur le résultat final, puisque vous devez juger des polygones ! Il faut donc d’abord beaucoup de confiance dans le film et dans ceux qui le font ; il fallait ensuite, pour terminer ce film, jongler avec quatre domaines d’expertise que personne d’autre ne cumulait : connaître l’image de synthèse, le dessin animé, le film et le jeu vidéo. Personne d’autre que Xilam n’avait ces compétences réunies, c’est probablement pour ça que les autres sociétés n’ont pas poursuivi.




3DVF : Quelles étaient les prises de risques et les défis pour Xilam ?

Marc du Pontavice : Sur une douzaine de sociétés à avoir étudié le dossier, nous avons été les seuls à proposer une offre de reprise. Le risque était considérable. Il manquait beaucoup d’argent pour finaliser le projet, et l’organisation n’était pas totalement au point, car Chaman, n’avait aucune expérience dans l’animation et le dessin animé. Nous avons donc mis en place une logistique et un encadrement dédié pour que la production puisse avancer.

Sans parler de la crainte sur le plan financier, il manquait entre 5,3 et 6,1 millions d’euros pour finir le film et le jeu, j’ai été choqué que tout le monde, y compris ceux qui avaient déjà investi dans le film, était prêt à laisser tomber le projet. Le découragement et la perplexité des investisseurs avaient tué le désir et la curiosité qui avaient lancé ce film. Pendant les dix jours de préparation du dossier, je n’ai pas réussi à convaincre les partenaires de me suivre. Je suis donc parti en me disant que Kaena était tellement fort qu’il fallait juste leur redonner le goût du film pour qu’ils reviennent à la table.
Nous avons donc pris deux ou trois mois pour mettre en place une nouvelle https://medias.3dvf.com/publish/kaena/bande démo qui nous a alors permis de relancer le projet. Ensuite, il a fallu reconstituer l’équipe forte de 70 personnes environ, les remotiver et réinstaller la confiance. Les plans ont alors commencé à arriver très rapidement, et le moral est revenu.






3DVF : Quelle a été pour vous l’étape la plus délicate ?



Marc du Pontavice :
Le film a représenté plus de 65 000 heures de rendu, ce qui nous a demandé la mise en place d’une puissance colossale de calcul pour rendre l’intégralité des images au format 2K. Mais c’est sans aucun doute le passage du numérique à l’argentique, car si les scènes semblaient sublimes sur le flame, une fois sur argentique, nous avions l’impression qu’il fallait tout recommencer. Toutes les couleurs et les teintes semblaient trop froides et mal calibrées ; cette phase a donc été particulièrement éprouvante à achever.



3DVF : Pensez-vous que ce marché peut évoluer en Europe/France avec le même essor et le même engouement que ce qu’il a déjà fait aux Etats-Unis ?


Marc du Pontavice : Kaena s’adresse à un public adolescent et adulte, une nouveauté dans le genre, avec des personnages humanoïdes, sans tomber dans le réalisme délirant de Final Fantasy. Si Kaena marche, ce sont des pans entiers de notre industrie qui peuvent se bâtir sur un genre totalement nouveau. Je pense d’ailleurs que les Français, par rapport à l’Europe et aux Etats-Unis, ont des choses exceptionnelles à faire valoir. La comédie cartoon, c’est pour le moment le royaume des américains. Mais sur des univers originaux comme Kaena, les talents français n’attendent que de sortir du bois.



3DVF :
Quels sont vos prochains projets ? Et peut-on espérer une suite de Kaena dans un futur plus ou moins proche ?
Marc du Pontavice : J’espère que nous aurons l’occasion recommencer cette expérience au plus tôt. Le lancement de la production de Stupid Invaders prévu pour le mois de juin 2003 est la preuve de notre volonté à pousser dans ce sens. Pour ce qui concerne Kaena, j’en ai déjà parlé avec Chris, et je sais qu’il a commencé à travailler sur le script d’une suite.



3DVF : Merci pour cet enthousiasme et cette note d’espoir pour l’industrie, il reste encore des chemins à explorer. En espérant vous retrouver bientôt pour nous parler de vos prochains projets.

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