Dreamworks : Kung Fu Panda – Intro

 

3DVF : Bonjour Sébastien et merci à l’avance pour le temps que tu nous accordes.
Tout d’abord, peux-tu te présenter aux lecteurs 3DVF ?
Je m’appelle Sébastien Chort, j’ai 30 ans et je suis « lighting artist » pour Dreamworks depuis presque 1 an.


Photo par Lucas Janin

3DVF : Quels ont été les chemins qui t’ont mené à l’art infographique, plus précisément à l’animation et enfin à Dreamworks ?
Je crois que ma passion pour l’image a commencé très tôt. J’ai eu la chance de posséder un Amiga tout gamin, j’étais fasciné par le graphisme époustouflant des jeux de l’époque :). Puis en tant que loisir je me suis mis a faire un peu de graphisme sur le célébrissime deluxe paint . En fin de compte c’est durant ma première année d’université en Maths que j’ai découvert l’existence d’école d’infographie (en l’occurrence Supinfocom, le CNBDI, ATI… il y avait peu d’options à l’époque).
J’ai tente le concours pour Supinfocom et j’ai été accepté.
Au terme de mes études j’ai travaille à gauche à droite pendant 6 mois (Ex Machina, Katharsys…), puis deux amis de ma promotion (Loic Bail et Aurelien Delpoux) qui avaient débuté une cellule 3D au sein de Partizan Midi Minuit m’ont embarque dans leur aventure. Deux ans plus tard, Blur Studio me contacta pour me proposer un job après avoir vu mon portfolio sur internet. Je suis resté 4 ans au sein de Blur Studio (dont 3 a superviser) puis je me suis décidé à tenter ma chance vers les studios de plus grande taille. Ce qui m’amena à postuler à Dreamworks et à y décrocher un boulot.



3DVF : Finalement, as-tu appris l’animation à travers l’école ou par toi-même, à la maison ?
J’ai appris dans un premier temps a la maison, ensuite a l’école j’ai surtout découvert la possibilité de s’exprimer avec l’image. Mais dans le fond j’ai vraiment appris au travers de mes expériences professionnelles, et j’apprends encore quotidiennement.

3DVF : Quels sont tes outils préférés et pour quelles raisons ?
Mon logiciel préféré est Modo pour son interface et sa flexibilité, mais je n’ai fait qu’expérimenter avec, rien de plus. Concernant l’éclairage j’aime beaucoup travailler avec 3dsmax et Brazil, simplement parce que c’est la plateforme que j’ai le plus utilisé professionnellement et donc celle que je maitrise le mieux. Si je disposais d’un peu plus de temps je pense que je passerai plus de temps avec Zbrush et XSI.

 


3DVF : Dreamworks met il à disposition des logiciels développés en interne ?
Concernant l’éclairage le département travaille uniquement avec des logiciels maison. A l’échelle du studio, quelques départements utilisent Maya, Houdini, GImp et quelques autres logiciels du commerce, mais la majorité du travail s’effectue via les logiciels développés en interne.
Au même titre des outils sont développés pour combler les besoins de certains films. Par exemple pour “Kung Fu Panda,” un outil de déformation de fourrure a été développé pour gérer l’interaction avec les vêtements.

3DVF : As tu des règles d’étapes que tu t’imposes pour éclairer une scène ou s’agit-il d’intuition ?
Cela dépend vraiment des situations. De manière général j’aime bien visualiser chaque lumière à part l’une de l’autre pour voir de quelle manière celle ci contribue a la scène, quel volume est dessiné par chaque source lumineuse. Ensuite lorsque je rends le plan avec toutes ces lumières j’essaye de travailler en niveau de gris pour déceler les problèmes d’avant plan / arrière plan et régler la composition. Une fois que je suis satisfait je focalise sur l’harmonie des couleurs et l’ambiance finale. Chacune de ces étapes fait appel a mon intuition. Toutefois au sein de Dreamworks, ce cheminement est relativement limite car nous commençons généralement un plan en partant de plans clés donnant la direction artistique de la séquence.


3DVF : Dans un travail comme sur celui de Kung Fu Panda, avez vous recours a de vrais photos pour trouver des ambiances ?
C’est tres rare, la direction artistique nous est dictée par un nombre conséquents de dessin, recherches, mise en couleurs fournis pour chaque séquence par le département de Développement visuel.

3DVF : Comment se déroule donc le travail avec le directeur photo ou le directeur artistique ?
Nous avons régulièrement des projections de nos séquences pour recueillir les commentaires et suggestions du directeur artistique, du superviseur VFX et du production designer. En amont nous travaillons avec les lead lighters et notre superviseur. Une fois que tout le monde est satisfait et que le plan s’approche de sa phase finale on soumet le résultat au(x) réalisateur(s) pour validation finale.


3DVF : Quelle est la chose la plus complexe à tes yeux et pour quelle raison ?

Etre régulier. Personnellement je trouve assez difficile de maintenir la meme qualité de résultat avec tout type d’ambiance. Les ambiances temps couverts, grisâtres sont pour moi assez difficiles à maitriser si elles ne sont pas exagérées et théâtrales. La raison est simple: ce genre d’ambiance offre beaucoup moins de possibilités pour mettre en valeur les personnages et la composition du plan reste limite par le manque de contraste.

 


3DVF : Aurais-tu des conseils à donner aux personnes souhaitant se spécialiser en éclairage ?
Ne pas toucher à un ordinateur pendant quelques jours et observer son environnement, s’essayer a la photographie, se cultiver et agrandir ses sources d’inspiration, lire des livres ayant pour sujets la lumière et la couleur. Je crois que la technique est vraiment secondaire, visualiser son sujet avant de commencer est bien plus important.
D’un point de vue technique je conseille très fortement d’utiliser les logiciels de compositing et de s’amuser à séparer chaque lumière, ombres, avant plan, arrière plan… etc. Tous les studios ne font pas appel aux techniques de compositing mais je pense qu’il est nécessaire de les comprendre. D’autant plus que personnellement c’est la que je prends le plus de plaisir, finaliser son plan avec un outil quasi temps réel est très agréable.

3DVF : Que penses-tu de l’évolution et des chemins pris par les outils informatiques ?
Je pense que les outils actuels vont dans le bon sens pour l’utilisateur, les efforts concernant les nouvelles interfaces (Zbrush, Modo) ainsi que les performances (je peux faire de la 3d sans souci sur mon portable) le démontre. J’espère simplement que les différents logiciels vont tendre vers plus de compatibilités entre les différentes plateformes.

 


3DVF : Rêves-tu d’un outil te permettant de travailler avec plus d’aisance et de productivité?
De manière générale, je rêve d’un outil faisant appel à des interfaces encore plus intuitives, ne nécessitant pas ou peu de connaissance technique. Un peu ce que Zbrush offre aux sculpteurs. La possibilité de faire évoluer soit même son logiciel sans faire appels à des connaissances de programmations poussée serait fantastique.
Au sein de Dreamworks, j’adorerais avoir des outils un tout petit peu plus en phase avec les logiciels du commerce du point de vue de l’interface (un peu moins austère).

3DVF: Parle-nous un peu de l’ambiance et des méthodes de travail au sein de Dreamworks ?
L’ambiance à Dreamworks est agréable, tout est fait pour que nous nous y sentions bien. Le campus est très grand, verdoyant et offre plein de lieux récréationnels (Salle de jeux, tables de ping pong, baby foot).
Concernant les méthodes de travail la coopération entre les départements de travail s’opère bien, mais je regrette de ne pas toujours connaitre de visu mes interlocuteurs quand je reçois un coup de téléphone (le studio comptant 900 personnes cela n’est pas simple)


3DVF: Existe t-il une sorte d’Université interne permettant la formation continue ?
Il y a un département de formation qui forme les nouveaux venus pendant les premières semaines. Ce même département peut offrir aussi des formations « à la carte » pour se remettre à niveau. Nous disposons aussi d’un Wiki en intranet cumulant énormément de document de formations pour chaque département.

3DVF : Aurais-tu des conseils pour les plus jeunes infographistes qui s’attaquent à leur premier court métrage ?
Travailler exclusivement la note d’intention et le synopsis avant même de penser à entamer le storyboard et le découpage. Une fois le projet bien établit je pense que faire une animatique 3d est une étape indispensable. Tout le reste du travail (le plus fastidieux) sera alors beaucoup plus facile et agréable, et il ne s’agira plus que de créer le produit final.

 




3DVF : Pour finir cette entrevue, aurais-tu quelques mots pour les artistes et lecteurs de 3DVF ?
Tout d’abord merci à chacun pour continuer à maintenir une communauté française autour de la 3d.
Et n’hésitez pas une seconde à vous ruer au cinéma pour la sortie de Kung Fu Panda, vous ne serez pas déçu (et je suis difficile en général) !

 

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