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Retour sur les effets du film Io avec D-Seed

3DVF : Justement, à propos de poids. Cette méthode de création des nuages a-t-elle posé des difficultés en termes de stockage ou rendu/compositing ?
Comment avez-vous géré ces points ?

Romain Bourzeix – D-Seed : En tant que petit studio, avec des moyens techniques limités, il faut être intelligent et trouver des solutions pour alléger les fichiers. Outre différents scripts faits maison nous avons mis en place un process avec des proxys à tous les niveaux pour économiser le temps humain et reporter la lourdeur du workflow 4K en fin de chaîne au moment du rendu final. Cela demande une organisation sans faille, mais le gain de temps en vaut la chandelle.

3DVF : Quelques mots également sur la partie matte painting ?

Un seul plan a été fait en mattepainting, il est facile à repérer, c’est celui de la descente en quad où l’on découvre la ville abandonnée au milieu de la nappe nuageuse.

Ci-dessous : schéma préparatoire du plan de la descente en quad, avec les éléments réels et numériques.

Quad
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3DVF : D’autres spécialistes VFX étaient impliqués dans le film : le générique cite Jarrod Linton d’Atomics Arts à la supervision on set, mais aussi et surtout l’équipe de Baked Studios menée par le superviseur George A. Loucas, qui a géré une partie des effets mais aussi co-produit le film. Quels ont été vos liens avec eux ?

Jarrod Linton m’a rejoint à Nice à la fin du tournage, pour prendre le relais à la supervision de la partie de la zone en Bulgarie.
Ces vfx devaient être faits par Atomic Arts à Londres, puis pour des raisons de budgets, les producteurs ont décidé de rapatrier les effets chez BakedFX, petit studio dirigé par George A. Loucas basé à L.A. Nous avons beaucoup échangé avec eux surtout pour se synchroniser sur les plans que nous partagions, notamment ceux du ballon à hélium qu’ils ont conçu et où nos nuages apparaissent en background. BakedFX apparaît en tant que prod étant donné qu’ils ont sérieusement entamé leurs marges pour rester compétitifs. Leur travail dans la zone est incroyable, ils ont ajouté toute la végétation et créé la brume sur une grosse centaine de plans.

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3DVF : Les grands studios de cinéma imposent souvent des contraintes assez lourdes aux studios d’effets visuels, que ce soit au niveau technique ou sécuritaire. Qu’en est-il de Netflix ? Quel était leur cahier des charges ?

J’ai eu l’occasion de rencontrer un des producteurs à Los Angeles ce qui m’a permis de nous vendre et de les rassurer quand à la qualité de nos services et au soucis de sécurité.
Le projet est arrivé sur notre serveur au moment où nous déménagions dans nos nouveaux locaux à Aubervilliers, nous avons donc mis en place notre réseau et workflow le plus sécurisé possible, à notre niveau. Ceci étant dit, Netflix restait à cette période assez peu regardant quant aux équipements afin de s’adapter aux capacités du marché local.
Lors du Paris Image Digital Summit 2019, le sujet de la sécurité et de son coût a été abordé. Les retours sont très variables d’un studio à l’autre, mais la tendance va vers une normalisation afin de pouvoir être considéré par certains producteurs comme studio certifié.

3DVF : Vous avez livré vos plans en 4K DCI. Est-ce une définition courante sur vos projets ?

C’était la première fois, et nous post-produisons maintenant un projet sur deux en 4K, autant en pub qu’en fiction. Une fois le workflow créé, autant en profiter et le proposer à nos clients.

3DVF : De quoi êtes-vous les plus fiers sur ce film ?

D’avoir pu toucher du bout des doigts à la haute couture des effets visuels que s’arrachent les gros studios. Cela reste un petit projet, mais ce n’est que le début pour D-Seed.

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3DVF : Pour finir, quelques mots sur vos projets en cours, si vous pouvez en parler ?

Nous venons de terminer un long métrage Letton, film d’époque où nous avons réalisé des extensions de décor dans un Riga du début 1900, sur une cinquantaine de plans. Le film est sorti en salles, mais pas en France. Nous mettrons un making of dès que possible en ligne.

Par ailleurs, nous souhaitons lancer des discussions avec d’autres petits studios de VFX afin de réfléchir à des synergies et trouver des solutions pour accéder ensemble au marché qu’ouvrent les networks. Une forme d’association pourrait naître de ces échanges.

Les gros studios d’effets visuels ont montés le syndicat V2F pour promouvoir une déontologie saine entre prestataires et commanditaires du secteur, soutenu par le CNC. C’est une belle initiative, mais qui reste défensive et les synergies entre studios resteront faibles, ceci dû aux conflits d’intérêts et autres enjeux commerciaux/politiques qui les animent. Au niveau des petits studios, les enjeux économiques ne sont pas les mêmes et les besoins d’échanges et d’associations sont plus simples et rapides à mettre en place. Mais l’un n’empêche pas l’autre, ces deux initiatives peuvent même être complémentaires je pense.
[NDLR : voir notre article sur l’annonce du lancement de V2F]

Si vous avez ou connaissez un studio qui serait interessé, n’hésitez pas à nous contacter pour échanger ! A plusieurs on est plus fort.

Pour en savoir plus

– Le site officiel de D-Seed et celui de Spline ;

– La page du film Io sur le site de Netflix France ;

– Ci-dessous, un aperçu des derniers projets de D-Seed, qu’il s’agisse d’effets visuels, architecture, publicité, etc.

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