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Art Graphique & Patrimoine : 25 ans d’expertise au service du patrimoine

Art Graphique & Patrimoine
Photo : ©Art Graphique & Patrimoine

Spécialiste de l’utilisation des techniques numériques pour le domaine du patrimoine, de sa préservation et de sa mise en valeur, la société française Art Graphique & Patrimoine officie dans la France entière, ainsi qu’à l’international.
L’entreprise a accepté de revenir pour nous sur son fonctionnement et certains de ses projets récents, qu’ils fassent usage de la photogrammétrie, du relevé laser, de la modélisation 3D ou encore de la réalité virtuelle.

 

 

3DVF : Pour commencer, pouvez-vous revenir sur l’historique de l’entreprise et son offre actuelle ?

Art Graphique & Patrimoine : Art Graphique & Patrimoine a été lancée en 1994 par Gaël Hamon, qui était au départ un tailleur de pierre spécialiste des monuments historiques. Bien évidemment, à l’époque les outils n’étaient pas les mêmes. Spécialisés dès le début dans le relevé architectural et archéologique pour la restauration et l’étude, nous avons progressivement intégré de nouvelles méthodes et techniques (par exemple les premiers scanners laser dans les années 2000) adaptées à la fois au patrimoine bâti et aux œuvres d’art. Nos procédés, de la lasergrammétrie à la photogrammétrie et à la vidéogrammétrie, nous permettent de réaliser une numérisation complète d’un site, d’un bâtiment, d’une œuvre dans des cadres qui vont de la restauration à la médiation culturelle en passant par le diagnostic, l’étude, la création de reconstitutions 3D historiques.

Depuis 1994, nous avons collecté entre 1700 et 2000 références, en France et à l’étranger.

3DVF : Vous avez donc une grande ancienneté par rapport à beaucoup d’entreprises du secteur ou par rapport aux entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies pour le patrimoine.

Nous avons un statut de pionnier : si le marché de la valorisation numérique du patrimoine est plutôt bien développé aujourd’hui, notre entreprise a été la première en France, par exemple, à mettre en place un prototype d’application mobile en de réalité augmentée pour la reconstitution historique de décors. En 2009, nous avons réalisé un projet de ce type sur le Cabinet de Charles V au Château de Vincennes.

 

 

3DVF : Comment s’organise l’entreprise actuellement ?

Nous avons deux pôles d’activité principaux :
– un premier pôle s’occupe des relevés 3D des monuments à travers une phase de prise de mesures, effectuée sur site par nos ingénieurs.  Dans un tel cas, on produit des fichiers (dessins 2D, restitutions numériques, ortho-images, modèles 3D, modèles BIM) à usage essentiellement technique, scientifique dans l’objectif de conduire une étude, un diagnostic, un travail de restauration ou rénovation (en lien avec nos clients, les gestionnaires des monuments historiques, les services techniques de maintenance, les architectes, les restaurateurs, les conservateurs…)
– un second pôle opère pour la médiation culturelle. Souvent le processus inclut une phase de numérisation par relevé mais dans un objectif de valorisation : vulgarisation scientifique, communication grand public, production d’outils de médiation, réalité virtuelle/augmentée, réalisation de films de reconstitution historique…

Nous couvrons donc toute la chaîne de la valorisation et de la sauvegarde du patrimoine à travers les outils numériques.

Les deux pôles servent surtout à distinguer nos typologies de clients, mais nous avons un processus unique et nos équipes travaillent l’une à côté de l’autre. Nous sommes très exigeants en termes de polyvalence pour nos collaborateurs : cela devient indispensable pour la gestion de projets si variés avec une petite équipe de 25 personnes.

3DVF : Quels sont vos profils, et comment l’équipe est-elle répartie ?

En ce qui concerne les profils, nous avons tous une double casquette : en plus d’une spécialisation technique nous possédons une expertise dans le domaine du patrimoine culturel.
C’est dans l’ADN de l’entreprise et ça nous semble essentiel, puisque nous travaillons essentiellement dans ce secteur. Ce double bagage est fondamental pour gérer les différentes phases d’un projet (numérisation, restitutions graphiques, conception des applications…) mais aussi sur le plan communication/commercial : nous parlons le même langage que nos clients.

Même si nous disposons tous de compétences multiples, nous avons une équipe dédiée au travail de relevé sur le terrain, constituée d’ingénieurs géomètres topographes, des collaborateurs spécialisés dans la numérisation 3D d’œuvres et d’objets à travers des techniques spécifiques (comme le FaroArm, un bras de mesure très précis), des tailleurs de pierre appareilleurs pour les restitutions 2D et dessins, des architectes spécialistes en BIM, des infographistes, des développeurs, etc.

 

 

 

3DVF : Quels types de clients font appel à vous ?

Il s’agit de musées et d’institutions culturelles, de gestionnaires ou propriétaires de sites historiques, d’architectes, de restaurateurs, de collectivités territoriales…

On fait appel à nous dès qu’il y a besoin de garder une trace d’un site ou d’une œuvre d’art, de mener une étude technique ou scientifique sur des mesures fiables, de valoriser ou dynamiser une visite culturelle, de reconstruire un monument tel qu’il était dans le passé avec un haut niveau de précision historique.

3DVF : Et du côté de l’international ?

Les clients sont vraiment très variés, il peut s’agir d’architectes français ou de spécialistes du patrimoine qui opèrent sur le territoire, d’institutions internationales (comme l’UNESCO ou la DGAM en Syrie, – Directorate General of Antiquities and Museum), de marchés publics auxquels on répond, ou que l’on soit contactés par un client privé. L’international reste néanmoins un secteur minoritaire de notre activité, à l’heure actuelle.

 

 

3DVF : Revenons sur le projet du Cabinet de Charles V au Château de Vincennes, évoqué plus haut. S’il est ancien, il reste assez parlant, de par son évolution, sur vos méthodes…

Aucun des décors anciens originaux du Cabinet de Charles V (Château de Vincennes) ne s’est conservé : en 2009, à l’occasion du festival Futur en Seine [NDLR : récemment renommé en Futur.e.s] nous avons développé un prototype d’application mobile en réalité augmentée pour visualiser la reconstitution 3D de cette pièce, telle qu’elle était au 14ème siècle.  A l’époque cette technique comportait le tracking de marqueurs (comme des QR codes). Aujourd’hui nous utilisons des techniques plus sophistiquées.

3DVF : Depuis, vous avez adapté ce concept à l’usage en réalité virtuelle.

Nous avons commencé à travailler avec la réalité virtuelle immersive en 2016. A cette période, le secteur se questionnait à peine sur l’intérêt de cette approche pour le patrimoine. 

Notre unité R&D est chargée de tester les supports et les outils qui arrivent sur le marché, afin d’en mesurer le potentiel et l’intérêt pour notre activité. C’est notre approche pour rester toujours à la pointe de la technologie et faire face à un secteur qui évolue très rapidement.
   
En 2016 donc, nous avons démarré nos tests sur les premiers casques VR HTC et nous avons adapté l’application mobile du Château de Vincennes à l’usage VR temps réel.

 

3DVF : Ce type de ré-emploi implique sans doute une anticipation dès le projet initial ?

Nous développons des contenus multiplateformes, qui peuvent être réexploités sur plusieurs types de supports. C’est très important de pouvoir adapter les contenus au fil des ans, en fonction de l’avancement des technologies numériques.

 

 

3DVF : Quel est l’intérêt de décliner un même projet sur plusieurs supports ?

Prenons le cas d’un de nos derniers projets pour la Ville de Soissons, sur l’Abbaye de Saint-Jean-des-Vignes : le dispositif est décliné sur casque immersif, système tactile et film 3D.

Ces différents outils nous permettent de toucher un public plus large : le système tactile est par exemple le plus adapté pour partager la visite en famille, tandis que le casque immersif est relativement déconseillé pour les jeunes enfants.

La VR apporte de l’expérience spectaculaire, mais n’est pas toujours le meilleur moyen de faire de la pédagogie ; la tablette peut apporter un complément.

L’idée pour nous est de nous adapter à chaque projet, selon les demandes des clients, que nous pouvons évidemment aussi conseiller. Nous construisons une offre sur mesure selon le projet, les besoins, la typologie du public.

 

 

3DVF : Dans cette optique de déclinaison des projets, arrivez-vous à négocier des droits vous permettant d’utiliser les données d’un projet pour un autre client ? Pour le Mont Saint-Michel par exemple, on imagine que de multiples clients pourraient être intéressés par une exploitation des données… La question des droits est gérée projet par projet et souvent règlementée par des contrats spécifiques.

C’est un point complexe, comme souvent dès que l’on parle de patrimoine public. La manière dont un projet est monté influe également.

Art Graphique & Patrimoine
Illustrations : ©Art Graphique & Patrimoine

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