KNIGHTWORKS : projets pour la Chine et longs-métrages

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3DVF : Evoquons maintenant le film destiné à la marque Haval, un autre de vos projets pour la Chine, sans doute le plus complexe… Et le plus long des trois évoqués dans cette interview  !

Umaru Embalo / KNIGHTWORKS : Effectivement, la version client dure 6min30 et la director’s cut 2min30 !! C’est un film produit destiné aux Salons plus qu’une pub classique.

 

Il y a eu beaucoup de travail : des VFX, des plans full 3D, la voiture qui est en 3D…  Nous avons déployé 25 personnes sur ce projet.

Haval commercial « Leads the way to the future » from KNIGHTWORKS on Vimeo.

 

3DVF : Comment avez-vous mis en place la ville visible au début du film ?

Nous avons tout généré nous-même, heureusement on a de très bons artistes dans l’équipe !

Un des artistes a créé un script : à partir d’une image de ville faisant référence, des splines sont générées selon les couleurs. On a donc pu prendre le maillage d’une ville réelle, de façon à avoir rapidement une organisation cohérente.

Pour aller plus vite, nous avons envisagé d’utiliser des modèles issus de Turbosquid, mais ça ne convenait pas, il fallait refaire les UVs par exemple. On a tout de même pu s’en servir de squelette après avoir cleané à fond les modèles. Au final la grosse majorité du travail vient de nous.
Le style de la ville est inspiré de cités chinoises comme Shanghai, nous avions fait des recherches en ce sens au début du projet. Le client nous a fait confiance à ce niveau.
Nous avons rajouté de nombreux éléments comme la végétation. C’était une envie des réalisateurs, pour ramener un peu d’humanité et de nature dans la ville. On s’est appuyé sur des modèles, en modifiant les shaders.

Que ce soit pour la ville ou la végétation, les artistes 3D ont voulu se faire plaisir, et n’ont quasiment pas utilisé de matte painting.

Pour les plans de nuit, l’éclairage de la ville a été mis en place avec beaucoup de maps. On a évidemment aussi des lights, et le glow est géré au compositing.
Au final, le rendu tourne autour de 12-15 minutes par frame, pour les plans de ville. Ça reste raisonnable et avec les proxys V-Ray, ça tient.

 

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3DVF : Quelques mots sur le modèle de la voiture ?

Il a été fourni par le client mais nous avons dû faire beaucoup de suggestions/design, par exemple pour le drone, les enjoliveurs. Nous avons d’ailleurs imprimé ces derniers en 3D, de même que le siège et le volant, pour les interactions avec le comédien.
L’intérieur à lui aussi demandé beaucoup de travail. Il y a eu plusieurs versions. La validation a pris du temps, chaque détail devait être approuvé. A noter : on a rapidement compris qu’un modèle 3D était plus facile à faire valider par le client qu’un croquis, ils sont moins à l’aise avec le côté « non fini ».
De mon côté, j’ai notamment travaillé sur l’éclairage de la voiture, la gestion des feux. De manière générale, j’interviens durant la pré-production et en fin de projet.

Lors du tournage, nous avons utilisé une voiture réelle, mais ça a été complexe : le client n’avait pas envie de sacrifier une voiture… Il a tout de même fini par céder. Nous avons supprimé la carrosserie, ajouté des balles de ping-pong pour le tracking, au final il reste le chassis avec moteur et roues.
Pour les autres voitures du spot, nous avons utilisé des modèles futuristes déjà prêts, que nous avons modifiés pour notre besoin. Comme pour la végétation, le but était de ne pas perdre du temps sur certains détails, pour avancer sur le reste.

 

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3DVF : On a le sentiment que le projet a demandé beaucoup de pré-production…

Oui, il y a eu une très grosse phase de pré-prod, qui nous a d’ailleurs laissé moins de temps pour la production que ce que l’on aurait souhaité.
3DVF : Comment avez-vous géré les foules ?

Il s’agit d’un mélange de foule en 3D (nous utilisons Populate sous 3ds Max) et de personnes filmées sur place, sur fond vert.

3DVF : Le film comporte de nombreuses interfaces…

J’étais optimiste au départ, je pensais que ce serait rapide, mais finalement il a fallu beaucoup de temps. Notre DA a designé toutes les interfaces selon les inputs des réalisateurs.

 

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3DVF : Quelques mots sur le plan avec la maison et la pelouse ?

Nous n’arrivions pas à trouver de belle pelouse verte sur place, au final nous avons filmé un terrain de mini-golf !
On a rajouté la maison, le sol, des arbres.

3DVF : Vient ensuite un plan de nuit…

Beaucoup de travail ici : remplacement du mockup car par la voiture 3D, un effet de « scan », des effets de réalité augmenté…

Le tournage a été très éprouvant, nous manquions de sommeil, le lézard n’en faisait évidemment qu’à sa tête.

3DVF : Puis un plan de jour, en campagne et avec une traversée de rivière ?

Une fois de plus, une grosse masse de travail : intégration des éclaboussures, remplacement de la voiture. Le tournage n’a pas été de tout repos : l’eau était tout de même assez profonde, il y avait un risque d’endommager le mockup car. On avait d’ailleurs volontairement prévu ce plan à la fin du tournage.


Il fallait aussi que les enjoliveurs créés en impression 3D résistent aux secousses et à l’eau. Nous avions évidemment prévu des modèles de rechange.

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3DVF : La voiture génère ensuite un « bouclier » pour se protéger des rochers.

Ce sont de vraies pierres, on a filmé des chutes de cailloux en bloquant une route. Il faut savoir que les conditions de tournage là-bas sont un peu plus folkloriques qu’ici, il n’y a pas de véritable autorisation. Il faut ben sûr prendre toutes les précautions de sécurité et ensuite être prêt à discuter avec les policiers, si le cas se présente.

3DVF : Le plan final utilise des effets de lumière, comment avez-vous abordé cette scène ?

Le client souhaitait cet effet lumineux très coloré, très chargé. Lors du tournage, nous avons caché quelques spots pour créer des effets de flash et donc créer une cohérence avec la lumière des voitures ajoutées en post-production.

3DVF : Avez-vous fait appel à d’autres sociétés pour certaines parties du projet ?

Oui, nous avons travaillé avec Peanut des français basés sur Londres qui font un excellent travail. Nous leur avons envoyé 5-10 plans pour le tracking (les plus complexes et difficiles), ils nous renvoyaient des scènes 3ds Max propres avec un tracking parfait, c’est très agréable de travailler avec eux.

3DVF : Côté rendu, là encore du V-Ray ?

Oui, V-Ray 3.0. On est très satisfaits des améliorations apportées par Chaos Group dans cette version, le seul défaut est le nouveau mode « expert » : le nom fait peur, alors qu’au fond il s’agit du mode par défaut des versions précédentes. Et le nouveau mode par défaut est mal optimisé, le temps de calcul est lourd : ceux qui l’utilisent (donc les débutants ou ceux qui ne sont pas spécialistes) risquent donc de perdre du temps pour rien.

 

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3DVF : Des difficultés particulières lors du tournage ? Plus globalement, que retenez-vous du projet ?

Oui, par exemple avec les fonds verts : nous avions demandé des fonds précis, en spécifiant les modèles, or l’équipe n’a pas trouvé… Et ils sont arrivés avec des planches, des clous et du tissu vert. Résultat : des plis, un tissu mal adapté, et beaucoup de travail de roto ! Autre problème, certains ne savaient pas à quoi servaient le fond vert, et se mettaient devant, ou ne faisaient pas attention à le garder propre.
Pour les HDR également, le matériel n’était pas adapté.

C’est un projet très ambitieux pour nous, peu de temps, beaucoup de FX. Sur le plan financier, on ne s’y retrouve pas, nous voyons ça comme un investissement qui nous permet de démontrer nos capacités et d’accroitre encore notre notoriété en Chine.
Le manque de temps et la fatigue ont été très difficiles à gérer, d’autant que le client a beaucoup changé d’avis, demandé beaucoup plus de contenu que prévu, fait des retours sur tous les plans, y compris sur des détails comme des poignées de porte, des poils sur le bras d’un acteur…

Malheureusement, même en insistant sur la préviz, nous n’avons pas pu éviter ces modifications : ils ont beaucoup de mal à se projeter, le WIP les effraie et ils réagissent en demandant davantage de changements. Il y a donc une perte de temps liée à cette gestion.

Ceci étant dit, on a fini par réussir à pouvoir communiquer directement avec le client final et pas juste avec l’agence qui avait fait appel à nous : ça a permis d’avancer beaucoup plus vite ensuite.

Et, évidemment, les modifications incessantes pèsent sur le moral des artistes. On a néanmoins réussi à éviter les nuits blanches de travail, mais certains artistes sont venus le week-end.

Malgré toutes les difficultés, le projet reste une chance pour nous, ça fait une excellente carte de visite, en particulier pour le marché chinois.

 

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