3DVF – Steven, pour commencer, peux-tu nous parler un peu de ton parcours et de ta formation, et plus globalement de ce qui t’a mené à l’image numérique ?
Steven Dupuy : Tout a commencé pour moi il y a une quinzaine d’années à l’époque où Counter Strike était à la mode. Je faisais des animations flash, sites etc. pour ma team et c’est, je dirais, ce qui m’a amené à faire du graphisme. Un peu plus tard au cours de mes études je me suis orienté vers un DUT Services et Réseaux de Communication, pas vraiment de rapport comme ça, mais le destin à fait que je suis tombé sur un tuteur de fin d’année qui m’a parlé d’une école d’animation/effets spéciaux d’un de ses amis. Cette école s’appelait à l’époque l’EESA (aujourd’hui école Georges Méliès), j’ai rencontré le directeur (merci Francky), j’ai très vite accroché et c’était parti.
3DVF – Quel a été pour toi le déclic te poussant à vouloir travailler dans ce milieu ?
Steven Dupuy : Je pense que comme de nombreuses personnes de ma génération ce sont les films que j’ai pu voir dans ma jeunesse qui m’ont donné envie de faire ce métier. Les classiques tels que Jurassic Park, Retour vers le futur ainsi que les Disney m’avaient déjà un peu donné des idées.
3DVF – Quels ont été tes premiers outils de création ?
Steven Dupuy : À l’époque j’ai commencé à faire du graphisme avec Flash pour des animations en tout genre. Je me suis rapidement mis à 3dsmax et l’école que j’ai faite m’a formé sur maya.
3DVF – Comment as-tu fais tes premiers pas dans le monde du travail ?
Steven Dupuy : En fait, mon premier job a été character FX artist à Mac Guff sur Despicable Me. Je suis rentré grâce à Julien Badoil, un ancien de l’école. J’avais fait pas mal de cloth sur mon film de fin d’études et Benjamin Le Ster, le superviseur cloth/hair de l’époque, m’a donné une chance.
Merci à eux d’ailleurs !
3DVF – De quelle manière as-tu évolué au fil de tes expériences pour te spécialiser en VFX ? Etait-ce une direction que tu as toujours eu à l’esprit? Steven Dupuy : À la suite de Despicable Me j’ai enchaîné sur le Lorax en tant que Character FX TD (setup), mais j’avais également fait tous les FX sur mon film de fin d’études et je savais que c’était vraiment ce que je voulais faire. Je suis donc parti de MacGuff pour bosser dans les boites parisiennes en FX. J’ai atterri chez Mathematic, Microbe Studio ou Digital District pour ensuite revenir sur le Lorax, mais cette fois ci en tant que FX artist.
3DVF – Depuis, tu as fait le tour de pas mal de studios parisiens ; quelles sont pour toi les différences entre les VFX pour des projets courts (pub, cinématique…) ou longs ?
Steven Dupuy : Effectivement j’ai bossé dans pas mal de studios parisiens sur différents types de projets. La principale différence et la plus évidente c’est le temps imparti pour bosser tes effets. Sur un projet de cinématique (à Unit Image par exemple) où tu es prévu 1 mois, tu as forcément moins le temps de pousser un effet plutôt que sur un long métrage où tu es engagé pour 1 an. Après ça n’a pas forcement que des inconvénients, j’aurais même tendance à préférer ce type de projets (cinématiques ou pubs). Ça te force à être plus efficace, à trouver des nouvelles technos et puis tu as un résultat plus rapidement.
À part ça je dirais que tu as plus de responsabilités dans des petites structures, forcément il y a moins de monde donc tu es amené à toucher à plus de choses (lighting, compositing, etc..).
3DVF – Justement, un mot sur ton aventure chez Mac Guff Illumination et l’expérience d’un film à succès fabriqué en France ?
Steven Dupuy : Alala Mac Guff, longue histoire ! Écoute, j’ai eu la chance de bosser sur 4 longs métrages chez eux, c’est aussi ma première expérience dans le milieu. Je conseille vraiment d’avoir une expérience chez eux. Tu as la possibilité de bosser sur des projets qui cartonnent au box-office, avec un niveau de qualité qui n’a rien à envier aux plus gros studios américains et tout ça au coeur de Paris. Ce n’est quand même pas banal !
Steven Dupuy : J’ai commencé à l’époque où il n’y avait pas encore Illumination, on fabriquait Despicable Me, personne ne savait si ça allait marcher. L’ambiance était un peu différente, je dirais un peu plus cool, mais en même temps avec le calendrier qu’ils ont à respecter aujourd’hui c’est normal que ça évolue. Si je devais retenir un truc de là-bas, c’est vraiment les gens que j’ai pu rencontrer qui sont des potes aujourd’hui. L’équipe FX évidemment, mais également les équipes de modeling, rig, hair, etc..
En tout cas je pense qu’on peut vraiment les féliciter pour ce qu’ils ont accompli, c’est quand même une belle réussite française.
3DVF – Quelle expériences tires-tu des principaux projets sur lesquels tu as travaillé ?
Steven Dupuy : On bosse dans un milieu où tout doit aller très vite, on doit sortir des images toujours plus belles en toujours moins de temps. Je pense que mon expérience me permet de faire face à ce genre de situation. Trouver des solutions rapidement, aller à l’essentiel en étant le plus efficace possible tout en restant flexible en cas de retakes. Quand tu sors d’école tu as envie de ne pas décevoir donc tu fais tout pour sortir des belles choses, il faut juste essayer de ne pas se perdre au risque de ne rien sortir du tout.