Les Minions, rencontre avec Pyer Coffin

3DVF –  On retrouve aussi dans le film encore plus de références et de clichés que précédemment, que ce soit sur le plan visuel, mais musical aussi; peux-tu nous en dire plus là-dessus ?

Pyer Coffin : C’était principalement pour rajouter un deuxième degré, plus pour les adultes donc. Depuis que je suis parent, je suis obligé d’accompagner mes enfants à des films que parfois je n’ai pas envie d’aller voir. Je suis souvent scandalisé de voir qu’un film qui se veut familiale n’est en fait destiné qu’aux tout petits. J’essaie dans tout ce que je fais, de mettre une double lecture pour que tout le monde éprouve du plaisir, chacun à son niveau. Ce n’est pas forcément évident et des fois on se plante, mais au moins cette volonté y est…


3DVF – Grande-Bretagne oblige sans doute, le registre musical est très pop et rock’n’roll, ce qui n’est pas pour nous déplaire à la rédaction, et il y a aussi de nombreuses guitares et ukulélés, sans parler des clins d’œil à l’histoire du rock. Quelle était ta volonté la dessus ?

Pyer Coffin : Oui ! On a essayé d’utiliser des supers musiques qu’on ne s’attendrait pas forcément à entendre dans un film familial. C’est marrant d’entendre les Doors sans voir des hélicos tirer sur des gens pour une fois. Pour ce qui est du ukulélé c’est un clin d’œil à l’une de mes stores-boardeuses qui m’a fait découvrir l’instrument. C’est génial, et je le trouve tout à fait adapté aux minions. Et en plus, ça nous a donné un arc narratif pour Stuart. Quand on a commencé le projet, on savait qu’il nous fallait trouver une bande-son originale. Universal nous a aidés à trouver les bonnes musiques, et surtout à utiliser celles qu’on n’a pas l’habitude d’entendre dans les films de cette époque-là.

 

3DVF –  Les Monocs semblent être une minorité par rapport aux Binocs; est-ce une impression, ou y a-t-il une prédominance de certains gènes dans le génome Minions ?

Pyer Coffin : En fait, on préfère les monocs ici. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être ont-ils l’air plus bête ? Et peut être aussi un peu par sadisme de ma part envers les animateurs. Mais par contre, ce n’est pas toujours évident de donner des expressions faciales à des personnages qui n’ont qu’un seul oeil…

3DVF – Puisque l’on parle d’attributs, Bob à les yeux vairons et il est plus petit que ses congénères; comment s’expliquent ces différences ? 

Pyer Coffin : L’idée des yeux vairons est venue à la fin de Moi Moche 2, quand un copain m’a demandé si je ne pouvais pas faire un minon avec un œil vert et l’autre marron, comme sa copine ! J’ai dit non dans un premier temps, puis me suis ravisé quand j’ai réalisé que ça pouvait donner un truc plutôt mignon et subtil à Bob. Tout comme le ukulélé de Stuart, des éléments de la vraie vie, ont parfois fait leur chemin dans le film. 

 

3DVF –  Une petite question plus générale sur l’industrie de l’animation. Comment vois-tu l’évolution des l’industrie en France, quand on pense qu’il y a 10 ans nous avions encore du mal à fabriquer des films de cette envergure, restant loin des ténors que sont (qu’étaient?) Pixar ou Dreamworks ?

Pyer Coffin : Je pense que techniquement nous n’avons rien à envier à personne. On sait tous comment les films se font. Par contre, je me suis aperçu que le fond finalement, avait plus d’importance que la forme. Étonnant non ? Je trouve que c’est une évidence qu’on a un peu trop tendance à oublier en France. Je vois autour de moi dans d’autres studios, beaucoup d’argent se perdre au mauvais endroit.

Dans notre cas, cela nous donne la possibilité de chercher, de nous tromper, de recommencer, pour finalement faire un film avec des personnages attachants et une histoire crédible et bien racontée. Savoir bien gérer économiquement un projet est la clé de tout.

Il y a je trouve, un peu trop de films très jolis qui finalement ne touchent pas grand monde à cause de scripts trop élitistes. Ou d’autre très moches et sans histoire qui ne sont fait que pour flatter l’égo d’un producteur ou d’un comédien. Et, non, je ne citerai pas d’exemple… Je pense que l’industrie viendra à maturité quand certains producteurs comprendront vraiment ce que produire un film d’animation implique comme travail de leur part… Heureusement qu’il y a des gens comme Didier Brunner (Ernest et Célestine) et Philippe Bony (le dernier Astérix), pour rester optimiste.



3DVF – Pour terminer aurais-tu un petit mot à l’attention des lecteurs qui rêvent ou ambitionnent de travailler un jour dans un grand studio d’animation comme le vôtre, voire de devenir réalisateur ?

Pyer Coffin : Faites des courts !!!! Il n’y a plus d’excuses aujourd’hui, tout le monde peut en faire. L’obstacle technique n’existe presque plus. Si vous voulez raconter des histoires, vous le pouvez. Il faut juste surmonter sa flemme et travailler…

 

3DVF – Pyer, merci pour cette touche positive et encore un immense merci pour ton temps; on espère te retrouver très bientôt pour de nouvelles, belles et hilarantes aventures. Encore bravo aux équipes d’Illumination MacGuff pour ce nouveau film !!!

 

Pour en savoir plus sur Illumination Mac Guff, rendez-vous sur le site officiel du studio

Relire notre interview en compagnie de Pierre Coffin lors de la sortie de Despicable Me 2

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