Les Minions, rencontre avec Pyer Coffin

 

3DVF – D’ailleurs, pourquoi Bob est-il si mignon?

Pyer Coffin :  C’est probablement le plus minion des trois. Il nous fallait trouver une personnalité avec un gros pouvoir de séduction. Son caractère un peu plus enfant (pas enfantin), nous permettait d’atteindre ce but. Dans le détail graphique, sa petite taille, le fait qu’il porte un ours en peluche et qu’il ait les yeux vairons, nous a aidé par petite touche à le rendre adorable. Du moins on l’espère…

 



3DVF – On remarque la même chose avec Pucci, son petit rat. En tant que réalisateur, peux-tu nous parler de l’écriture et de la mise en place de personnages aussi attachants ? 



Pyer Coffin :  Pour Pucci, tout est venu d’une case de story-board dessiné par Marco Allard. Il avait dessiné un rat dans les égouts, dans le passage où les minions s’échappent de la chambre de torture de Scarlet et vont essayer de la retrouver pour se faire pardonner. Chris Meledandri nous a demandé d’en faire un peu plus avec ce personnage. Sa logique était que quitte à le modéliser autant en profiter un peu plus. C’est comme ça que cette bestiole secondaire est presque devenue un personnage à part entière.

 



3DVF –  On constate que le niveau visuel a grandement été amélioré depuis DM2. Peux-tu nous parler des améliorations côté rendu qui ont été apportés sur ce nouveau film ?

Pyer Coffin : Tout le mérite revient à Nicolas Brak. Il s’est occupé de mettre en place tout le rendu et le compositing du film. Ce Monsieur est un génie et fait avancer les choses visuellement à chaque film… Vu que celui-ci se passe en grande partie dans les années 60, je lui ai juste demandé d’en faire visuellement un film d’époque.

 


3DVF – Côté décors et environnements, là aussi, on dirait que la masse de travail est beaucoup plus importante que dans les 2 précédents films réunis. Comment s’est passé la fabrication de tous ces environnements ?


Pyer Coffin :  On voulait faire un film le plus riche possible. Les minions sont tellement simples visuellement qu’on pouvait se permettre de pousser les décors sans les perdre. De plus, et ça, c’est plutôt moi, je voulais une esthétique qui montre que le film ne soit pas un film que pour enfant. Le fait d’avoir du détail dans les décors et une esthétique générale poussée, me permettait de montrer aux gens qu’un film sur les minions (donc avec un fort à priori de film pour enfant) ne voulait pas pour autant dire un visuel pre-school et simpliste.

 




3DVF –  Au niveau de l’animation, vous semblez avoir encore monté d’un cran le niveau d’exigence. Sachant que c’est vraiment ton domaine de prédilection, peux-tu nous en dire plus sur ton travail de réalisateur sur cet aspect du projet ?

Pyer Coffin :  On s’est bien amusé avec Pierre Leduc et Bruno Dequier, mes deux directeurs d’animation. Nous n’avons rien laissé passer, quitte à mettre parfois tout le monde en retard. Notre credo était de trouver une idée (sinon plus) par plan. L’argent, dans ce genre de production, permet d’acheter du temps. Et le temps nous permet de chercher et d’imaginer ce que ni le script ni le story-board ne décrivent. C’est une partie hautement créative et très stressante, d’autant plus que, encore une fois, nous avions à traiter avec des personnages qui ne parlent pas une langue connue, donc il fallait trouver une gestuelle qui, liée avec une mélodie des mots, puisse raconter quelque chose de compréhensible…

 

 3DVF – Les Minions a été comme ses prédécesseurs réalisés en relief. Quelle a été l’influence de la stéréoscopie dans la réalisation du projet et que penses-tu du relief en général ?

Pyer Coffin : Je vais te répondre comme les dernières fois. Le relief n’apporte rien. Le procédé est bancal (strobes/tearing à gogo, projection à luminosité réduite dans les salles pour préserver la durée de vie des ampoules, ghosting si par malheur tu n’es pas assis au milieu de la salle, …). Bref. Ça permet de gonfler artificiellement les chiffres du box-office. Par contre, comme d’habitude, on s’est amusé sur le générique de fin (vraiment de fin cette fois-ci, après tous les noms), à pousser le relief franchement plus. Mais l’intérêt est encore une fois, plus dans la narration et le nombre de personnages à l’écran que dans l’exploit « relief ».


 


3DVF –  Dans ce nouveau film, tu fais encore de très nombreuses voix; le langage des Minions semble s’être énormément enrichi, et en prime tu chantes aussi beaucoup! Peux-tu nous raconter cet aspect de ton travail, qui va bien plus loin que ce que fait habituellement un réalisateur de film d’animation.

Pyer Coffin : Oui, en fait c’est presque un accident toutes ces voix que je fais. C’est même un peu trop. Ça m’a mis dans une position où je me suis retrouvé encore plus (trop) proche du film, et m’a peut-être fait perdre un peu de mon objectivité. Le langage s’est enrichi par défaut vu le nombre de minions à l’écran. J’ai du taper dans encore plus de langues.

Par contre cette fois cela avait vraiment un sens. Vu que les minions existent depuis la nuit des temps, et qu’ils ont servi différents maitres à travers le monde, il est logique qu’ils parlent un espèce de langage mondial. C’est marrant rétrospectivement de voir que mon manque d’imagination à la base (qui m’a poussé à introduire des mots étrangers) a finalement trouvé une certaine logique…

 

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